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Igor Moïsseïev, promoteur de la Russie avec ses ballets folkloriques

Le chorégraphe russe Igor Moïsseïev, mort à Moscou à 101 ans, a promu la Russie sous tous les régimes avec ses ballets folkloriques, tout en puisant dans des cultures plus lointaines. Le créateur des célèbres Ballets Moïsseïev, qui a succombé à une insuffisance cardiaque, « était un véritable patriote dont la troupe unique a conquis les meilleures scènes du monde » en s’inspirant « de la culture de peuples différents », a souligné le président Vladimir Poutine dans un message de condoléances à sa veuve et sa fille. Né à Kiev le 21 janvier 1906, Igor Moïsseïev aimait à raconter comment ses souvenirs d’enfance ont nourri ses créations, notamment sa découverte des fêtes foraines dans la région de Poltava, en Ukraine. La Première Guerre mondiale et la fermeture des frontières empêchent sa famille d’émigrer à Paris en 1915 et ils s’installent finalement à Moscou, où il suit des cours de danse au Bolchoï. Devenu danseur du Bolchoï, il crée en 1937 ses fameux ballets, qui symboliseront pour l’étranger la culture russe pendant plusieurs décennies. En 1945, les Ballets Moïsseïev se produisent en Finlande. Le public, marqué par la récente guerre russo-finlandaise, croise les bras en signe d’hostilité, mais finit par applaudir, raconte-t-il dans son autobiographie. Dix ans plus tard, à la reprise des liens culturels entre l’URSS et la France, Moïsseïev part en tournée avec « les Partisans », ballet créé en 1950 et représentant des cavaliers glissant dans leurs immenses capes noires. Après ce spectacle, les bottes et les chapeaux à la cosaque entrent dans la mode. En 1958, ses danseurs conquièrent les États-Unis, où la troupe retournera huit fois. Ce globe-trotter, toujours en quête d’éléments de folklore pour renouveler son inspiration, s’était plongé dans les danses des différents peuples de l’URSS, kalmouks, tatars ou ouzbeks. Il avait également profité de ses nombreuses tournées à l’étranger pour s’ouvrir à d’autres traditions. Il a ainsi fait danser ses élèves sur des airs de sirtaki (Suite grecque, 1990), de polka finlandaise (1992), ou encore de folklore argentin (Malamba, 1989). Il a formé dans son école à Moscou des générations de jeunes danseurs, qui y apprennent toujours aujourd’hui acrobatie, danse classique, mime et théâtre, en quête de la vitalité et de la précision des gestes qui font le succès des Ballets Moïsseïev. Le ministre russe de la Culture, Alexandre Sokolov, a rendu hommage au « créateur d’un genre où il a synthétisé la chorégraphie classique du Bolchoï et le tourbillon de la danse populaire ». Pour le chorégraphe Mikhaïl Lavrovski, « il a créé un petit théâtre qui a promu le grand art, une troupe qui a rendu la Russie célèbre ». « Igor Moïsseïev était tout pour nous, et que Dieu aide les chorégraphes actuels à faire au moins le dixième de ce qu’il a fait », a déclaré le danseur vedette du Bolchoï Nikolaï Tsiskaridzé. La critique de danse Tatiana Kouznetsova, une de ses anciennes danseuses, a de son côté écrit en janvier, à l’occasion d’un concert célébrant ses 101 ans, que le système qu’il avait construit s’était « avéré plus solide que l’État pour les besoins duquel il avait été créé ». « Égocentrique et dictateur, Moïsseïev n’a pas désigné de successeur, mais son art vivra sans lui », estime la critique, ajoutant que les jeunes « interprètent son répertoire vieux de 50 ans comme s’il avait été fait pour eux. » Igor Moïsseïev a été enterré au cimetière Novodevitchi, réservé aux personnalités russes, aux côtés notamment du musicien Mstislav Rostropovitch, décédé en avril dernier. Olga NEDBAEVA (AFP)
Le chorégraphe russe Igor Moïsseïev, mort à Moscou à 101 ans, a promu la Russie sous tous les régimes avec ses ballets folkloriques, tout en puisant dans des cultures plus lointaines.
Le créateur des célèbres Ballets Moïsseïev, qui a succombé à une insuffisance cardiaque, « était un véritable patriote dont la troupe unique a conquis les meilleures scènes du monde » en...