Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

EN LIBRAIRIE - « Le Deuxième Abécédaire de la dérision » de Ghassan Khoury (éditions Le Cherche Midi) Comme un rempart à la vie

Sébastien Japrisot : « La dérision en toutes choses est l’ultime défi au malheur. » Cette moquerie du monde, de la société et des hommes, Ghassan Khoury la connaît bien pour l’avoir souvent utilisée comme rempart contre les avatars de la vie. Après un Premier abécédaire de la dérision (éditions Le Cherche Midi) l’auteur reprend la plume et signe un second ouvrage du même nom. Préfacé par Jean Orizet et illustré par Piem, le Deuxième Abécédaire de la dérision est un bouquet d’expressions. Comme une boîte à chocolats où l’on pourrait piocher et y trouver différentes saveurs. Acidulées ou sucrées, elles ont néanmoins en commun cet arrière-goût de réalisme. Ghassan Khoury a pris sa plume pour croquer les hommes, ainsi que la société et ses retors. Traduisant son esprit caustique, les termes sont lapidaires et décalés. À feuilleter les pages, le lecteur perçoit cependant un autre état d’esprit que dans le premier ouvrage. Si le style est demeuré le même, un zest d’aigreur se dissimule entre les lignes. « C’est que l’ouvrage a été écrit à une période plus sombre et moins gaie », avoue Khoury qui ne cache pas son anxiété quant à l’évolution du monde. « Mais je demeure d’un tempérament gai et optimiste, poursuit-il, et c’est pourquoi je combats la grisaille avec une arme que l’esprit me procure. » Univers décalé Se jouer des mots et s’amuser à les travestir, voilà ce que l’auteur libanais s’est plu à faire. En compilant les dictionnaires et en retournant les sens des mots, il est parvenu à se créer son propre univers. Révisant à la loupe les grands thèmes de la société moderne, Khoury les passe aussi au scalpel. Les amoureux deviennent pour lui des « myopes au début, des presbytes par la suite ; l’adultère, un somnambulisme viril ; le contrat de divorce, un acte de renaissance. Quant à la chipie, ce serait une commère comme fille, et l’héroïne, une femme stupéfiante ». Si le lexique dénombre des jeux de mots, il est également agrémenté de pics et de flèches, comme cette censure qui devient « un régime amincissant des lignes, le coléreux aucun nerf sympathique et le raciste un attentionné qui remarque le monde entier ». Enfin, l’aspect grivois ne manque pas dans l’ouvrage. Le collagène devenant des fesses autour du nez, Pinocchio, un inventeur du viagra nasal et la pub, une insémination commerciale. Quant à la politique, elle aussi occupe une place de choix. Si importante soit-elle, elle demeure pour l’humoriste un sujet risible Ainsi, l’ultimatum ne serait qu’un « dialecte texan et l’ONU, une fabrique de mouchoirs avec mode d’emploi. » Comme les pages d’un livre, la vie pour Ghassan Khoury n’est que cette accumulation de moments dont il faut en rire puisqu’elle « n’existe en fin de compte que solidifiée par des mots et transformée en dérision ». Colette KHALAF
Sébastien Japrisot : « La dérision en toutes choses est l’ultime défi au malheur. » Cette moquerie du monde, de la société et des hommes, Ghassan Khoury la connaît bien pour l’avoir souvent utilisée comme rempart contre les avatars de la vie. Après un Premier abécédaire de la dérision (éditions Le Cherche Midi) l’auteur reprend la plume et signe un second...