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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Son livre de photographies revisité Lorsque Philippe Halsman dit « Et que ça saute ! », tout le gotha s’exécute

WASHINGTON, d’Irène MOSALLI Marilyn Monroe en train de sauter, main dans la main, avec un joyeux compagnon… Cette photo célèbre illustre un livre que l’on retrouve en librairie aux États-Unis et qui avait été publié en 1959. Il reconnaît donc un regain de ferveur aujourd’hui car, en ces temps de tumultes qui sévissent partout, il y a dans l’air des envies de décoller d’une réalité par trop suffocante. Cet ouvrage, intitulé The Jumping Book (Le livre du saut), porte la signature d’un photographe qui, dans les années 50, avait fait les beaux jours de grandes revues new-yorkaises (notamment Vogue et Life) et du gotha de l’époque désireux de poser pour l’éternité. Ce photographe s’appelle Philippe Halsman. Ami d’Einstein Né en Lettonie en 1906, ingénieur électrique, il choisit, en 1931, de débuter une carrière de photographe à Paris. Il collabore d’abord avec des revues de mode, dont Vogue, puis s’impose comme le meilleur photographe de France. Un ami de la famille et non des moindres, Albert Einstein, l’aidera à obtenir un visa pour les États-Unis. Là, il connaît son premier succès en réalisant l’affiche de la campagne d’Elizabeth Arden pour son nouveau rouge à lèvres Victory Red : une jeune femme posant sur fond de drapeau américain. Un an plus tard, en 1942, il est embauché par la revue Life dont 101 couvertures porteront sa signature. En 1947, il fera le portrait d’Albert Einstein qui, vingt ans plus tard, figurera sur un timbre américain. Tomber les masques Entre-temps, tous les « people » se précipiteront devant son objectif. Un jour de 1952, alors qu’il faisait une pause lors d’une session de photos de famille pour les magnats de l’automobile, les Ford, il demande tout de go à la très respectable Mme Ford de faire un saut devant la caméra. Celle-ci s’exécute spontanément. Sa belle-fille l’imite. Cette idée de capter ses modèles en train de prendre leur envol lui trottait en tête depuis longtemps. Il l’explique ainsi : « En plein saut, le protagoniste, dans une soudaine explosion d’énergie, surpasse la pesanteur. Il ne peut contrôler ses expressions, ses gestes faciaux et les muscles de ses membres. Le masque tombe. La vraie personne se fait visible. Il faut juste attraper ce moment. » Après les Ford, il semble qu’il n’ait pas eu de peine à persuader les personnalités du monde politique et du show-biz d’en faire autant, comme en témoigne son Livre du saut où on les retrouve suspendus en l’air. Il s’agit notamment de Marilyn Monroe, le duc et la duchesse de Windsor, le président Nixon, l’écrivain John Steinbeck, Lucille Ball, le duo Jerry Lewis et Dean Martin. Auparavant, Philippe Halsman avait exploré l’idée d’un sujet saisi au vol par l’objectif avec Salvador Dali. Dans une photo intitulée Dali Atomicus, on voit trois chats bondissant au-dessus d’un baquet d’eau et éclaboussant, par la même occasion, le célèbre peintre qui, lui aussi, saute en l’air. Il avait fallu 28 essais pour que le photographe obtienne ce résultat. Cette photo est une référence à une œuvre de Dali (qui figure dans la photo) baptisée Leda Atomica. Un véritable saut surréel.
WASHINGTON, d’Irène MOSALLI

Marilyn Monroe en train de sauter, main dans la main, avec un joyeux compagnon… Cette photo célèbre illustre un livre que l’on retrouve en librairie aux États-Unis et qui avait été publié en 1959. Il reconnaît donc un regain de ferveur aujourd’hui car, en ces temps de tumultes qui sévissent partout, il y a dans l’air des envies de décoller...