CRÉATION - Elle mélange techniques, textures et couleurs Des poufs, coussins, plaids et couvre-lits... issus de la « Sennara » de Zahia Chahhal

De sa grand-mère, elle a hérité une aptitude innée aux travaux d’aiguilles ainsi qu’une... couverture ancienne qui se révélera une pièce maîtresse dans l’éclosion de son talent ! En effet, c’est en raccommodant cette couverture, qui avait pour elle une grande valeur sentimentale, que Zahia Chahhal a découvert ses capacités créatives et manuelles. « Cette couverture était largement usée par endroits mais, comme elle avait appartenu à ma grand-mère à laquelle j’étais très attachée, je ne voulais pas m’en séparer. Je me suis mise à la rapiécer avec des bouts de tissus, des fleurs que j’avais travaillées au crochet, une pièce en laine tricotée, une autre façon tissu matelassé, etc. Et ce mélange a donné un joli plaid en patchwork aux tonalités chaudes et harmonieuses, que j’ai reconverti en jetée de canapé », raconte-t-elle. Un résultat plus que satisfaisant, qui a attiré l’attention de la fille de Zahia Chahhal sur les potentialités de sa mère. Laquelle pourtant n’en était pas à son coup d’essai. « J’avais déjà cousu des coussins et tricoté de petites couvertures en laine. J’ai toujours aimé le travail manuel auquel j’ai été initié justement par ma grand-mère qui m’a appris la couture, le crochet, le tricot, le point de croix... », indique cette parfaite femme d’intérieur qui se destinait originellement à la médecine. Les aléas de la vie en ont cependant décidé autrement. « J’ai entamé mes études à l’Université américaine mais, à cause des événements, je n’ai pu les poursuivre. » Zahia Chahhal se marie, fonde une famille, élève ses enfants et, de temps en temps, met en application les différentes techniques manuelles que lui avait transmises sa grand-mère. « Mes enfants ayant grandi, je me suis retrouvée un peu désœuvrée et, pour meubler le temps, j’ai commencé à créer de petites choses pour mon salon, ou pour mes amies. Et comme j’aimais aussi la décoration, j’aidais des copines à aménager leurs maisons », raconte-t-elle. C’est donc pour que ce talent ne se perde pas que sa fille prend l’initiative de lui louer un stand lors d’une exposition de créateurs-artisans organisée à Saïfi il y a deux ans. « Elle m’a mise devant le fait accompli. Il fallait que je réalise de quoi remplir le stand. » En quelques jours, elle s’attelle à l’élaboration d’une série de fleurs en crochet – accessoires alors dans l’air du temps – qui se vendront comme des petits pains. Une expérience encourageante qui va la stimuler. De fil en aiguille (dans tous les sens du terme), Zahia Chahhal va ainsi élaborer une production assez variée de linge de maison et de petites pièces mobilières : coussins de différentes dimensions, poufs, couvre-lits, couvertures, jusqu’aux matelas aux formes, proportions, textures et alliages de matières inédits qu’elle présentera, avec toujours plus de succès, aux cours des différentes expositions d’artisans et de créateurs (Afkart à Verdun, à l’hippodrome, au Mzaar cet été). Des pièces entièrement conçues et cousues par elle, avec l’aide de menuisiers et de matelassiers pour celles qui le nécessitent. Sa marque de fabrique ? Les motifs ornementaux (spirales, cercles, fleurs...) qu’elle travaille au crochet ou au tricot pour les recoudre ensuite sur des coussins et des plaids. Parmi ses articles les plus réussis : des poufs de jardin en toile de jute repeinte en vert gazon et ornée de motifs au crochet ; des bandanas reconvertis en pouf « façon paquetage » ; des matelas orientaux relookés de couleurs pop acidulées et réactualisés en versions poufs – des poufs qu’elle traite aussi en caissons, à la fois siège volant et boîte de rangement – et s’amuse même à rebroder sur coussins les blagues de Abou el-Abed ! Patchwork de couleurs, d’étoffes et de techniques, les créations issues de la « Sennara » (label qu’elle s’est choisi) de Zahia Chahhal sont originales, singulières, parfois excentriques, mais toujours pleines de gaieté et de fantaisie. Zéna ZALZAL