Conférence « Le rôle du droit dans la propagation des idées démocratiques » à la municipalité de Chiyah

Le professeur Bjarne Melkevik a donné une conférence sur le thème « Le rôle du droit dans la propagation des idées démocratiques », à la municipalité de Chiyah, sur invitation de l’Association libanaise de philosophie du droit. Dans une présentation du conférencier, Georges Saad, professeur à la faculté de droit de l’Université libanaise et membre du comité administratif de l’association, a indiqué que M. Melkevik est professeur à l’Université Laval au Québec où il enseigne la philosophie du droit, la recherche et la rédaction juridique, ainsi que l’épistémologie juridique. Il a de nombreuses publications et d’articles à son actif. M. Saad a aussi tenu à situer M. Melkevik par rapport aux deux principaux courants de la philosophie du droit, à savoir le positivisme et l’idéalisme. Le professeur serait positiviste mais moderniste, c’est-à-dire porteur d’un projet juridique moderne. Selon lui, le droit est avant tout un ensemble de textes qui doivent répondre aux besoins réels des hommes et des femmes, en chair et en os. « Le conférencier, a précisé M. Saad, fait partie de cette nouvelle catégorie de juristes qui veulent détrôner le droit, l’approcher des gens et l’utiliser comme moyen pour faire avancer les sociétés vers plus de démocratie et de liberté. » M. Melkevik s’est à son tour interrogé sur l’intitulé de la conférence. « N’est-il pas plutôt vrai que les juristes dans l’histoire se sont davantage rangés du côté du pouvoir pour propager des idées antidémocratiques ? La doctrine juridique ne recommande-t-elle pas aux juristes de ne pas se préoccuper de la question de la légitimité en droit ? Si tout cela était vrai, n’est-il pas plutôt une raison de plus, soutient Melkevik, pour reprendre le dossier et œuvrer pour une conception démocratique de droit ? » Dans une volonté de démontrer comment approcher la question de la légitimité, le professeur Melkevik a souligné que « les intelligences et les expériences de chacun d’entre nous, sans exception, doivent être le guide pour nos législations modernes ». Établissant un lien indispensable entre légitimité et légalité, Bjarne Melkevik a adressé une franche critique aux conceptions antidémocratiques du droit qui sont toujours légion ; en les accusant d’avoir « fait beaucoup de mal au droit ainsi qu’aux sociétés où elles ont été dominantes ». M. Melkevik a alors exhorté les professionnels du droit « à se transmuter en tribuns pour propager des idées démocratiques. Les démocrates doivent utiliser le système judiciaire pour sédimenter une culture solide, en fabriquant des couches, s’accumulant sur d’autres couches, afin de devenir le roc sur lequel échoueront les forces antidémocratiques ».