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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE L’extrémisme islamiste fait peur aux chrétiens de Gaza

Les chrétiens de Gaza sont dans l’émoi : secoués par l’assassinat d’une figure de leur petite communauté, ils craignent d’être visés par des groupes islamistes actifs depuis peu. Rami Ayyad, 31 ans, était le responsable de la seule librairie chrétienne du territoire. Membre de l’Église baptiste (protestants), il a été enlevé début octobre puis tué de deux balles dans la tête. Son corps portait des traces de torture. Depuis la prise de Gaza en juin par les islamistes du Hamas, les quelque 3 000 chrétiens, en grande majorité orthodoxes, sont sur la défensive. Ils disent toutefois ne pas craindre le Hamas lui-même, mais de petits groupes extrémistes qui sévissent à Gaza depuis moins de deux ans. Ces groupes ont ciblé des dizaines de cafés Internet, accusés de propager de la pornographie, des magasins de musique, et ont menacé des présentatrices non voilées de la télévision publique palestinienne. « Nous ne craignons pas le Hamas, car, en tant que gouvernement, ils sont responsables de la protection des citoyens, indique Ramzi, le frère de Rami Ayyad. Nous avons peur de ceux qui sont plus extrémistes que le Hamas. » La famille Ayyad affirme que Rami, dont la librairie avait été détruite par un attentat en avril, avait reçu des menaces répétées. « Trois mois avant d’être tué, un homme est venu à son bureau. Il lui a dit : “Que penses-tu de te convertir à l’islam ?” raconte sa mère. Rami lui a répondu : “Si toi tu te convertis au christianisme, je deviendrai musulman.” L’homme lui a alors dit qu’il savait comment le convertir, c’était une menace. » Malgré les promesses du Hamas de punir les meurtriers et ses propos rassurants, de plus en plus de chrétiens envisagent de fuir Gaza, où s’entassent dans la pauvreté 1,5 million d’habitants. « Les chrétiens sont isolés, tout comme le sont les musulmans. Comme eux, ils ont peur », souligne le père Manuel Moussallem, à la tête de la paroisse catholique de Gaza, soit à peine 200 personnes. Dans son église, en ce dimanche ensoleillé, cet ardent nationaliste appelle pourtant ses ouailles à ne pas quitter Gaza. « Rami n’est pas le premier martyr de l’Église et ne sera pas le dernier, lance-t-il à ses fidèles. Nous devons ouvrir nos cœurs et nos portes à ceux qui ont peur et veulent fuir Gaza. Et nous devons toujours nous souvenir du sacrifice du Christ sur la croix. » Dans la cour du YMCA (« Young Men’s Christian Association », association de jeunesse fondée au XIXe siècle par un pasteur britannique) de Gaza, la sérénité tranche avec la tension ambiante. Des vieillards passent le temps en jouant aux dominos, à l’ombre d’arbres de leur âge. Un chrétien de 81 ans, Moussa Saba, insiste sur les bonnes relations avec les musulmans. « Ici, il n’y a pas de discriminations entre chrétiens et musulmans », marmonne-t-il. Une voisine du quartier, Ban al-Hussein, étudiante musulmane, loue elle aussi l’entente entre communautés. « Il y a très peu de chrétiens à Gaza, mais ils vivent parmi nous. Ils vivent exactement comme nous, avec les mêmes coutumes, les mêmes habitudes », dit-elle. Le petit nombre de chrétiens n’empêche pas les querelles de clocher, orthodoxes et catholiques estimant que Rami a été exécuté non parce qu’il était chrétien, mais en raison du prosélytisme des baptistes. « Il existe différents groupes armés à Gaza, mais ils n’ont aucun intérêt à combattre les chrétiens. Ce qui s’est passé (avec Ayyad) est un cas exceptionnel, en raison de l’absurdité des baptistes », estime Moussa Saba. Mais Hanna Massad, pasteur de l’église baptiste de Gaza, affirme que l’Alliance biblique universelle, chargée de diffuser la bible dans le monde et à laquelle était affiliée la victime, s’occupe à Gaza d’œuvres caritatives. « À Gaza, si quelqu’un veut se procurer une bible, nous la lui fournirons. Mais nous ne forçons personne à l’acquérir et n’essayons pas de convertir », insiste-t-il. Joseph KRAUSS (AFP)
Les chrétiens de Gaza sont dans l’émoi : secoués par l’assassinat d’une figure de leur petite communauté, ils craignent d’être visés par des groupes islamistes actifs depuis peu.
Rami Ayyad, 31 ans, était le responsable de la seule librairie chrétienne du territoire. Membre de l’Église baptiste (protestants), il a été enlevé début octobre puis tué de deux balles dans la...