Lebanon United, lorsque l’union fait la différence

Hyde Park, le 20 août 2006. Une quinzaine de jeunes, assis à même le gazon, semblent engagés dans une discussion enflammée. Dans la douceur de l’après-midi londonien, ils cherchent un moyen d’aider le Liban mis à feu et à sang depuis près d’une semaine. Non, ils ne veulent pas faire comme si de rien n’était. Surtout pas. Se révolter ? C’est bien, mais il faut agir. Mus autant par le sens du devoir que par la fibre humanitaire, ils sont déterminés à canaliser leur énergie et leur volonté dans la bonne direction. Au bout de deux heures de brainstorming, la décision est unanime : former un groupe intitulé Lebanon United qui viendrait en aide aux déplacés et aux victimes de la guerre. Tarek Sadi (conseiller en fusions et acquisitions), Mona Wehbé (présidente d’une association caritative) et Dyana Najdi (consultante en management) en sont les trois piliers. « Bien que formé après la guerre des 33 jours, la véritable genèse du groupe remonte à la période qui se situe entre la fin de la guerre civile et juillet 2006. C’est durant ce temps-là que la plupart des 20 membres de Lebanon United, qui sont nés à l’étranger ou qui ont émigré très jeunes, ont appris à connaître et aimer leur pays d’origine », estime Tarek Sadi. « Par la suite, se sont joints au groupe les Libanais étudiant à Londres ou d’autres fraîchement rescapés de la guerre », indique-t-il. Après la réunion de Hyde Park, tout va très vite. Une semaine plus tard, le website voit le jour. Des dizaines de e-mails sont envoyés, appelant à une chaîne de solidarité. Et le groupe organisait son premier événement caritatif : un match de football ! Avec cet événement sportif, ils ont touché le but. « Eh oui, le succès de cette manifestation nous a fait comprendre que pour transcender les divisions entre les Libanais, il fallait les réunir autour d’un ballon ou d’un concert, ou encore une bonne tablée. » Il fallait aussi avoir une bonne compréhension et évaluation de la situation sur le terrain. Pour cela, Lebanon United a commencé à tisser des liens avec des ONG locales. « Et là, nous avons réalisé que pour avoir un impact à long terme, il fallait allouer des sommes à des projets éducatifs (civiques et académiques) et durables (économiquement et socialement) autant qu’humanitaires. » Deux semaines après sa naissance, Lebanon United envoyait sa première récolte : 20 000 pounds sous la forme de donations allouées directement à des associations humanitaires opérant au Liban. Parmi les manifestations organisées : randonnées, marathon, soirées à thèmes (musique irlandaise, poker, halloween), design de tee-shirts à messages… Il y a eu également un concert de musique classique avec le flûtiste Wissam Boustany, la compositrice Bouchra el-Turk, Davod Azad, le Orion Symphony Orchestra dirigé par Toby Purser. « Aujourd’hui, nous avons 1 250 adresses sur notre liste de contact », annoncent fièrement les membres de Lebanon United. Ils ont aidé au financement de projets (relatifs à l’eau ou au chauffage, ou encore des centres éducatifs pour enfants) entrepris par International Medical Corps ou Aid Lebanon (centre d’activités pour les jeunes). Parmi les plus grands projets en cours de financement, avec International Medical Corps, une clinique municipale à Ghandourieh, pour remplacer celle qui a été complètement détruite durant l’offensive israélienne. Il s’agit en effet de la seule clinique à but non lucratif de la région et qui propose ses services à 12 000 habitants des villages avoisinants. Il y a également le projet Lens on Lebanon, qui permet aux victimes de la guerre des 33 jours de raconter leur histoire à travers des films ou des photos. Ou encore des projets pour favoriser le dialogue entre les jeunes et aider l’orphelinat de Marjeyoun à devenir autosuffisant. Lebanon United voudrait également participer au Brave Heart Fund de l’AUB, qui finance les opérations des enfants souffrant de maladies cardiaques congénitales. Et planifie, en septembre 2007, d’escalader le mont Kilimandjaro ! Lebanon United pourrait également s’intituler From London with Love. M.G.H.