À la veille d'élections qui s'annoncent pour le moins mouvementées, dans un contexte politique marqué par une bipolarité explosive, les médias libanais ne savent plus où donner de la tête. Ou, plutôt, ils en donnent un peu trop d'un côté ou de l'autre. Les journalistes indépendants sont toujours là et n'ont pas peur des mots, mais ils doivent s'exprimer dans des structures empreintes d'esprit partisan et de convictions préétablies. Rares sont en effet les journaux, les télévisions ou les radios qui ont les moyens de définir une ligne éditoriale indépendante ; comme ailleurs dans le monde, ils appartiennent à des sociétés dont les intérêts financiers - et politiques - prennent souvent le dessus sur la liberté de l'information. Ces influences sont d'autant plus visibles au Liban que les clivages politiques sont marqués.
Les journalistes doivent faire face à ces défis en même temps qu'ils affrontent la révolution des médias, avec l'avènement des chaînes d'information en continu et de l'information sur Internet. Les différents thèmes de la conférence organisée par la LADE avaient pour but de répondre aux problèmes posés par ce nouvel état des lieux : les participants ont ainsi pu exprimer leur avis sur des sujets comme le nouveau reportage d'investigation ou la séparation entre l'information et l'analyse. Il s'agissait non seulement de jeter les bases d'un « conseil indépendant de l'éthique des médias », mais surtout de préparer la couverture des élections prévues en juin. La LADE prépare ainsi, à plus grande échelle, un vaste programme de surveillance des législatives.