Rechercher
Rechercher

Actualités

PEINTURE MURALE - Après avoir embelli Zahlé, elle s’attaque à Beyrouth Carole Chaker : un pinceau vert sur la ville...

Après Zahlé, Achrafieh ! Il y a deux ans, Carole Chaker, artiste peintre*, avait pris l’initiative de transformer un atroce mur d’enceinte en ciment qui défigurait le centre de Zahlé, sa ville natale, en une longue fresque en trompe-l’œil déroulant, sur quelque 514 mètres de long, des vues de jardins, de parcs, de portails anciens et de maisons traditionnelles lovées entre les vignes. Ennemie jurée du béton, la jeune femme ne supportait plus de voir ce gris informe et triste remplacer peu à peu les anciennes maisons à arcades et tuiles rouges qui bordaient, du temps de son enfance, les rives du Berdawni. Artiste dans l’âme, elle s’était fait le serment de mettre son talent, rehaussé d’une spécialisation en Italie en peinture et fresque murale, au service de l’embellissement de sa ville. Elle s’était donc lancée avec beaucoup de dynamisme et d’enthousiasme dans ce premier chantier, soutenue par la municipalité et trois sponsors. Son projet terminé – avec succès –, la jeune femme s’était juré de ne pas s’arrêter-là et de continuer à lutter contre l’invasion de la laideur, du laisser-aller et des murs lépreux, qui altèrent le paysage urbain et rural du pays. C’est ainsi que repérant, à Beyrouth cette fois, un large pan de mur décrépit jouxtant le bâtiment de la Banque Byblos sur l’avenue Charles Malek et se prolongeant tout le long de la rue de La Sagesse (jusqu’au tournant menant à l’avenue Mar Mitr), elle avait décidé de lui redonner des couleurs, de la vie et, surtout, surtout, un semblant de verdure. Car, à défaut de pouvoir fleurir la ville, ce qu’aurait adoré pouvoir faire cette esthète, amoureuse des plantes et de la nature, Carole Chaker va jouer de son pinceau en trompe-l’œil pour en donner l’illusion. Sauf que pour ce projet-là, la persévérante jeune femme a dû se battre. Les événements qui se sont succédé depuis 2005 ne favorisant aucune initiative, encore moins artistique, Carole Chaker s’est heurtée à quelques difficultés avant de pouvoir réaliser son dessein, notamment pour décrocher des sponsors. Le président de la municipalité de Beyrouth, Abdel-Meneem Ariss, lui ayant délivré le permis de débuter les travaux en janvier 2007, elle n’a pu s’y atteler que six mois plus tard après que Ksara et la Bank Med lui eurent offert leur soutien. Des détails conformes à l’environnement Après avoir fait nettoyer, par des peintres en bâtiment, les 800 mètres carrés de surface du mur en béton, en avoir ôté les restes d’affiches, comblé les brèches et unifié les fonds, elle s’est enfin hissée, en juin dernier, sur les échafaudages. Là, pinceau à la main, elle a en quelques mois, à raison de cinq heures de travail en moyenne, trois après-midi par semaine, presque entièrement reconverti la banale enceinte de béton en une immense composition paysagère. Des arbres, des arbustes, des bacs à plantes et à fleurs, ponctués, ça et là, d’un portail en fer forgé, d’une porte ancienne surmontée d’une arcade, d’une grille de jardin, etc, ont ainsi émergé au cours de ces derniers mois tout le long de l’avenue urbaine. L’artiste, qui a pris soin d’inscrire chaque détail « dans le prolongement naturel de l’environnement du mur », a, par conséquent, représenté un feuillage d’arbre juste en dessous des branches plongeantes d’un vrai arbre, une porte en fer devant un terre-plein, de faux bacs à fleurs en continuation de véritables plantes, des épis verts qui viennent étoffer des gerbes naturelles... « Dans certaines villes, comme Paris, on habille désormais les murs lépreux de magnifiques plantes grimpantes. On est malheureusement encore loin de là, regrette-t-elle. Alors autant donner une illusion de vert dans cet océan de béton urbain », signale la jeune femme rousse que les automobilistes et passants de l’avenue Charles Malek peuvent voir certains après-midi en train de mettre les dernières touches à son travail. Lequel devrait normalement être complètement terminé en octobre 2007. « Un projet qui sera suivi d’un autre », assure celle qui ne craint décidément pas d’enfoncer des murs ! Pour réaliser son rêve d’un pays plus beau... Zéna ZALZAL * Diplômée en arts plastiques de l’ALBA puis ayant suivi en Italie une formation de peinture iconographique et une autre de fresque murale, Carole Chaker a à son actif plusieurs expositions, dont des participations au Salon d’automne du musée Sursock en 1993 et 1995 ainsi qu’au Salon d’automne du Grand Palais à Paris en 1993.
Après Zahlé, Achrafieh ! Il y a deux ans, Carole Chaker, artiste peintre*, avait pris l’initiative de transformer un atroce mur d’enceinte en ciment qui défigurait le centre de Zahlé, sa ville natale, en une longue fresque en trompe-l’œil déroulant, sur quelque 514 mètres de long, des vues de jardins, de parcs, de portails anciens et de maisons traditionnelles lovées entre les...