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Actualités - CHRONOLOGIE

D’éventuels affrontements au Liban « ne seraient pas dans l’intérêt de la Syrie », souligne le chef de la diplomatie française Kouchner : « Moallem m’a assuré que Damas ne s’ingère pas. Dois-je le croire ? Je l’espère » PARIS, d’Élie MASBOUNGI

La mission des deux conseillers du président français Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte et Claude Guéant, auprès du président syrien Bachar el-Assad constitue le cinquième message adressé par Paris au régime syrien. La teneur de ce message ? Aucune intervention, quelle qu’elle soit, ne sera tolérée au niveau de l’élection présidentielle, qui devra se dérouler dans le respect des délais constitutionnels et de la Constitution. C’est ce qu’a révélé hier le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, dans un entretien à bâtons rompus avec un groupe restreint de journalistes à l’Institut du monde arabe à Paris, après la cérémonie d’inauguration de l’exposition « La Méditerranée des Phéniciens ». « Toute ingérence extérieure devra cesser et en fait ne devrait jamais intervenir car il appartient aux seuls Libanais de choisir leur président selon le processus en vigueur », a dit en substance le chef de la diplomatie française. Il a par ailleurs estimé que la liste des candidats que le patriarche détient et les récents entretiens Hariri-Aoun à Paris constituent deux choses distinctes, mais qu’il faudra en définitive parvenir à dégager un ou deux noms à proposer à la Chambre pour qu’elle procède à l’élection du nouveau président de la République. Au sujet de la relation entre l’attitude de Damas vis-à-vis de l’élection présidentielle et l’avenir des relations franco-syriennes, M. Kouchner a indiqué que ce lien est élémentaire. « Si le processus démocratique est respecté (sans ingérence extérieure), les relations entre la Syrie et la France s’en ressentiront d’une manière positive, et nous rétablirons avec Damas des relations normales », a-t-il souligné. Tel est le message qui a été lancé pour la cinquième fois à Damas hier (dimanche dernier), le quatrième message ayant été adressé la veille à Istanbul, a noté le chef de la diplomatie française. En réponse à l’éventualité d’un marché avec Damas et au sujet des déclarations du ministre syrien des Affaires étrangères, M. Walid Moallem, sur la situation au Liban et l’attitude de Damas à cet égard, le chef du Quai d’Orsay a dit : « Nous n’avons pas conclu de marché. Nous avons rappelé l’élémentaire que M. Moallem a lui-même présenté en six points ; nous n’avons pas passé d’accord, nous avons dit (aux Syriens) : “Vous devez respecter et nous devons respecter l’élection, le vote, le lieu et sans intervenir”. Et cela, M. Moallem a assuré qu’il le faisait. Dois-je le croire ? Je l’espère. » Sur les éventuelles divergences dles attitudes française et américaine concernant le Liban, M. Kouchner a estimé que l’on ne pouvait pas aborder cette question sous cet angle, ajoutant que les États-Unis ont évolué et que cela est « très intéressant ». « C’est très intéressant de les faire évoluer. On n’est pas toujours d’accord avec les USA. Lorsqu’à Paris nous avons invité les 14 parties au dialogue national libanais et toutes les communautés – car la France ne préfère aucune des communautés par rapport à l’autre –, y compris le Hezbollah, les États-Unis ne voulaient pas traiter avec eux ou d’autres parties. Maintenant, petit à petit, nous arrivons à une position commune et, hier, à Istanbul, il y a eu une réunion avec diverses parties (que les USA ne voulaient pas rencontrer) », a-t-il poursuivi. Le ministre a ensuite déploré que son homologue syrien n’ait pas été présent à cette rencontre, mais il a estimé que M. Moallem était d’accord avec les représentants présents à Istanbul, c’est-à-dire l’Égypte, la Ligue arabe, la Jordanie, les EAU, l’Arabie saoudite, les USA et la France, des pays et des instances très intéressés par le Liban. Il a par ailleurs expliqué que le ministre syrien avait été invité à assister à la réunion mais qu’il ne s’y était pas rendu. Au sujet du texte adopté à Istanbul, le ministre l’a résumé en ces termes : « Le processus électoral traditionnel, selon la Constitution et les accords de Taëf, doit être respecté jusqu’au bout et (l’élection) se tenir à la bonne date. C’est-à-dire qu’il reste très peu de temps entre le 14 et le 23 novembre. » À un journaliste qui lui demandait si on le verrait prochainement à Beyrouth, M. Kouchner a répondu : « Vous ne trouvez pas que vous m’avez déjà beaucoup vu ? Oui, il est possible que vous me reverriez encore. La dernière fois, nous étions trois ministres des Affaires étrangères (France, Italie, Espagne) et je crois que c’était là une bonne façon de faire d’autant que nous avons pu visiter nos contingents respectifs de la Finul, ce qui reflétait l’intérêt que portent les peuples méditerranéens au Liban et que les peuples français, italien et espagnol tiennent à l’intégrité, l’indépendance et la souveraineté de ce pays, ainsi qu’à son unité qui doit se maintenir loin des ingérences extérieures. » Sur la possibilité d’une vacance présidentielle et d’un vide constitutionnel, le ministre a indiqué qu’il avait évoqué cette éventualité avec son homologue syrien et qu’il en avait souligné les dangers et le « caractère odieux », surtout au cas où il pourrait y avoir deux gouvernements libanais et deux présidents, avec la possibilité d’affrontements, qui « ne seraient d’ailleurs pas non plus dans l’intérêt de la Syrie ». Le chef du Quai d’Orsay a poursuivi en soulignant l’importance et l’intensité de l’action de la France au Liban, par le fait des contacts diplomatiques avec la Syrie, qui se font en évitant d’intervenir dans les affaires intérieures de chacun des deux pays. Il a expliqué qu’il n’appartient pas aux Français d’exprimer leurs préférences pour des candidats, mais que Paris souhaite un nouveau président choisi par les Libanais eux-mêmes, soit à partir de leurs concertations, soit sur base de la liste détenue par le patriarche Nasrallah Sfeir. Il a tenu à rappeler les liens historiques traditionnels entre la France et le Liban, affirmant notamment : « Le Liban, ce n’est pas chez nous mais… c’est nous. » Concernant la question du quorum requis et acceptable pour l’élection présidentielle, M. Kouchner a estimé que, dans une première phase, il faudra réunir une majorité de deux tiers et qu’ensuite, il faudra se mettre d’accord au niveau des Libanais. Il a enfin déploré le fait que des députés soient confinés à l’hôtel Phoenicia pour des raisons de sécurité, ajoutant que cela peut se comprendre, mais qu’il faut que les menaces cessent.
La mission des deux conseillers du président français Nicolas Sarkozy, Jean-David Lévitte et Claude Guéant, auprès du président syrien Bachar el-Assad constitue le cinquième message adressé par Paris au régime syrien. La teneur de ce message ? Aucune intervention, quelle qu’elle soit, ne sera tolérée au niveau de l’élection présidentielle, qui devra se dérouler dans le respect...