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Actualités - CHRONOLOGIE

La situation - Confusion sur les raisons qui ont poussé à retarder la réunion Bkerké à l’écoute d’un Michel Aoun qui se présente comme « un projet d’entente » Fady NOUN

Le patriarche était à l’écoute. Une phrase qui peut résumer le climat qui a prévalu hier lors de la rencontre, à Bkerké, du général Michel Aoun et de M. Sleimane Frangié, avec l’état-major de crise de l’Église maronite, représentée par le patriarche Sfeir et ses cinq évêques auxiliaires, NN.SS. Roland Aboujaoudé, Chekrallah Harb, l’un des évêques maronites les plus « politiques », Samir Mazloum, Boulos Matar et Youssef Béchara. Sur le quiproquo, ou encore la confusion provoquée par le report de la réunion, prévue pour 10 heures, et finalement tenue à 19 heures, le mystère continuera à planer. C’est pour des raisons de sécurité que la réunion a été reportée, a-t-on avancé hier de source proche du Courant patriotique libre (CPL). C’est surtout le fait qu’une heure précise a été fixée à la rencontre qui semble avoir dérangé les responsables de la sécurité du chef du CPL. Deux d’entre eux se sont présentés, d’ailleurs, au siège patriarcal, pour les explications d’usage. Par ailleurs, des sources ont affirmé qu’il faut chercher les causes du report « du côté du Nord ». Le général Aoun a affirmé, à sa sortie de Bkerké, que le report était « convenu d’avance » et s’est plaint des explications tendancieuses qu’on a voulu lui donner. On ne s’explique pas, dans ce cas, la déconvenue de certains évêques présents à Bkerké, à la nouvelle du report. Jouaient-ils la comédie devant les représentants de la presse ? « On entre là dans des choses qui doivent rester dans le secret des négociations. Mais je peux vous assurer que personne ne jouait la comédie, ni de part ni d’autre », a répondu de façon elliptique une source ecclésiastique proche de la réunion. Cette énigme restera sans solution, à moins de penser que le patriarche et une partie seulement des évêques étaient au courant du report... En quittant Bkerké, dans la cohue des questions lancées de toutes parts, le général Aoun a visiblement voulu faire preuve de modération. Il a affirmé en particulier avoir trouvé, de la part du patriarche et des évêques, « une très grande compréhension ». Et d’ajouter : « Nous espérons pouvoir parvenir ensemble au minimum requis pour régler la crise. » Selon ses proches, le général Aoun a pu faire une rétrospective de tous les événements qui ont marqué ces deux dernières années, remontant pour cela jusqu’à son retour de France, en avril 2005. « Nous adressons à tous les Libanais un message d’espoir, a ajouté le député en quittant Bkerké. Nous sommes prêts à coopérer avec l’autre camp pour sortir le Liban de sa crise, en espérant que les autres feront preuve, comme nous, de la même liberté absolue de choix, libres de toute contrainte externe. » Le général Aoun a refusé de répondre à des journalistes qui cherchaient à le provoquer sur la poursuite de « l’occupation du centre-ville ». « Réglons la présidentielle, et toutes les autres questions suivront », a-t-il lancé. « Nous sommes condamnés à l’entente », a encore affirmé le chef du CPL, qui a refusé de voir dans les divergences politiques entre chrétiens de « profondes divisions ». « Il y a des chrétiens qui ont voté, il y a une majorité, une minorité, mais personne n’a la majorité nécessaire pour élire, par lui-même, un président. Nous sommes condamnés à l’entente », a-t-il affirmé. En cours de réunion, souligne-t-on, le général Aoun n’a pas hésité à se présenter comme « un projet d’entente ». Enfin, le général Aoun a affirmé que, pour assurer le suivi des deux rencontres que doivent avoir le patriarche et les évêques avec la majorité et l’opposition, il faut non pas élargir le cercle, mais le restreindre à quelques personnes. Pour sa part, M. Frangié n’a pas voulu faire de commentaire au sujet de la rencontre, encore que certains observateurs ont noté une certaine froideur dans l’accueil que lui a réservé le patriarche. M. Frangié a simplement fait remarquer que si la majorité aligne un certain nombre de personnalités, l’opposition peut en faire autant, et qu’une réunion élargie, sans être impossible, a besoin d’être préparée. M. Frangié a également indiqué que le sit-in du centre-ville « se poursuivra jusqu’à la fin de la crise ». De sources concordantes, on souligne que les noms des présidentiables n’ont pas été évoqués durant la réunion. Le patriarche Mais si le patriarche était à l’écoute, il n’en a pas moins parlé, et parlé très clairement, de la responsabilité collective assumée par les chrétiens dans l’éclatement de leur pays et l’effritement de leur pouvoir, au cas où un président n’est pas élu dans les délais constitutionnels, assure une source proche de la rencontre. Pour Bkerké, en effet, il est clair que la poursuite de la crise, même si les divergences sont légitimes, même si la majorité et l’opposition ont raison sur certains points, va désorienter les chrétiens du Liban et accentuer davantage encore un mouvement d’émigration par lassitude, sinon par désespoir. En fait, on n’exclut pas, à Bkerké, l’existence d’un complot insidieux visant à affaiblir la communauté maronite, et les chrétiens en général, et à vider le Liban de son élite en la poussant à désespérer de son pays. Selon ces sources, l’initiative du siège patriarcal maronite répond à une demande émanant du Vatican, comme à la pression de l’opinion publique chrétienne, qui n’aurait pas compris que Bkerké ne tente pas de jouer cette carte de la dernière chance, ce rôle de rassembleur que tout le monde souhaite lui voir jouer. Pour le patriarche, en effet, il n’y a pas de raison que les chrétiens ne fassent pas preuve de la même solidarité que celle dont ont su faire preuve les autres communautés, en s’entendant sur un président qui bénéficierait d’un soutien sans réserve de leur part. Par ailleurs, le patriarche se serait plaint de cette contradiction dans laquelle il est placé d’avoir à agir, à prendre des initiatives, tout en étant assuré que sa voix ne sera pas entendue, ni ses conseils suivis. Il aurait illustré ses propos, à ce sujet, par l’exemple du sit-in du centre-ville, à la levée duquel il a explicitement appelé. Ce matin, le patriarche recevra les chefs maronites appartenant à la majorité (Amine Gemayel, Samir Geagea, Dory Chamoun, qui n’en voulait pas, mais qui a changé d’avis, Carlos Eddé, Nassib Lahoud, Boutros Harb et Nayla Moawad), auxquels se joindra M. Fouad el-Saad, représentant à la fois les députés maronites de la Rencontre démocratique et du Courant du futur.
Le patriarche était à l’écoute. Une phrase qui peut résumer le climat qui a prévalu hier lors de la rencontre, à Bkerké, du général Michel Aoun et de M. Sleimane Frangié, avec l’état-major de crise de l’Église maronite, représentée par le patriarche Sfeir et ses cinq évêques auxiliaires, NN.SS. Roland Aboujaoudé, Chekrallah Harb, l’un des évêques maronites les plus...