Quel avenir pour Kobe Bryant ?

Kobe Bryant, l’un des plus grands joueurs de l’histoire, et les Los Angeles Lakers, où il évolue depuis 12 ans, abordent la saison NBA demain en n’ayant certainement jamais été aussi proche de la rupture. Aussi indissociable avec son maillot violet et or que Michael Jordan avec les Chicago Bulls, Bryant, 29 ans, est au cœur d’un psychodrame, qui correspond si bien au club, où chaque polémique et chaque déclaration prennent des allures hollywoodiennes, surtout quand il s’agit de Kobe. Ces derniers jours, la situation a atteint son paroxysme. Et la question se pose même de savoir si le spectaculaire basketteur appartiendra encore au club lorsque les Lakers accueilleront Houston mardi pour l’ouverture de la saison. Rappel des faits : en fin de saison dernière, l’arrière, fidèle aux Lakers depuis 1996 et vainqueur de trois titres de rang (2000 à 2002), manifeste ouvertement sa frustration après une saison décevante, close sur une élimination face aux Phoenix Suns au premier tour de la phase finale. Bryant exige des partenaires capables de satisfaire sa soif de gagner. Un paradoxe pour celui qui a la réputation de ne pas supporter l’ombre d’autres stars, et a même précipité le départ vers Miami de Shaquille O’Neal, présent lors des titres du début de la décennie. Au printemps, il est aussi piégé par un micro caché en train de critiquer un coéquipier (Andrew Bynum) et le propriétaire du club Jerry Buss. Ce dernier a pourtant cassé sa tirelire pour offrir au natif de Philadelphie un contrat de 88,6 millions de dollars (61,5 millions d’euros) dont 19 millions (13,2 millions d’euros) pour cette seule saison. L’été semble apaiser la situation, même si des bruits d’un possible départ de Los Angeles du meilleur marqueur de la NBA ces deux dernières saisons, à qui il reste quatre ans de contrat, parcourent le stage de l’équipe des États-Unis en préparation pour les JO 2008. Mais le feu repart en octobre. Présent au camp d’avant-saison à Hawaï, Jerry Buss souffle lui-même sur les braises, en affirmant qu’il considérera les offres d’échange qui lui parviendront. « Cela fait partie du jeu d’écouter quelqu’un (un club) qui a un joueur mécontent dont vous pensez qu’il peut vous apporter, affirme-t-il. On ne peut pas se permettre d’être trop loyaux. Il faut regarder cela comme un business. » Aussitôt les rumeurs partent, amplifiées par quelques absences du joueur aux entraînements. Et puis chacun tente de lui trouver une destination. Dallas est évoqué, mais l’Allemand Dirk Nowitzki, MVP de la saison dernière avec les Mavericks, et le propriétaire des Texans démentent. Dimanche, la chaîne de télévision sportive ESPN indique que les Los Angeles Lakers et les Chicago Bulls discutent quotidiennement. Selon le média, Luol Deng, Ben Gordon, Tyrus Thomas et même le Français Joakim Noah seraient en partance pour la Californie. Double obstacle à ce scénario : les Bulls n’ont pas l’intention de perdre autant de joueurs et Kobe Bryant ne serait pas intéressé par une équipe affaiblie par ces départs. Car contrairement à la plupart des joueurs, Bryant a aussi une clause dans son contrat qui lui permet de mettre son veto à un échange qu’il désapprouverait. En tout cas, l’incertitude commence à agacer l’entraîneur des Lakers Phil Jackson. « Apparemment, il (Bryant) ne met pas tout son cœur et son âme lorsqu’il est sur le parquet, a regretté Jackson samedi, reprochant à son joueur son manque d’engagement. Cela me fait un peu mal. À l’issue d’une conversation antérieure, j’avais pourtant cru comprendre qu’il allait travailler là-dessus et se mettre pleinement au travail. Actuellement, il a du mal à le faire. » « Ne vous inquiétez pas pour ça, a répondu Bryant aux journalistes. Je suis prêt à jouer. » Malgré un poignet qui l’a contraint à manquer le dernier match de présaison, vendredi, Bryant est certainement « prêt à jouer ». Mais la question est : « Où ? »