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Myanmar - Les tarifs du gazole et de l’essence ont été multipliés par deux, ceux du gaz par cinq L’opposition manifeste contre la hausse des prix des combustibles : treize dissidents interpellés

La junte militaire au pouvoir au Myanmar a procédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’arrestation de treize militants du mouvement des droits de l’homme, dans le cadre de mesures de dissuasion destinées à étouffer les protestations contre la hausse des prix des carburants et la chute du niveau de vie. La junte a aussi déployé sa police dans les rues de l’ancienne capitale ainsi que des camions chargés de membres de la redoutée Association de l’union pour le développement et la solidarité (USDA). Des dizaines de membres de l’USDA munis de balais et de pelles ont été aperçus dans le centre-ville, faisant mine d’être des balayeurs de rue. Les arrestations, fait inhabituel, sont annoncées dans tous les journaux birmans. Les dissidents sont accusés d’« agitation de nature à causer des troubles » et de « nuire à la stabilité et à la sécurité de la nation », délits passibles de vingt ans de prison. Les journaux, qui accusent aussi les dissidents d’avoir voulu s’emparer du pouvoir, dévoilent leur identité, confirmant les noms donnés à Reuters par des proches. Parmi eux figurent les dirigeants du soulèvement étudiant de 1988 écrasé dans le sang par les militaires. L’un d’eux, Min Ko Naing, qui a reçu en Europe, au Canada et aux États-Unis des prix pour son action en faveur de la défense des droits de l’homme, avait été relâché en novembre 2004 après avoir passé quinze ans en prison. Mais il a à nouveau été incarcéré pendant quatre mois en septembre dernier. « Les services de renseignements militaires et gouvernementaux ont saisi leurs maisons et les ont perquisitionnées » et ils ont saisi des documents et des téléphones mobiles, a déclaré un autre dissident, Htaye Kywe, dans un témoignage enregistré adressé par mail à Reuters par des groupes de Birmans exilés en Thaïlande. Craintes de tortures Les arrestations sont intervenues à quelques heures d’une manifestation prévue hier pour dénoncer la multiplication par deux du prix du gazole et de l’essence et par cinq des tarifs du gaz annoncée la semaine dernière. En dépit des mesures de sécurité, une centaine de personnes ont défilé pendant une heure dans un quartier nord avant d’être dispersées. Des témoins ont dit à Reuters que cinq femmes et un homme avaient été arrêtés. Htay Kywe a réussi à échapper à l’arrestation lors d’une intervention similaire des services de renseignements à son domicile de Yangon, et il se cache, a indiqué un groupe d’exilés. Une organisation basée aux États-Unis a dit craindre que les dissidents ne soient torturés. « Min Ko Naing et d’autres leaders arrêtés ont été durement torturés lors de précédentes incarcérations, et nous sommes profondément inquiets pour leur sort », a dit Aung Din, directeur de l’association américaine Campaign for Burma. Dimanche dernier, l’organisation de Min Ko Naing, le Groupe des étudiants de la génération 88, a rassemblé 400 personnes dans le centre de Yangon pour protester pacifiquement contre la hausse des prix des combustibles. Cependant, Min Ko Naing – pseudonyme signifiant « conquérant des rois » – n’était pas impliqué dans le projet de manifestation d’hier inspiré par Ko Htin Kyaw, un militant qui a déjà été arrêté à quatre reprises cette année. Première exportatrice mondiale de riz lorsqu’elle a accédé à l’indépendance, en 1948, l’ancienne Birmanie est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres d’Asie. On estime qu’elle compte 1 100 détenus politiques, dont la lauréate du prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, âgée de 62 ans et emprisonnée ou assignée à résidence au cours de la majeure partie des 17 dernières années.


La junte militaire au pouvoir au Myanmar a procédé dans la nuit de mardi à mercredi à l’arrestation de treize militants du mouvement des droits de l’homme, dans le cadre de mesures de dissuasion destinées à étouffer les protestations contre la hausse des prix des carburants et la chute du niveau de vie.

La junte a aussi déployé sa police dans les rues de l’ancienne capitale...