Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

LA situation - Le 14 Mars dresse le bilan d’une semaine de concertations à Koraytem ; le chef du PSP à Washington après Hariri Un optimisme de rigueur bousculé par l’appel de Joumblatt Fady NOUN

L’optimisme continue d’être de rigueur. Le temps est arrivé où les présidents seront faits au Liban « et non plus importés du palais des Mouhajirine », a affirmé samedi le chef du Courant du futur, Saad Hariri, après une nouvelle rencontre de deux heures avec le président de la Chambre, Nabih Berry. Pourtant, le ton de son allié du 14 Mars, Walid Joumblatt, était autrement plus grave. Le chef du PSP a lancé hier un véritable SOS aux dirigeants du monde, leur demandant de sauver le Liban de la Syrie. Il rencontrera George Bush, le 14 octobre à Washington, à cette fin. L’optimisme de M. Hariri est-il de pure commande ? Entre le chef du Courant du futur et ses deux alliés, Walid Joumblatt et Samir Geagea, la différence est-elle dans la forme, plutôt que sur le fond ? Impossible à dire. Le ton de M. Hariri, malgré la souplesse dont il fait preuve, reste incisif, en particulier à l’égard du régime syrien. Mais là où M. Joumblatt semble ne pas se faire d’illusions, lui semble plus ouvert à la possibilité d’un progrès. En tout état de cause, les ténors du 14 Mars, réunis à Koraytem en soirée, ont fait hier le point des contacts multilatéraux engagés par le président de la Chambre, avec un certain nombre d’entre eux. Ces concertations surviennent à l’issue d’une semaine d’intenses tractations, principalement entre M. Berry et le chef du Courant du futur, considéré comme le « ventre mou » du 14 Mars, et à quelques jours du voyage qu’il doit effectuer à Washington pour y être reçu (jeudi) par Georges Bush. Les concertations semblent être prometteuses, si l’on en croit les déclarations. Ainsi, après avoir rencontré M. Berry à Koraytem, le chef du Courant du futur a reçu samedi après-midi l’ambassadeur d’Iran au Liban, Mohammad Reda Chibani, qui a qualifié de « très positif » son entretien. Il y a là peut-être des raisons d’espérer dont l’opinion n’est pas encore au courant. À l’optimisme affiché par M. Saad Hariri répond celui de M. Berry. Ce dernier semble se prévaloir de l’appui de la communauté internationale, en particulier de l’ombrelle France-Arabie saoudite-Iran. C’est en ce sens que certains ont interprété des conseils de « pragmatisme » reçus par le 14 Mars. Sur le plan des sondages indirects, relevons la visite effectuée à Moukhtara par Anouar el-Khalil. Ce dernier a pu tâter l’intransigeance de M. Joumblatt. « La réunion a été franche et claire », a indiqué M. Khalil en fin de journée, précisant qu’il n’a pas abordé, avec son interlocuteur, de noms de présiden-tiables, mais que M. Joumblatt lui a clairement affirmé qu’il ne votera pas en faveur d’un candidat qui n’appartiendrait pas au 14 Mars. Par ailleurs, M. Berry a reçu samedi le chef du Bloc parlementaire de Tripoli, M. Mohammad Safadi, que certains voient comme futur Premier ministre. M. Safadi a indiqué, à l’issue de la réunion : « Certes, les candidats du 14 Mars, Boutros Harb et Nassib Lahoud, sont d’excellents choix, mais nous espérons parvenir à un consensus sur un nom qui soit agréé par tous, tout en souhaitant que ce présidentiable porte l’un des deux noms cités. » Dans l’art de la circonlocution, on ne saurait faire mieux. Pour sa part, M. Samir Geagea a reçu l’ambassadeur des États-Unis, Jeffrey Feltman, qui a affirmé en substance que son gouvernement ne voudrait pas entrer dans le jeu des noms et que la seule ligne rouge qu’il pose c’est que les ingérences visant à imposer un président aux Libanais cessent. Les concertations engagées au lendemain du 25 septembre se heurtent cependant à certains obstacles. Ainsi, M. Ghattas Khoury a révélé hier que pour des considérations de préséance, semble-t-il, une réunion prévue entre M. Saad Hariri et le général Michel Aoun n’a pu se concrétiser et « ne semble pas devoir se réaliser de sitôt ». Par ailleurs, des divergences de fond sont apparues entre les membres du 14 Mars. Ainsi, M. Boutros Harb l’a affirmé clairement hier devant un parterre de partisans : la réunion du 25 septembre ne saurait être considérée comme une première session de la Chambre, qui justifierait que la seconde, celle du 23 octobre, soit assimilée à « un second tour » de scrutin où l’élection présidentielle serait possible à la majorité absolue. Pourtant, c’est ce qu’affirme sans détour M. Marwan Hamadé. Ces divergences existent aussi en face, puisque M. Michel Murr a laissé entendre, devant ses visiteurs, que la candidature du général Aoun pourrait « ouvrir la voie à une autre candidature », si nécessaire. Pour le député de Zahlé, Issam Araji (Bloc populaire), cette « autre candidature » qui serait, selon lui, la véritable candidature consensuelle, serait celle du député Robert Ghanem. Sur cette toile de fond de négociations, on parlait en week-end d’une reprise, avant la date-butoir du 23 octobre, des tournées régionales du secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, et de l’émissaire français, Jean-Claude Cousseran. C’est ce climat « positif » qu’est venu apparemment déranger le SOS de Walid Joumblatt. Le message du chef du PSP est double : il faut qu’il y ait une élection présidentielle dans les formes constitutionnelles d’abord, mais il ne faut pas élire n’importe quel président ; le futur chef de l’État doit être engagé à respecter les résolutions internationales, et notamment la résolution 1557 prévoyant l’instauration d’un tribunal international pour juger les assassins de Rafic Hariri. Mais le ton est celui de l’alarme. Les assassins, pour M. Joumblatt, et pour beaucoup d’autres, sont toujours en liberté. Comme le confirmeraient volontiers les séquestrés volontaires du Phoenicia.
L’optimisme continue d’être de rigueur. Le temps est arrivé où les présidents seront faits au Liban « et non plus importés du palais des Mouhajirine », a affirmé samedi le chef du Courant du futur, Saad Hariri, après une nouvelle rencontre de deux heures avec le président de la Chambre, Nabih Berry.
Pourtant, le ton de son allié du 14 Mars, Walid Joumblatt, était autrement...