Les dirigeants du G8 ont offert une publicité de taille à cette spécialité germanique La « Strandkorb », la célèbre chaise des plages allemandes, fête ses 125 ans

Pour ses 125 ans, la traditionnelle corbeille de plage allemande ne pouvait espérer meilleure publicité : il y a quelques jours, sur la plage d’Heiligendamm, les dirigeants du G8 ont choisi de poser ensemble dans un exemplaire géant pour leur incontournable photo de famille. Le cliché a fait le tour du monde : une brochette de chefs d’État et de gouvernement dont George W. Bush, Angela Merkel et Vladimir Poutine assis côte à côte dans une « Strandkorb » conçue à leur mesure et dans le plus pur style traditionnel, avec des coussins aux rayures verticales bleues et blanches (photo). Une revanche pour la corbeille de plage en osier destinée à protéger du soleil comme du vent qui souffle sur les côtes allemandes et qui, à ses débuts, était comparée, de façon péjorative, à des « paniers à linge » positionnés à la verticale. Une aubaine pour l’arrière-arrière-petit-fils de son inventeur, Andreas Bartelmann, qui croit que « la corbeille de plage pourrait commencer sa marche triomphale dans le monde » grâce à ce coup médiatique. Même si la plupart des corbeilles de plage sont de nos jours fabriquées en Indonésie ou en Chine, elles restent considérées comme une spécialité germanique. La quasi-totalité de la production reste dans le pays, disséminée sur les plages des côtes allemandes ou ornant les jardins des particuliers, selon Mathias Fromholz, patron de Korb Gmbh, la plus ancienne manufacture de corbeilles de plage d’Allemagne. Systématiquement, les exportations atterrissent chez les expatriés allemands qui « veulent installer un petit morceau de patrie dans leur jardin ». Fondée en 1925, Korb fabrique entre 5 000 et 7 000 pièces chaque année à Heringsdorf sur l’île d’Usedom en mer Baltique. Ce sont « principalement des Allemands, en particulier les clients âgés » qui louent les quelque 150 000 exemplaires estimés sur les plages allemandes, souligne Stephan Muuss, président à titre honorifique de l’association des loueurs de corbeilles de plage du Schleswig-Holstein (Nord). C’est un beau jour de juin de 1882 qu’une noble atteinte de rhumatisme, prend place dans la première « Strandkorb ». Souhaitant une chaise longue qui la protège du soleil et du vent, Elfriede von Maltzahn, avait passé commande auprès du fabricant de corbeilles de la cour impériale, Wilhelm Bartelmann, à Rostock. Un an plus tard, la première location de corbeilles de plage ouvre à Warnemünde. La Strandkorb doit son succès national au fait que « les Allemands aiment être installés confortablement » sur la plage, estime Bert Hallenbach de l’Institut de tourisme européen à Trêves. Si M. Muss peine à amadouer les clients étrangers avec ce qu’il appelle ce « deuxième appartement sur la mer », il mise sur des débouchés éventuels dans les stations de sport d’hiver. En février, les corbeilles de plage sur les pistes ou dans les chalets de Davos, en Suisse, ont reçu un « accueil formidable » des touristes, explique-t-il. Détournée de sa fonction première, la Strandkorb est parfois vendue comme chaise de massage ou comme fauteuil pour regarder la télévision. Certaines sont dotées de divers accessoires – des radios, des minibars, des banquettes chauffantes ou des luminaires – tandis qu’un grand choix d’armatures, de tissus et de tressages est proposé. Haute de 2,20 mètres et longue de plus de cinq mètres, la « Strandkorb » du G8 a été par exemple spécialement conçue en forme arrondie, pour mieux permettre la communication des responsables politiques. Quarante menuisiers, tapissiers et tresseurs ont utilisé deux kilomètres d’osier, un mètre cube de bois et 35 m2 de tissus pour cet objet estimé à 10 000 euros. Fruit de 200 heures de travail artisanal, il sera ensuite vendu aux enchères sur eBay au profit d’un projet du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef).