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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - L’OSNL sous la direction de Claire Levacher à l’église Saint-Joseph Les sortilèges de l’Espagne à travers l’esprit français

Pour la troisième fois, après le Grand Sérail et la Résidence des Pins, Claire Levacher dirige de main de maître, à l’église Saint-Joseph (USJ), remplie jusqu’aux derniers rangs, l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous sa houlette. Avec un programme « corsé » où l’esprit français fait revivre avec verve, fantaisie et brio, les sortilèges de l’Espagne, sa poésie, ses couleurs, ses jardins embaumés et féeriques. Au menu, conciliant en toute subtilité lyrisme ibérique et vivacité française, deux compositeurs seulement, Emmanuel Chabrier et Maurice Ravel, tous deux profondément inspirés des trésors du pays de Cervantès. Avec en prime, pour l’occasion, la présence d’une jeune soliste française au clavier, Marie Vermeulin. Ami de Zola, Verlaine, Manet et Renoir, Chabrier, ébloui par la musique de Wagner, va rencontrer pourtant le succès de sa vie avec une œuvre dédiée au pays de Lorca. En ouverture de ce concert qui aurait dû inaugurer le Salon du livre reporté à une date ultérieure pour des raisons que tous les libanais connaissent fort bien, Espana, une rhapsodie pour orchestre. Orchestration rutilante puisée du cœur du folklore andalou où se conjuguent les rythmes des jotas et la sensualité des malaguenas. Tableau sonore plein de vivacité et d’associations de timbres originales mêlant, en une soyeuse et vibrante harmonie, pittoresque, exubérance, fantaisie et un brin d’humour. Pour prendre le relais, le Concerto pour piano en G majeur de Ravel. Trois mouvements (allegramente, adagio assai et presto) pour traduire la narration tout en accords modernes après un surprenant claquement de fouet… Comme pour annoncer le voyage d’une calèche en terrain de rêve où l’imagination, la mélodie et les sons ont tous les pouvoirs… Pouvoir de ramener les souvenirs au-devant de la scène avec ces passages « gershwiniens » parfaitement jazzy comme un évident hommage (et clin d’œil) à celui qui signa la splendide Rhapsody in blue. Moment d’évasion absolue au piano avec cet adagio diaphane comme un rai de lumière. Notes tendres et opalescentes pour une douceur infinie comme les dernières images qui dansent sur des paupières lourdes de sommeil. Très vite, pour conclure, rythmes précipités et chromatismes accélérés (elles volent bien vite ici les touches du clavier !) pour marquer que Ravel a bien été du côté du pays de l’Oncle Sam et s’en est bien imbibé… Précision, sensibilité et belle prestation pour la jeune pianiste Marie Vermeulin qui gratifia le public, comme un prolongement à ce plaisir auditif, d’un bref mais éloquent Merle noir, aux tonalités tendrement luisantes d’un noir d’ébène… Un kaléidoscope d’images sonores Petit entracte et reprise avec les comptines de l’enfance où Ravel excelle d’ailleurs. Un joyau de son répertoire, d’une incroyable féerie sonore, Ma mère l’Oye. L’ombre de Perrault et de Madame le Prince de Beaumont plane sur ces pages bruissantes d’oiseaux, de forêts, de petits poucets, de princes charmants, de belles au bois dormant… Tout un kaléidoscope d’images en teintes douces (et quelques exotismes !) des premières innocences dans une ronde tout en finesse où la harpe a ses appels mystérieux, secrets et enchanteurs. Pour terminer, une des œuvres les plus populaires de Ravel, le célèbre Boléro. Pulsation à peine audible de la caisse comme un pouls qui s’éveille à la vie et graduellement, la musique, sensuelle, incantatoire, incandescente, entêtée, obsessionnelle, envoûtante, s’élève en volutes enflammées jusqu’au plus haut des nefs d’une église dont l’auditoire retient sa respiration. Pour mieux écouter cette musique brûlante comme une lave de volcan et qui enfle comme une descente aux enfers dans son rythme brusquement violent et accéléré. Une musique qui s’épanouit en grandes nappes sonores tel l’éventail d’un paon qui fait la roue… Explosion d’applaudissements aux dernières mesures et maestro Claire Levacher, à qui le Dr Walid Gholmieh a décerné le bouton d’or de l’OSNL « en appréciation pour ses grandes capacités musicales », salue une salle debout l’ovationnant à tout rompre. Deux rappels. Pour prolonger les sortilèges ibériques et garder plus longtemps ce parfum de contes merveilleux, quelques minutes encore de magie et de bonheur avec Le Jardin féerique. Sur un rythme de sarabande, se répand une atmosphère de poésie rêveuse avec des sonorités aériennes où les glissandos des cordes ont les frémissements imperceptibles de la caresse des anges… Edgar DAVIDIAN
Pour la troisième fois, après le Grand Sérail et la Résidence des Pins, Claire Levacher dirige de main de maître, à l’église Saint-Joseph (USJ), remplie jusqu’aux derniers rangs, l’Orchestre symphonique national libanais, placé sous sa houlette. Avec un programme « corsé » où l’esprit français fait revivre avec verve, fantaisie et brio, les sortilèges de l’Espagne, sa...