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Actualités - CHRONOLOGIE

Rétrospective Louise Bourgeois, l’exploratrice des formes, à Londres

Araignées, cages et masses hermaphrodites : une rétrospective Louise Bourgeois, qui s’est ouverte à la Tate Modern de Londres, offre une plongée dans l’œuvre multiforme et l’univers psychanalytique de la sculptrice franco-américaine de 95 ans. Avec plus de 200 œuvres présentées, « l’exposition nous emmène dans un voyage à travers les différents corpus de travaux » de l’artiste, qui a parcouru un chemin très personnel sans rejoindre de mouvement artistique, explique Frances Morris, l’une des commissaires de l’événement. La rétrospective met en lumière les recherches de Louise Bourgeois sur la relation entre corps et architecture avec ses « femmes-maisons », la sexualité et surtout ses souvenirs d’enfance. Née en France en 1911, Louise Bourgeois passe son enfance en région parisienne (Choisy-le-Roi, puis Antony). Les traumatismes familiaux – un père tyrannique qui impose la présence de sa maîtresse à la famille, une mère qui nie l’adultère – imprègnent profondément son œuvre. Maman, une araignée noire en bronze et acier haute de neuf mètres, exposée sur l’esplanade qui sépare le musée de la Tamise, offre une vision menaçante d’une mère fileuse – elle restaurait des tapisseries – et voulant contrôler ses enfants. The Destruction of the Father (La Destruction du père), une installation de 1974, montrant une rare violence envers un père tyrannique, est exposée pour la première fois en Grande-Bretagne. Elle suggère une tablée familiale dominée par la figure du père, qui se révolte et le dévore. Sous une lumière rougeoyante, on distingue sur une table des restes humains, comme après un festin anthropophage. Après des études d’art, avec Fernand Léger comme l’un de ses professeurs, Louise Bourgeois quitte la France pour s’installer à New York en 1938 après son mariage avec l’historien d’art Robert Goldwater. Tout en élevant trois enfants, elle construit une œuvre marquée par l’exploration sans relâche de nouvelles formes. Des dessins et tableaux réalisés à ses débuts, Louise Bourgeois s’essaye ensuite à des sculptures-totems, proches des œuvres de Brancusi et Max Ernst. Elle construit ensuite des sculptures-nids, cherchant à créer une protection, ou en spirale. Atteignant la cinquantaine, alors que l’heure est au minimalisme aux États-Unis, elle prend un chemin singulier en utilisant du latex et des matières synthétiques, pour modeler des sculptures à l’aspect organique, charnel voire sexuel. Fillette, une œuvre de 1968-1969, suggère des organes génitaux masculins suspendus au plafond comme un jambon. Elle taille aussi dans le marbre des excroissances hermaphrodites, s’implique dans le mouvement féministe et étudie la psychanalyse. En 1982, une rétrospective au Moma de New York, la première consacrée par ce musée à une artiste féminine, lui offre une première consécration quoique tardive. C’est aussi au début des années 1980 qu’elle s’installe dans un studio à Brooklyn. Cet espace soudainement disponible lui permet de réaliser des œuvres plus volumineuses, les « cells » ou « cellules » : des cages emplies d’objets, souvent de récupération, « qui racontent une histoire », explique Frances Morris. Dans les années 2000, elle crée des sculptures et des installations à base de tissu, renouant avec les tapisseries que ses parents restauraient. « Dans son extrême vieillesse, Louise Bourgeois retourne à l’activité de son enfance », souligne Frances Morris. Après avoir reçu en 1999 le Lion d’or pour l’ensemble de son œuvre à la Biennale d’art contemporain de Venise, où elle représentait les États-Unis, cette rétrospective à la Tate Modern de Londres jusqu’au 20 janvier 2008 vient confirmer la stature de la sculptrice. La rétrospective s’installera au printemps au Centre Georges Pompidou à Paris puis dans trois musées américains. Lucie GODEAU (AFP)
Araignées, cages et masses hermaphrodites : une rétrospective Louise Bourgeois, qui s’est ouverte à la Tate Modern de Londres, offre une plongée dans l’œuvre multiforme et l’univers psychanalytique de la sculptrice franco-américaine de 95 ans.
Avec plus de 200 œuvres présentées, « l’exposition nous emmène dans un voyage à travers les différents corpus de travaux » de...