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Démographie L’appel de Poutine à repeupler la Russie entendu jusqu’à Arkhangelsk

Elena Maltseva, enceinte de son deuxième enfant, attend patiemment son tour pour passer une échographie à la maternité d’Arkhangelsk, ville du nord de la Russie. Comme de nombreuses Russes, elle a entendu l’appel de Vladimir Poutine à repeupler le pays. Lors de son discours à la nation de mai 2006, le président russe avait qualifié le déclin démographique de « problème le plus grave dans la Russie moderne », avec un recul de l’ordre de 700 000 naissances par an (pour une population totale de 142 millions de personnes). Depuis, dans ce pays, où la famille à enfant unique reste la norme, des mesures natalistes ont été annoncées, notamment le versement d’une allocation de 250 000 roubles (plus de 7 000 euros) pour la naissance d’un deuxième enfant, bloquée sur un compte jusqu’à son troisième anniversaire. « Cette aide n’a pas été décisive dans notre décision d’avoir un deuxième bébé bien sûr, mais ça a joué », explique Mme Maltseva, 30 ans, employée d’un sanatorium pour enfants. L’État a également débloqué un budget important pour améliorer l’état des hôpitaux et notamment des maternités, dans le cadre de « projets nationaux ». À la maternité municipale d’Arkhangelsk, ville de province assoupie qui vit essentiellement de l’exploitation des immenses forêts de la région, les premières retombées de ces projets se font sentir. Mme Maltseva a accouché de son premier enfant dans cette même maternité il y a tout juste dix ans, en pleine crise de sous-financement du secteur public en Russie. Depuis, grâce à ces « projets nationaux », le directeur de la maternité Vladimir Iakouchine a pu renouveler son vieux matériel soviétique, notamment d’échographie. De nouveaux lits pour les salles d’accouchement, désormais individuelles et non plus collectives comme à l’époque soviétique, ont pu être achetés. Une unité flambant neuve de néonatologie, équipée de couveuses de fabrication occidentale, a été installée. « Depuis que nous les avons, nous pouvons sauver les enfants de moins d’un kilogramme », se félicite le praticien. Pour chaque accouchement réalisé, la maternité d’Arkhangelsk touche 6 000 roubles (plus de 170 euros) de l’État, comme partout ailleurs dans le pays, toujours dans le cadre des mesures natalistes. Soit un budget qui s’est élevé à 13 millions de roubles (371 000 euros) en 2006 pour cette maternité de 60 lits, qui réalise en moyenne 2 400 accouchements par an. Rien que sur les six premiers mois de l’année, 1 790 enfants y sont nés. Une hausse qui dépasse les chiffres nationaux, avec une augmentation générale de 6 % sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de 2006, cependant encore insuffisante pour enrayer le déclin démographique. Le professeur Iakouchine a aussi pu augmenter de 30 % le salaire de ses 480 employés, dont 68 médecins. Un médecin débutant y touche ainsi un salaire de l’ordre de 10 000 roubles (285 euros). Andreï Labanov, chef du service de néonatologie, arrive au double, grâce à ses heures de garde. L’infirmière Galina Zilensova, qui à ses heures perdues tricote des chaussons de laine pour les prématurés du service, ne touche que 10 000 roubles après plus de vingt ans de métier. « Bien sûr ce sont des salaires minuscules par rapport à ceux des médecins occidentaux », reconnaît le chef de cet établissement. Mais ici, toutes les femmes interrogées ont assuré être suivies gratuitement et ne payer aucun pot-de-vin, une pratique largement répandue dans les hôpitaux russes, notamment à Moscou.
Elena Maltseva, enceinte de son deuxième enfant, attend patiemment son tour pour passer une échographie à la maternité d’Arkhangelsk, ville du nord de la Russie. Comme de nombreuses Russes, elle a entendu l’appel de Vladimir Poutine à repeupler le pays.
Lors de son discours à la nation de mai 2006, le président russe avait qualifié le déclin démographique de...