PHOTOS - À la galerie Surface libre jusqu’au 14 juillet Les « Perspectives » de Rasha Shammas : voyage en œil nouveau

Des études de gestion hôtelière et touristique en Suisse conjuguées à différentes activités et passions aussi antinomiques que la boxe et la broderie, ou la plongée sous-marine, le tricot mais encore le crochet ! Le CV de Rasha Shammas est révélateur d’une curiosité dynamique, d’une ouverture au monde sans préjugés. Un mélange qui fait sans doute les bons clichés ! Ceux qu’elle présente à la galerie Surface libre (Jal-el-Dib, rue 77, face Banque Libano-Canadienne) sont d’ailleurs révélateurs d’un talent certain. Et d’un regard qui accorde un sens esthétique poussé à une acuité visuelle soutenue par rapport à tout ce qui l’entoure. Un regard qui s’appuie aussi sur des techniques photographiques – apprises en cours intensif à Boston – bien maîtrisées. Un jour à Beyrouth, le lendemain à New York, Paris, Londres, Monaco ou Los Angeles, la jeune femme qui navigue entre plusieurs univers cherche à en fixer les différentes perspectives. D’où le titre de son exposition. Rasha Shammas retient ainsi dans son viseur aussi bien les vibrations énergétiques des grandes capitales (la puissance des tours de la Défense à Paris ; des portraits de rappeurs en pleine rue à New York) que la chaleur des villes ensoleillées (rafraîchissement autour d’une fontaine), les contrastes de la réalité libanaise (l’ironie d’une affiche publicitaire vendeuse de rêves en couleurs surplombant une misérable décharge) que ceux de la lumière (abstractions filamenteuses réalisées par blocage de l’obturateur sur points lumineux) ou encore les atmosphères (très Harry Potter : un ciel menaçant londonien au-dessus d’une rangée de réverbères)... Symbolisme dans un tas de ruines Des images digitales, bien cadrées – et très rarement retouchées – qui jouent tantôt sur l’intensité expressive du noir et blanc, d’autre fois sur l’éclat vif ou inattendu de certaines couleurs, à l’instar d’une aile d’avion que la réverbération du soleil colore en orange sur fond de ciel bleu, ou ce duo d’un même paysage, l’un en lumière naturelle, l’autre avec filtre bleu, lequel, en accentuant le jeu d’ombres et de contrastes, dévoile des détails insoupçonnés. Des images qui révèlent aussi parfois le symbolisme d’un élément qui, hors viseur, passerait inaperçu, comme ce pilier en forme de croix, qui est tout ce qui reste des Twin Towers de New York ! Fixer l’instant insolite, capturer une ambiance, immortaliser un moment rare, découvrir une perspective inattendue, un angle de vue nouveau ou encore capter dans l’œil de sa caméra ce qui est invisible à l’œil nu... Voilà ce après quoi court Rasha Shammas appareil au poing. Une expédition photographique tout en mouvements, émotion, recherche expressive et esthétique, dans laquelle elle espère entraîner le spectateur, à travers plus d’une centaine de photographies de moyen format – dont certaines gagneraient à être agrandies – , rassemblées au cours de ces trois dernières années. À découvrir, jusqu’au 14 juillet. Zéna ZALZAL