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En pleine Bretagne phénicienne ! Gabriel ENKIRI

Le thème (les Phéniciens en Bretagne) passionne. Il est certain que le colloque qui se tiendra dans le cadre de la semaine Bretagne-Liban prévue au printemps prochain n’attirera pas que des spécialistes ou des historiens, mais tous les amoureux de la Bretagne ! Il suffit de voir comment le public « accroche », émerveillé par l’aventure des Phéniciens le long des côtes bretonnes, il y a plus de 3 000 ans... L’écrivain Camille Busson peut se vanter d’avoir soulevé une immense interrogation au pays des Vénètes, de l’embouchure de la Loire jusqu’à l’île de Sein. Yves Coppens nous a fait rêver avec Lucy. Busson, lui, nous embarque, avec les Phéniciens, à la recherche d’une nouvelle Atlantide... À l’estuaire du Blavet et du Scorff, là où Colbert, pour le compte de Louis XIV, a fondé l’Orient en 1666 pour commercer avec l’Asie, les voiles des bateaux phéniciens sont apparues... deux ou trois millénaires plus tôt, entre Groix et Belle Île, en provenance de La Corogne, après avoir franchi le redoutable golfe de Gascogne. Ce passé-là ressuscite donc aujourd’hui grâce à Camille Busson, pourfendeur de l’océan en partance de Quiberon vers Carthage habité par un vieux père Blanc breton, qui lui a révélé l’itinéraire des formidables marins-marchands sur la route de l’étain, tel Marco Polo parti, lui bien plus tard, en sens inverse, à travers le continent sur « la route de la soie ». Ainsi, le grand marin carthaginois, Himilcon, remontant l’Atlantique en 550 av. J.-C., serait notre Marco Polo, ou un Jacques Cartier,... venu du Sud ! « Oui, nous dit un Lorientais qui connaît bien l’histoire de sa ville, la saga des Phéniciens le long de nos côtes redonne vie à l’arc atlantique... jusqu’en Méditerranée ! » Les noms fondateurs : « Vénètes », « Bretagne » et « Ker » Citons quelques extraits de l’ouvrage de Camille Busson : Essai impertinent sur l’histoire de la Bretagne méridionale : les hommes de Téviec dans l’ombre des Phéniciens, (éditions L’Harmattan, 2005). « ... On peut aller jusqu’à dire que le nom de “Vénètes” s’identifie à cette longue route de navigateurs-commerçants phéniciens... En d’autres termes, écrit dans la forme latinisée : “Vénètes” et prononcé “Fenece”, ce nom désignait les autochtones de Bretagne Sud, vivant aux côtés des colons phéniciens puis puniques installés le long du littoral. C’est ce nom que leur accorda César... » « ... L’histoire nous apprend que partant de Tyr et de Cadix pour s’approvisionner en étain, les navigateurs-commerçants phéniciens et carthaginois, après avoir traversé le golfe de Gascogne, atteignaient l’actuelle “Bretagne”, puis les îles britanniques et l’Irlande. Les hommes qu’ils découvraient en “Bretagne” étaient des autochtones descendants des “hommes de Téviec”, fondateurs d’un univers cosmogonique où la pierre était devenue objet de culte, où le Soleil et la Lune étaient placés au sommet de leur panthéon. Cela procurait un avantage cultuel indiscutable aux premiers arrivants phéniciens qui surent faire preuve de syncrétisme. Habiles commerçants, ces derniers sauront communier avec les autochtones dans leur culte du Soleil et de la Lune. Ils leur apporteront Baal pour incarner l’un, et Astarté/Tanit, la déesse mère, pour incarner l’autre (liée à la Terre, elle en assurait la fécondation)... Des chercheurs levantins, pour leur part, voient dans le nom “Bretagne” la juxtaposition de barra pour péninsule, promontoire ou sommet et tanna pour étain, l’ensemble donnant Barra-tanna écrit en alphabet consonantique breton et prononcé : “B’ratan” pour la “péninsule de l’étain”, ces terres vers lesquelles cinglaient les navires de Tyr puis de Carthage en quête d’étain... Les navigateurs phéniciens quitteront Cadix et mettront le cap sur la Barrat-Tanit qu’ils finiront par désigner dans leur “sabir” comme la B’ratanit et que Pythéas transcrira sous le nom de “Bretani” !... En conclusion, l’origine phénicienne du nom “Bretagne” est indiscutable et ne semble plus devoir être mise en doute. Un coup d’œil sur la carte Michelin révèle en Bretagne Sud la profusion des noms de villes et villages en “ker”. C’est tout à fait remarquable et plus encore, si on se livre à une comparaison avec la Bretagne Ñord qui apparaît comme le pays des “Plou”, c’est-à-dire des “paroisses primitives” en breton, il s’avère que le mot “ker”, provenant d’un protolangage dont l’origine serait associée au courant migratoire “cardial”, existait déjà bien avant l’arrivée des premiers émigrants des îles britanniques... En conséquence de quoi, “ker” ne serait en rien redevable à la langue celte et donc à la branche dite indo-européenne... C’est bien à l’intense activité commerciale des Phéniciens puis des Puniques que nous devons l’existence et la prolifération des noms en “ker” sur tout le littoral méridional de la Bretagne... Actuellement, on a pu recenser près de vingt mille “ker” dont plus des troisquarts en Bretagne Sud… » Gabriel ENKIRI blog : http://wwwkerlegan.blogspot.com Cette page (parution les premier et troisième lundis de chaque mois) est réalisée en collaboration avec l’Association RJLiban. E-mail : monde@rjliban.com – www.rjliban.com
Le thème (les Phéniciens en Bretagne) passionne. Il est certain que le colloque qui se tiendra dans le cadre de la semaine Bretagne-Liban prévue au printemps prochain n’attirera pas que des spécialistes ou des historiens, mais tous les amoureux de la Bretagne ! Il suffit de voir comment le public « accroche », émerveillé par l’aventure des Phéniciens le long des côtes bretonnes,...