MUSIQUE L’Orchestre des jeunes de la Méditerranée change de « logiciel »

L’Orchestre des jeunes de la Méditerranée (OJM), qui a dû annuler sa tournée 2006 dans plusieurs pays du bassin méditerranéen en raison de la situation au Liban, change de formule : quatre sessions annuelles au lieu d’une, un nombre d’élèves resserré, en majorité venus de Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Il était nécessaire de faire évoluer le projet de l’orchestre. L’annulation de la tournée a précipité les choses. La Méditerranée n’est pas une mer calme », souligne Pierre Jacques, le directeur de l’orchestre-école créé en 1984. En 2006, 80 % du budget de l’OJM ont été perdus. L’idée de parcourir les pays du pourtour méditerranéen était « extrêmement intéressante mais difficile à mettre en œuvre et, d’autre part, très coûteuse », selon les organisateurs de ces tournées. Les déplacements hors de France ne sont donc plus à l’ordre du jour en 2007 et 2008. Dorénavant, l’OJM se réunira pendant quatre sessions annuelles avec un nombre d’élèves-musiciens resserré, encadrés par une douzaine de professeurs, contre une seule session estivale auparavant. L’une, en février, sera consacrée à la musique improvisée, au jazz, aux musiques traditionnelles et actuelles ; la deuxième, à Pâques, à la musique contemporaine ; la session d’été à l’orchestre de chambre et la dernière, à la Toussaint, au symphonique. Dès cet été, sous les directions successives de Philippe Bender, directeur musical de l’Orchestre régional de Cannes, et de Jean-François Heisser, directeur musical de l’Orchestre de Poitou-Charentes, 45 étudiants venus de dix pays du bassin méditerranéen (Maroc, Espagne, Croatie, Albanie, Malte, Turquie, Égypte, Israël, Tunisie et France) vont travailler, du 16 au 28 juillet, au Conservatoire national de musique de Nice, dans le cadre d’un partenariat avec l’Académie internationale d’été de Nice. Pour deux sessions d’été au moins, « on devient l’orchestre de l’Académie de Nice, ce qui nous permettra de bénéficier de l’expérience des grands solistes français présents dans ces master-class, y compris pour les concerts que l’on va multiplier à l’issue des sessions », précise Pierre Jacques. Une dizaine de concerts sont ensuite prévus, dans le cadre des Nuits musicales de Nice et du Festival international de piano de la Roque-d’Anthéron, entre le 30 juillet et le 12 août. Au programme, dix œuvres du répertoire – Mozart, Weber, Saint-Saëns, de Falla, Massenet, Ravel, Brahms, Haydn et Darius Milhaud – avec quatre solistes de renom, la pianiste Marie-Josèphe Jude, les violonistes Laurent Korcia et Pierre Amoyal, et le violoncelliste Thierry Amadi. L’idée d’accroître la coopération et le dialogue interculturel en Méditerranée demeure cependant l’une des raisons d’être de l’OJM. Dans le cadre de la refonte de son système d’enseignement musical, le Maroc va ainsi envoyer vingt de ses professeurs assister aux sessions de formation de l’orchestre-école. L’objectif reste de permettre à de jeunes musiciens de s’ouvrir à des esthétiques et des styles musicaux différents. Évoquant par exemple la parfaite maîtrise de l’improvisation observée précédemment chez un jeune violoniste kosovar, habitué à se produire aussi bien dans des mariages de village que dans un orchestre symphonique, Pierre Jacques observe : « Ce n’était pas le cas de nos jeunes musiciens. » Catherine RAMA (AFP)