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Médias Le « journalisme citoyen » se fraie un chemin en Chine, malgré la censure

Dans la Chine communiste à l’information contrôlée, un « journalisme citoyen » se fraie un chemin, offrant un exutoire aux tensions sociales, parfois même avec la bienveillance du pouvoir. «Ce phénomène de “journalisme citoyen” spontané existe depuis plusieurs années. Depuis l’apparition des blogs en particulier, chaque blog est une nouvelle plate-forme de diffusion de l’information », constate le dissident Liu Xiaobo. M. Liu cite le cas des rebelles de Chongqing, ce couple qui avait refusé en avril d’être expulsé de son commerce et dont la cause avait été relayée dans le monde entier. « Le cas a d’abord été révélé à travers les blogs », relève-t-il. Début juin, un quartier de Chongqing s’était enflammé après le tabassage de marchands de fleurs par des « chengguan », ces policiers municipaux chargés de « nettoyer » les rues des villes. Des témoins avaient appelé la télévision locale, mais aucun reportage n’était passé. L’incident avait été connu à l’extérieur de la ville grâce à des photos et à un texte publié sur la Toile, qui a fait réagir les internautes. « C’est du fascisme », a dit l’un, tandis qu’un autre se moquait : « Les habitants de Chongqing sont vraiment naïfs, les médias chinois sont tous contrôlés par le Parti communiste, comment leur demander d’informer... » Quelques jours plus tard, une nouvelle bavure de « chengguan », cette fois à Zhengzhou, dans le centre, toujours contre un vendeur ambulant, entraînait de nouvelles émeutes. Une scène de manifestants entourant une voiture de police, filmée par un téléphone portable, a fait le tour du monde, postée d’abord sur le site chinois Tudou, puis repris sur YouTube. Auparavant, de violentes manifestations contre la politique de l’enfant unique dans le Sud avaient également été médiatisées sur le Net, mais ignorées par la presse chinoise, contrôlée par le régime communiste. Pour certains analystes, le régime communiste, qui tente de contrôler l’Internet pour éviter toute dissidence politique, doit cependant tenir compte de l’émergence de ce phénomène dans un pays où plus d’un habitant sur dix est internaute. « Le département de la propagande a émis des règles pour restreindre les opinions diffusées sur l’Internet. Mais chaque citoyen a le droit sur l’Internet de critiquer ou de faire part d’affaires publiques », estime le professeur Zhu Dake de l’Université Tongji de Shanghai. « Le gouvernement doit accepter les critiques du peuple, il ne peut plus répondre brutalement comme par le passé », dit-il. Julien Pain, responsable du bureau Internet et Libertés de Reporters sans frontières (RSF), met en garde contre tout optimisme exagéré. « On ne peut pas vraiment dire que l’Internet est de plus en plus libre, car parallèlement au développement de ce journalisme citoyen, le gouvernement trouve les moyens de parer ou de censurer le contenu », affirme Julien Pain, tout en soulignant que les dissidents qui tentent de s’organiser via Internet finissent généralement en prison. « C’est là qu’ils se font s’arrêter, ce n’est pas lorsque vous critiquez la politique de Hu Jintao derrière votre ordinateur. Mais quand ils voient qu’il y a un réseau qui se crée entre trois, quatre personnes, et qui essaie de monter des actions communes, ils tuent dans l’œuf toute velléité d’organisation », explique-t-il. Cinquante cyberdissidents sont actuellement derrière les barreaux en Chine, selon RSF. François BOUGON (AFP)
Dans la Chine communiste à l’information contrôlée, un « journalisme citoyen » se fraie un chemin, offrant un exutoire aux tensions sociales, parfois même avec la bienveillance du pouvoir.
«Ce phénomène de “journalisme citoyen” spontané existe depuis plusieurs années. Depuis l’apparition des blogs en particulier, chaque blog est une nouvelle plate-forme de diffusion de...