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Le Coran pose la liberté de pensée et de conscience comme fondement L’apostasie en islam, entre la pratique et les textes

De l’Afghanistan à la Grande-Bretagne, en passant par l’Iran et l’Égypte, les condamnations et les menaces de mort fusent contre les musulmans qui rejettent l’islam. Toutefois, la répression et la violence que suscite l’apostasie ne sont nullement justifiées dans les textes coraniques qui posent la liberté de pensée et de conscience comme fondement de la religion musulmane. En 2006, le monde occidental découvrait, bouleversé, l’histoire d’Abdul Rahman, un Afghan de 41 ans, accusé d’apostasie, emprisonné par les autorités de son pays et menacé de mort. Aujourd’hui, il ne doit la vie et la liberté qu’aux gouvernements occidentaux qui ont fait pression sur Kaboul. Il vit désormais en Italie. La même année, un étudiant somalien de 22 ans qui s’est converti de l’islam à la foi chrétienne était abattu dans un quartier de Mogadiscio. L’apostasie n’est pas explicitement condamnée par la loi en Égypte, pays signataire de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Toutefois, les tentatives de musulmans de se convertir à une autre religion sont entravées par le refus de l’État de modifier les papiers d’identité où apparaît la religion. Ces conversions ont également mené, parfois, à des arrestations et à des placements en prison ou dans des asiles psychiatriques. Certains apostats font en outre l’objet d’intimidations et sont contraints de vivre dans la clandestinité ou de fuir leur pays. C’est le cas de Mohammad Hegazy qui a décidé, en août 2007, de porter plainte contre le ministère égyptien de l’Intérieur pour pouvoir changer son statut personnel. Créant son blog sur Internet et refusant de se taire, il vit désormais caché après avoir reçu plusieurs menaces de mort. C’est le cas également de Lina Joy, l’une des femmes les plus célèbres de Malaisie. Musulmane convertie au christianisme, elle se cache désormais vraisemblablement en Australie. Plus généralement, les apostats sont condamnés à mort en Arabie saoudite, en Iran, au Yémen, au Soudan, en Mauritanie et en Afghanistan. Le rejet de l’islam en Libye est sanctionné par la perte de la citoyenneté. Plus surprenant encore, certains exégètes musulmans sunnites considèrent comme apostats les musulmans qui se convertissent au chiisme. Alors qu’en Iran, plusieurs cas d’assassinats et des exécutions extrajudiciaires et sommaires visent les apostats, et plus particulièrement les bahaïs. Le cas le plus connu reste celui du pasteur Mehdi Dibaj, un ancien musulman qui avait passé neuf ans en prison avant d’être condamné à mort par pendaison. Libéré après de nombreuses interventions de l’étranger, il fut assassiné mystérieusement quelques mois plus tard. Les sanctions contre les apostats ne concernent pas uniquement les pays arabo-musulmans. L’Europe est également touchée, conséquence de l’impact de l’immigration. Le Timesonline a ainsi révélé en 2005 le cas de la famille d’un citoyen britannique d’origine pakistanaise converti au christianisme, terrorisée pendant des années par des menaces de mort et des dégradations matérielles de la part du voisinage dans un quartier du « Londonistan ». En Italie, plusieurs journaux et associations ont en outre signalé le cas de convertis ayant demandé de l’aide afin d’échapper au courroux de leurs parents ou de leur entourage. Or les réactions violentes de la société et les sanctions sévères des gouvernements face à l’apostasie ne découlent d’aucune prescription coranique. Il n’existe pas une définition claire du « kafer » dans le Coran. Ce mot peut désigner en fait l’apostat, l’hérétique ou l’athée. De plus, le Coran mentionne deux types d’apostasie en parlant de « ridda » – qui signifie le rejet ou la sécession – et de « irtidad » – qui veut dire : retour en arrière. Sur la dizaine de sourates qui évoquent l’apostasie (voir encadré), aucune ne mentionne une sanction pénale que devrait subir l’apostat, contrairement aux sanctions qui visent le voleur, l’adultérin ou le meurtrier. Seul le verset 106 de la Sourate les Abeilles parle de la « colère de Dieu » comme châtiment terrible et effrayant. La question de l’apostasie a toutefois toujours divisé la communauté musulmane. Alors que certains estiment qu’il n’y a aucun avantage à maintenir de force un non-croyant dans l’islam, d’autres veulent imposer plus de restrictions allant des peines de prison à la peine de mort. Or ce débat semble fausser l’esprit même du Coran qui, selon le Pr Jamal al-Banna, « fonde la foi et la croyance sur la conviction de l’individu et sur sa guidance sans contrainte ni pression extérieure, et sur la liberté de choix la plus totale ». En effet, les textes coraniques qui imposent la liberté de pensée sont nombreux. Tel le verset 29 de la sourate 18 intitulée la Caverne, al-Kahf, qui dit : « Quiconque le veut, qu’il croie, et quiconque le veut, qu’il mécroie. » Le Coran énonce en outre que les prophètes n’ont même pas à contraindre les gens à la foi : « Est-ce à toi de contraindre les gens à devenir croyants ? » (sourate 10 intitulée Jonas, Yunus, verset 99). Le Coran est donc très clair sur ce sujet, et montre qu’il est interdit de contraindre quelqu’un dans la religion : « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. » (sourate 2 intitulée la Vache, al-Baqarah, verset 256). Cette insistance à soutenir la liberté de conscience laisse à penser qu’il existe une règle d’or en islam qui interdit toute forme d’intervention de l’autorité sur la conscience de l’individu : « Tu ne diriges pas celui que tu aimes : mais c’est Dieu qui guide qui Il veut. » (sourate 28 intitulée le Récit, al-Qasas, verset 56). A. A.
De l’Afghanistan à la Grande-Bretagne, en passant par l’Iran et l’Égypte, les condamnations et les menaces de mort fusent contre les musulmans qui rejettent l’islam. Toutefois, la répression et la violence que suscite l’apostasie ne sont nullement justifiées dans les textes coraniques qui posent la liberté de pensée et de conscience comme fondement de la religion musulmane.
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