Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

CINÉ-CONCERT - Ce soir, à 20h30 au Théâtre Tournesol, Tayyouneh Orchestre d’accompagnement pour « Metropolis » de Fritz Lang : comme au temps du muet...

C’est un film culte, de l’époque du muet. Un film expressionniste, au propos humaniste et aux images d’un esthétisme rare. J’ai nommé « Metropolis », le chef-d’œuvre de Fritz Lang, aujourd’hui inscrit au registre « Mémoire du monde de l’Unesco ». Un film d’anticipation, quasiment visionnaire mettant en scène une mégalopole scindée en deux. La partie haute où résident les riches maîtres et leurs enfants gâtés et la partie basse où besognent laborieusement les travailleurs, exploités, « robotisés », au point qu’ils finissent par se confondre avec les machines qu’ils manipulent. Sauf que cette cité inhumaine va se transformer en société idéale, par la grâce de l’amour qui va naître entre Maria, une esclave des bas quartiers et Freder, le fils du despotique Fredersen ! En dépit de sa fin simpliste, ce film datant de 1927 reste d’une incroyable modernité. Et pas uniquement pour ses « effets Schuftan » (procédé développé par le chef-opérateur, Eugen Schuefftan, qui permet d’associer, dans une même prise de vue, des décors réels et des maquettes), en somme les ancêtres des effets spéciaux. Il y a dans cette œuvre, outre une critique prémonitoire de la société nazie, une interpellation, toujours d’actualité, du spectateur autour du mode sociétal des grandes cités modernes, de leur industrialisation croissante, de leur expansion tentaculaire, de la «robotisation » de leurs habitants et leur répartition par catégorie... Inspiration beyrouthine Cette œuvre, qui a marqué des générations d’artistes et pas seulement des cinéastes (Ridley Scott a repris dans son film Blade Runner, le décor de la mégalopole de Lang et le compositeur Giorgo Moroder en racheta les droits en 1984 pour en faire une version « rock new wave » avec notamment des chansons de Bonnie Tyler et Freddie Mercury), continue d’inspirer aujourd’hui encore de multiples projets artistiques. Le dernier en date est celui du compositeur et pianiste français Jacques Cambra qui vient de lui créer une musique orchestrale originale qu’il jouera, pour la première – et dit-il : « unique » – fois, en accompagnement de la projection du film (version originale restaurée) avec cinq autres musiciens français, allemands et libanais, ce soir, à 20h30, au Théâtre Tournesol (boulevard Sami el-Solh, rond-point Tayyouneh, centre Kalot). Pourquoi Beyrouth ? Parce que l’idée de composer une partition à ce film lui est venue, il y a deux ans, alors qu’il se produisait dans le site des Thermes romains de Beyrouth, dans le cadre de la fête de la musique. Il donnait alors, avec sa troupe de musiciens, un ciné-concert (accompagnement musical « live » de films, comme cela se faisait à l’époque du cinéma muet), à ciel ouvert. Sauf que cet espace ouvert l’était aussi pour tous les bruits de la ville. Des bruissements, des sons particuliers à la capitale libanaise qu’il a associés mentalement à ceux d’une ville laborieuse et grouillante et par extension à leur description dans le Metropolis de Fritz Lang. Soirée « éphémère » Du coup, parrainé par le Goethe Institut et la Mission culturelle française au Liban, ce compositeur à la formation classique, qui a à son répertoire des accompagnements musicaux pour plus de 80 longs métrages et 300 courts métrages, s’est attelé à l’écriture (mais en privilégiant des espaces d’improvisation) d’une partition, « dans la mouvance du concerto grosso du XVIIIe siècle allié à des cadences éléctro très calibrées, lesquelles sont tirées notamment de l’enregistrement des bruits de la ville », indique-t-il. Une façon d’inscrire Beyrouth, l’inspiratrice, dans cette mouture sonore nouvelle, qui, comme l’espère Jacques Cambra, revivifiera le chef-d’œuvre de Fritz Lang et interpellera les nouvelles générations. Une soirée « éphémère », de 118 minutes, conseillée à tous les amoureux des troisième et septième arts. Les musiciens La partition musicale originale sera interprétée en direct par Jakob Kühnemann (contrebasse, Allemagne), Élie Noujeim (trompette, Liban), Michel Assaad (trombone, Liban), Olivier Armbruster (machines, France), Aidje Tafial (batterie, France), Jacques Cambra (piano, France). Une soirée unique qui a néanmoins nécessité une semaine de répétitions au Goethe Institut à Beyrouth. Zéna ZALZAL Entrée libre sur réservation, aux numéros suivants : 01-740058 (extension 31) ou au 01-420230.
C’est un film culte, de l’époque du muet. Un film expressionniste, au propos humaniste et aux images d’un esthétisme rare. J’ai nommé « Metropolis », le chef-d’œuvre de Fritz Lang, aujourd’hui inscrit au registre « Mémoire du monde de l’Unesco ».
Un film d’anticipation, quasiment visionnaire mettant en scène une mégalopole scindée en deux. La partie haute...