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HUMEUR À bon entendeur, salut ! Nahi LAHOUD

Vous pouvez me traiter de râleur, de ringard, de rancunier, de pessimiste, mais tant pis, c’est comme ça ! Être réaliste, ce n’est pas être pessimiste, au contraire, c’est voir les choses en clair. Pour ainsi dire, laissez-moi vous exposer les raisons qui me poussent à exprimer de tels sentiments. Après trente années de conflits, de déchirements, de gabegie, de temps perdu, de…, de…, de… (les trente glorieuses…), j’ai fini par me rendre à l’évidence. Au Liban, on tue les gens pour leur apprendre à vivre, on les passe à tabac pour leur interdire de fumer, on les déplume… à vol d’oiseau (on appelle ça, voler de leurs propres ailes, ou encore voler à leur secours). Au Liban, on a le droit de se regarder, mais pas de se voir. On a le droit de chercher la vérité, mais jamais de la découvrir. On peut facilement faire banqueroute, sans faire faillite. Au Liban, il est permis de se droguer, mais il est interdit d’halluciner. Au Liban, il est permis d’apprendre (à ses dépens), c’est « apprendre » ou à laisser. On peut avoir l’air débile, sans en avoir l’air, ou sans en avoir l’étoffe. Par contre, on doit être médiocre pour devenir célèbre. Si toutefois, cela ne vous gêne pas, on peut payer beaucoup de franchises pour mieux mentir. Au Liban, on peut se mettre à table en s’asseyant dessus. On peut aussi se cacher dessous, sans passer inaperçu. La nouvelle génération peut apprendre beaucoup de la précédente, à condition de n’être pas dégénérée. On peut également agresser son prochain, après avoir martyrisé son antérieur. On peut élire untel, sans pour autant voter pour lui. On peut violer la loi, en étant de bon aloi. Au Liban, on peut prier le Ciel, tout en damnant la terre. On peut également faire de la politique héréditaire. Elle est presque obligatoire : ainsi, dans une même famille, on peut trouver un président, un ministre, un député. C’est comme à la Trinité : le père, le fils et le simple… d’esprit ! Au Liban, on a l’esprit très saint ! On peut pleurer sans verser de larmes, on peut manger sans digérer, on peut brûler autant de pneus que de feux rouges. On peut accaparer le pouvoir, sans… pouvoir l’avoir. Au Liban, on n’a pas le droit de faire une faute de frappe, sinon on est menacé d’être molesté par une petite frappe. On peut camper au centre-ville, puis en décamper. On peut tabasser les gens sans les agresser. On peut sortir son flingue sans dégainer. On peut haïr quelqu’un sans le détester, mais on peut le délester de son bien sans lui faire du mal. On peut prononcer l’oraison funèbre de son ennemi avant qu’il soit mort. On peut peut-être entamer un dialogue, mais uniquement en monologue. On peut brailler en langage. Braille ! On peut deviner à l’avance qu’un député va être assassiné sine die. Au Liban, un diplomate peut sans égard jeter un regard sur nos affaires intérieures. On peut élire un président de défi… cit, ou élire un président totalement compromis. Un président rompu à toute épreuve ou corrompu (à preuve du contraire). Bref, au Liban, on peut tout faire, c’est ça la démocratie ! Certains sont convaincus que c’est plutôt de la pagaille créative. Là, je suis un peu sceptique, car je réprouve vigoureusement de telles monstruosités (grand bien me fasse). Dans ce cas, je peux affirmer (pharmaceutiquement) et en toute âme et conscience que je suis un antisceptique pour politiciens bactério-acariens. Dans la vie, me dit-on, il y a des hauts et des bas. Les hauts, il faut les mépriser, et, les bas, il faut les repriser. Ah ! J’oubliais, il paraît qu’il est encore permis d’entendre, mais strictement interdit de s’entendre. À bon entendeur, salut ! Nahi LAHOUD Producteur de théâtre Article paru le vendredi 16 novembre 2007
Vous pouvez me traiter de râleur, de ringard, de rancunier, de pessimiste, mais tant pis, c’est comme ça ! Être réaliste, ce n’est pas être pessimiste, au contraire, c’est voir les choses en clair. Pour ainsi dire, laissez-moi vous exposer les raisons qui me poussent à exprimer de tels sentiments. Après trente années de conflits, de déchirements, de gabegie, de temps perdu, de…,...