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BEIRUT STREET FESTIVAL - « Rubbish Heads » de la troupe Desperate Men La tête couronnée de… « zbélé »

On connaissait les Desperate Housewives (pour ceux qui vivent sur la planète Mars, il s’agit d’une série télévisée à grand succès). Voici les Desperate Men. « Aucun lien commun avec ces dames », s’esclaffe Jo Kesse, membre de la compagnie anglaise si bien nommée. « Pourtant, ajoute la jeune comédienne, je suis certaine que quelques jeunes hommes de la troupe aimeraient bien approcher ces fameuses Housewives. » C’est avec un humour typiquement british que la troupe a offert aux passants de la corniche de Aïn el-Mreïsseh et aux flâneurs du jardin de Sanayeh un spectacle aussi original que ludique. La troupe, installée dans le Bristol (sud-ouest de l’Angleterre), est spécialisée dans les performances de rue, que ce soit dans « des endroits publics ou dans les écoles, dans des bars ou sur une colline ». « Notre objectif est clairement défini : produire un théâtre comique original et accessible à tous », disent les trois comédiens venus à Beyrouth à l’invitation du Beirut Street Festival. Ils portent sur la tête des déchets, des objets de poubelle et de décharge. Les « Rubbish Heads » n’y vont pas par quatre chemins. Deux jeunes femmes et un homme arrivent sur un lieu. Y déchargent leurs bouteilles en plastique et cannettes d’aluminium. S’étalent eux-mêmes sur le sol, puis se mettent à collecter la « zbélé » qu’ils ont si joyeusement dispersée au sol. « C’est une réflexion sur la société de consommation », disent-ils. Sur cet excédent de liquidation, de soldes et de promotions spectaculaires qui entretiennent la spéculation et le fonctionnement absurde d’une création et d’une consommation fantômes. Humbles rejets de la vie quotidienne, déchets proliférant de la société industrielle, épaves en tout genre... Ces artistes positivent les valeurs ordinairement attribuées aux déchets, les prennent à rebours et parfois les subliment. À les voir, l’on ne peut s’empêcher de nous demander si nous ne sommes pas nous-mêmes mis au panier et rejetés par d’autres êtres humains (au Liban, par nos dirigeants en premier lieu). Nous devons – plus ou moins chaque jour – retrouver, ramasser et rassembler des fragments de nous-mêmes. On se rend compte que nos vies abondent en récupérations, en réemplois et en contaminations, en lambeaux, en fragments, en déchets, en « bruits ». Récupérer et conserver les déchets, essayer de les garder, de les faire survivre en les arrachant au vide, au néant, à la dissolution à laquelle ils sont destinés, vouloir laisser une empreinte, une trace, un indice pour ceux qui restent, impliquent une dimension psychologique qui est aussi politique. Rubbish signifie aussi cochonnerie, pacotille et sottises. Outre montrer que les déchets peuvent être source d’inspiration et que l’on peut s’exprimer avec « pas grand-chose », cette performance de rue nous renvoie à quelques-uns de nos politiciens qui, habillés de costards à l’instar des « performers », ne font que dire des bêtises et méritent une couronne de… détritus. Recyclez… Y’a rien à voir. Maya GHANDOUR HERT
On connaissait les Desperate Housewives (pour ceux qui vivent sur la planète Mars, il s’agit d’une série télévisée à grand succès). Voici les Desperate Men. « Aucun lien commun avec ces dames », s’esclaffe Jo Kesse, membre de la compagnie anglaise si bien nommée. « Pourtant, ajoute la jeune comédienne, je suis certaine que quelques jeunes hommes de la troupe aimeraient bien...