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Les réformes, plus que les armes, principales garantes de la stabilité au P-O Rania MASSOUD

L’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn, le Qatar et Oman sont, aux yeux de l’Administration Bush, des pays arabes « modérés ». Pour les soutenir face à l’influence grandissante de l’Iran, de la Syrie, d’el-Qaëda et du Hezbollah dans la région, les États-Unis vont signer avec leurs alliés arabes et, bien sûr, israélien, d’énormes contrats d’armements et d’assistance militaire estimés à plusieurs milliards de dollars. « Cette mesure permettra de soutenir les partisans de la modération » dans la région, assure la secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice. Le terme « modéré » désigne tout partisan d’une politique éloignée des solutions extrêmes. Sur la forme, du moins, Ryad, Le Caire, Abou Dhabi, Koweït, Bahreïn, Doha et Mascate s’affichent comme des partisans de la modération. Leurs politiques étrangères évitent, en général, la provocation, contrairement à celle adoptée par l’Iran face à Israël, par exemple. Le président Mahmoud Ahmadinejad a, rappelons-le, menacé de « rayer » l’État hébreu de la carte. Sur la scène internationale, et plus particulièrement arabe, l’Arabie saoudite joue un rôle diplomatique très important. L’initiative arabe pour relancer le processus de paix au Proche-Orient est avant tout d’inspiration saoudienne. Par ailleurs, c’est à La Mecque que les dirigeants du Fateh et du Hamas se sont engagés à former un gouvernement d’union nationale, après plusieurs jours d’affrontements meurtriers dans les territoires palestiniens. Même si cet accord a plus tard échoué, la médiation de Ryad a été applaudie par la communauté internationale. L’Égypte est également considérée comme un acteur-clé dans la région. Il y a quelques semaines encore, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Ahmad Aboul-Gheit, s’est rendu avec son homologue jordanien en Israël pour la relance du processus de la paix. C’est également à Charm el-Cheikh que le Premier ministre israélien Ehud Olmert s’est engagé envers le président palestinien Mahmoud Abbas à libérer 250 prisonniers du Fateh en signe de bonne volonté. Concernant les autres monarchies du Golfe, que Washington entend armer, elles abritent des bases militaires américaines stratégiques. Le Koweït est d’ailleurs la plus importante base arrière pour les troupes américaines en Irak. Toutefois, la plupart de ces pays arabes, alliés des États-Unis, sont, sur le plan interne, loin d’être considérés comme « modérés ». Les critères centraux de toute démocratie, tels le respect des droits de l’homme ou encore l’égalité entre les sexes, sont quasi inexistants que ce soit en Arabie saoudite ou en Égypte. Pis encore, la plupart de ces pays sont des terrains fertiles pour l’expansion de l’islam radical, véritable source d’instabilité dans la région et le monde. La majorité des auteurs des attentats du 11-Septembre étaient, ne l’oublions pas, originaires d’Arabie saoudite. Oussama Ben Laden est lui-même de nationalité saoudienne. En Égypte, l’islamisme radical gagne également de plus en plus de terrain avec l’ascension des Frères musulmans sur le plan social et politique. Ce mouvement islamiste, principal groupe d’opposition en Égypte, dispose d’un cinquième des sièges du Parlement, avec 88 députés élus sous l’étiquette d’indépendants. Embourbé dans sa guerre contre le terrorisme et sa confrontation avec « l’axe du mal », Washington soutient des régimes dits « modérés » mais dont la pratique de la démocratie est pour le moins contestable. Plus qu’une assistance militaire, la région a avant tout besoin d’une assistance sociale, économique et politique. Au Proche-Orient, où les tensions politiques, idéologiques et confessionnelles sont très vives, il est plus que jamais nécessaire d’appliquer les réformes et de promouvoir la démocratie, l’État de droit et les droits de l’homme, qui sont les seuls véritables garants d’un développement durable et d’un recul de l’extrémisme.
L’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, le Koweït, Bahreïn, le Qatar et Oman sont, aux yeux de l’Administration Bush, des pays arabes « modérés ». Pour les soutenir face à l’influence grandissante de l’Iran, de la Syrie, d’el-Qaëda et du Hezbollah dans la région, les États-Unis vont signer avec leurs alliés arabes et, bien sûr, israélien, d’énormes...