VIOLON D’INGRES Il a exposé ses toiles au Yarzé Country Club Joseph Khoury, un sportif à l’âme artiste

Joseph Khoury n’a jamais eu la prétention d’être un artiste. Mais toujours le désir et la sincérité d’essayer. Son métier et sa passion naturelle ont surtout été le sport, la natation, le volley-ball et le squash. La peinture s’est timidement révélée à lui. Ou est-ce lui qui était timide, avant d’oser plonger et s’immerger dans ce monde qui l’a fait rêver puis s’exprimer en douceur. Il a le teint brûlé par des années passées au soleil. Joseph Khoury est maître nageur au Yarzé Country Club depuis plus de vingt ans. Il est également entraîneur de natation et de squash. Lui-même sportif accompli depuis sa plus jeune enfance, ayant grandi parmi des frères professeurs de sport, l’expression physique s’est toujours faite naturellement. Plus étonnant, cependant, son penchant pour l’art et la lecture, des « activités intellectuelles qui nourrissent l’âme », précise-t-il. « Ces deux talents complémentaires se sont développés parallèlement dans ma jeunesse. À l’école, j’attendais les cours de dessin où j’excellais. Et je participais à de nombreux championnats en natation et en squash. Puis il a fallu choisir un métier… » Puis il a fallu gagner sa vie. « En même temps que mon travail au club, été comme hiver, je prenais des cours de peinture à l’Université libanaise. » Son diplôme obtenu, il le range provisoirement dans un tiroir, auprès de son envie de peindre et un savoir-faire encore balbutiant. « Je continuais toutefois à faire, professionnellement, de la calligraphie pour affiches. » Expositions collectives Il aura fallu 10 ans pour que l’envie le courage aussi de réveiller les pinceaux le reprennent. Pinceaux ou plutôt pastels, puisque Joseph va planter son chevalet dans la nature et se mettre à dessiner montagnes et bords de mer. Maisons anciennes, barques de pêcheur, jardins fleuris, le traditionnel paysage libanais va revivre à travers les couleurs chaudes d’un peintre encore prudent. « J’ai toujours été patient, contemplatif et calme. Mon but n’a jamais été d’exposer, mais de m’améliorer. » Pourtant… Après avoir participé à une exposition collective, après avoir montré son travail à des amis, membres et responsables du club qui ont été agréablement surpris, le maître nageur va tapisser les murs du club de ses toiles, dans le cadre d’un accrochage intitulé « Ombres à couleurs ». Encouragé, décidé à travailler encore plus pour améliorer son travail, il passe à l’aquarelle. « Une technique plus difficile, il est impossible de revenir sur un trait, une maladresse ou une erreur, souligne-t-il. Mais tellement plus intéressante, car elle permet de révéler la lumière, la transparence d’un paysage et l’émotion qui s’en dégage. » Durant deux ans, Joseph va sillonner le pays et en ramener des images de villages gelant sous la neige, d’arbres frissonnant au printemps et de plaines souriant en été. Le travail a pris de l’assurance et de la maturité. Le trait est plus sûr, la couleur mieux maîtrisée. L’artiste, car il en est un, peut fièrement exposer sa quarantaine de toiles baptisées « Entre-saisons » sur les lieux de son travail où il se sent chez lui, où il continue de surprendre ceux qui le côtoient dans la piscine ou sur un court de squash. Les encouragements aidant, il va, affirme-t-il, passer « à la vitesse supérieure ». « Je vais expérimenter le multimédia sur des toiles encore plus grandes et m’attaquer au sujet de la femme qui me fascine. » Joseph Khoury est un bel exemple de modestie et de persévérance. Il balaie ainsi un certain nombre d’idées reçues. Que fait un maître nageur en hiver ? se sont si souvent demandé les enfants. Il peint, aurait répondu La Fontaine… Carla HENOUD