Rechercher
Rechercher

Actualités

Pour les quatre prochaines années, Beyrouth devrait bénéficier d’une enveloppe financière de 187 millions d’euros En dépit du climat politique local, l’UE a relancé ses négociations avec le Liban dans le cadre de la PEV Tilda ABOU RIZK

Depuis lundi, une délégation du département Liban à la Commission européenne se trouve à Beyrouth afin d’examiner avec les dirigeants libanais les entraves à un développement équilibré des échanges commerciaux entre le Liban et l’Union européenne, prévu dans le cadre de la politique européenne de voisinage (PEV) dont le plan d’action avait été approuvé en janvier dernier par les deux parties. En dépit de la détérioration de la situation dans le pays, en particulier du blocage politique générateur de marasme économique, des problèmes de sécurité et des perspectives d’avenir jusque-là peu réjouissantes, la mise en vigueur des mécanismes prévus dans le cadre de la PEV suit un cours normal. L’Union européenne et le Liban souhaitent avancer sur la voie du partenariat institué à Barcelone et dont la PEV fait partie intégrante. Le plan d’action, qui couvre une période de cinq ans, sert d’instrument stratégique permettant à l’Union européenne d’accompagner le Liban sur la voie des réformes qu’il s’est engagé à réaliser. Pour les quatre prochaines années, le Liban devrait ainsi bénéficier d’une enveloppe financière de 187 millions d’euros, sur un total de 343 millions consacrés par l’UE aux pays du sud de la Méditerranée. Cette somme est destinée à financer une série de projets divers, suivant un ordre de priorités défini par le gouvernement, en coordination avec l’UE. Ils s’articulent autour de trois axes principaux : – la réforme administrative, pour améliorer la prestation des différents services et organes de l’État, favoriser la bonne gouvernance, combattre la corruption et encourager la transparence, notamment au niveau des finances publiques ; – les réformes économiques et sociales pour résoudre principalement le problème de l’incompatibilité du système éducatif avec les exigences du marché du travail au Liban, favoriser la création de filets de sécurité sociaux, la réforme du secteur de l’énergie et la protection de l’environnement ; – la reconstruction et le développement, ainsi que les opérations de déminage. Parallèlement, une autre enveloppe est prévue pour le développement des secteurs du transport, de l’énergie ainsi que pour la protection de l’environnement. À partir de l’an prochain en principe, un nouvel instrument, l’organisme d’investissement de la PEV, sera institué pour financer des projets d’infrastructure dans les secteurs mentionnés plus haut, en collaboration avec des banques d’investissement. Les fonds seront octroyés sur la base d’offres compétitives entre les pays concernés par la PEV. Le déblocage de ces montants dépend cependant principalement du bon vouloir des autorités libanaises qui doivent présenter aux Européens les projets s’inscrivant dans le cadre de la réforme envisagée. Engagement renforcé À Bruxelles, on se félicite du succès des pourparlers engagés avec le Liban, d’autant plus que les négociations avec Beyrouth avaient été engagées juste avant la guerre de juillet dernier sans que celle-ci n’empêche par la suite un accord au sujet du plan d’action puis la mise en œuvre des mécanismes d’exécution de ce document. « Notre engagement en faveur du Liban s’est aussi renforcé après les événements de l’an dernier », affirme Gianluca Grippa, chef du département Proche-Orient au sein de la Commission européenne, aux journalistes libanais en visite d’information dans la capitale de l’Europe. « À travers la politique européenne, nous essayons, ajoute-t-il, de consolider certains orientations (trends) afin de nous rapprocher du Liban », ajoute-t-il. Ce rapprochement ne se situe pas seulement au niveau des gouvernements. L’UE prévoit une série de programmes, destinés à aider les étudiants, les professeurs et les chercheurs : Erasmus Mundus, Tempus ou encore le 7e Programme cadre. L’échange d’étudiants européens et libanais est également facilité à travers les programmes Euromed-Jeunesse. Des fonds sont aussi prévus pour soutenir l’action des ONG dans les domaines de la défense des droits de l’homme et de la démocratie en particulier. « Mieux le Liban connaîtra ces programmes, plus les relations avec l’UE seront fructueuses », insiste M. Grippa. Mais le problème est que si l’UE établit tout un processus pour se rapprocher des pays qui l’entourent en répondant aux besoins spécifiques de chacun d’eux et en les aidant à s’élever au niveau qu’ils souhaitent dans les domaines de la coopération définie à Barcelone, il reste qu’elle ne facilite pas toujours la concrétisation de cet objectif. « L’Europe n’aide pas toujours la politique du voisinage au niveau du commerce et des visas, et ce à cause des restrictions qu’elle établit », déplore une source de la Commission. « Elle doit et elle gagnerait à être plus généreuse, surtout à l’égard des hommes d’affaires, des étudiants, des chercheurs et des journalistes », ajoute-t-elle, en insistant sur le fait que l’UE n’impose pas des réformes, mais soutient celles que les États qui ont adhéré à la PEV souhaitent réaliser, « comme elle l’a déjà fait, avec succès, avec les pays de l’Europe de l’Est ». Aussi peut-elle les aider, au niveau commercial, à établir la structure qui permettra à leurs produits de répondre aux normes européennes de qualité ou de sécurité. C’est là un des points que la délégation européenne, en visite à Beyrouth, soulèvera avec ses interlocuteurs libanais. Une des caractéristiques, sinon une des qualités de la PEV, est qu’elle ne s’inscrit pas dans la durée, en ce sens qu’elle constitue un processus permanent, en évolution continue. « Il n’est pas possible de procéder à une évaluation annuelle puisque ce processus prend du temps avant que ses effets ne se fassent, mais les évaluations restent une nécessité. Un rapport récent a montré que l’Ukraine, le Maroc et la Jordanie sont en tête du peloton. Ils seront récompensés », a poursuivi la source en expliquant que des montants supplémentaires leur seront alloués pour soutenir leurs projets. L’Europe des 27 approche ainsi lentement des objectifs qu’elle s’est fixés pour le long terme à travers la politique de voisinage : pouvoir créer un réseau à même de faire face de manière concertée et cohérente aux défis qu’aucun État n’est en mesure de relever seul. Parmi ces défis, l’émigration, les crimes organisés et les problèmes écologiques. Tous sont au service d’un même objectif : instituer une zone de stabilité.
Depuis lundi, une délégation du département Liban à la Commission européenne se trouve à Beyrouth afin d’examiner avec les dirigeants libanais les entraves à un développement équilibré des échanges commerciaux entre le Liban et l’Union européenne, prévu dans le cadre de la politique européenne de voisinage (PEV) dont le plan d’action avait été approuvé en janvier dernier...