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Actualités - interview

Interview - À la veille de son arrivée à Beyrouth, la ministre grecque des AE répond aux questions de « L’Orient-Le Jour » Bakoyannis : L’existence d’enclaves et de groupes armés ne contribue pas à la stabilité

À la veille d’une visite de travail de 24 heures à Beyrouth, qu’elle doit entamer ce mercredi, la ministre grecque des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a accordé une interview à « L’Orient-Le Jour » dans laquelle elle se prononce pour un Liban « parangon de paix, de démocratie et de prospérité » dans la région. Mme Bakoyannis, qui avait déjà visité le Liban dans la foulée de la guerre de l’été dernier, estime que « l’existence d’enclaves et de groupes armés » hors du cadre de l’État libanais « ne contribue pas à la stabilité ». Ce qui la conduit notamment à souligner que « l’avenir du Hezbollah se trouve dans son action politique » et à appeler les voisins du Liban à respecter sa souveraineté. Q : Quel bilan peut-on établir de l’évolution des relations libano-grecques ces dernières années, notamment au plan des échanges commerciaux et économiques ? R : « Il est clair que nos relations économiques et commerciales ont ces derniers temps été influencées par la situation tendue qui prévaut au Liban. L’objectif premier de notre pays, de l’Union européenne et de la communauté internationale à l’heure actuelle est de contribuer à la normalisation de la situation politique, à l’instauration de la paix et à la reconstruction du Liban. Notre pays est intervenu dans ce sens dès les premiers moments du conflit militaire de juillet dernier, en fournissant une aide humanitaire. Conformément à la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, nous participons à la force navale de la Finul, en assumant le rôle de fournisseur de sécurité (“Security Provider”) tandis que récemment, lors de la conférence des donateurs à Paris (Paris III), nous avons décidé d’octroyer une aide au développement de 5 millions d’euros au Liban. « Nous investissons et renforçons donc la stabilité, la paix et la prospérité économique au Liban, ce dont a particulièrement besoin la région. C’est seulement ainsi que pourront à l’avenir se développer davantage nos relations commerciales qui, traditionnellement, ont été bonnes. » Q : Comment percevez-vous le bilan de l’action de la Finul renforcée au Liban-Sud, notamment au niveau de son efficacité ainsi que des rapports avec les autorités libanaises, d’une part, et la population locale, d’autre part ? R : « L’ONU, par l’intermédiaire de la Finul, garantit la paix et la sécurité de la population locale, mais aussi l’intégrité territoriale du Liban en général. Le déploiement parallèle de la Finul et de l’armée libanaise au Liban-Sud a, pour la première fois depuis des décennies, permis au gouvernement légitime du Liban d’exercer la souveraineté nationale sur l’ensemble du territoire du pays. Une évolution particulièrement importante pour la région (…) qui n’aurait pas été possible si le peuple libanais n’avait pas accueilli favorablement cet effort international. » Q : Quelle est votre perception du rôle que devrait jouer le Liban à l’échelle régionale à la lumière des appels en vue de la neutralité du Liban et de sa mise à l’écart de la politique des axes régionaux ? R : « La position de notre pays est très claire. Les quatre principaux fronts de la crise au Moyen-Orient, le problème palestinien, le Liban, l’Irak, mais aussi le programme nucléaire iranien, fonctionnent selon le principe des vases communicants. Le problème palestinien, qui est au cœur du conflit israélo-arabe, représente le noyau de cette tension. Quoi qu’il en soit, le Liban fait office de “baromètre” pour les développements dans la région du Moyen-Orient. Ce que perçoit bien la communauté internationale, qui s’efforce de contribuer à la normalisation rapide de la situation intérieure. Il est clair qu’un Liban stable pourrait constituer une base pour la résolution de la crise israélo-arabe. Un Liban qui, comme dans le passé mais aussi à l’avenir, ambitionne de devenir un “parangon” de paix, de démocratie et de prospérité pour les différentes ethnies et religions au Moyen-Orient. » Q : Quelle est votre perception de la ligne de conduite que la Syrie a et devrait avoir à l’égard du Liban ? R : « La Syrie, à l’instar de tout autre pays du Moyen-Orient, ainsi que nous tous, devons contribuer, au moyen de la coopération et du dialogue, à l’effort en faveur de la paix, de la stabilité et du développement au Liban et dans la région. Le soutien aux institutions démocratiques constitue la seule voie possible pour sortir de la crise. Une crise qui s’amplifiera si tous les voisins (du Liban) ne font pas preuve de sérieux, tout en respectant la souveraineté nationale et la stabilité politique du Liban. » Q : Si la Grèce était membre du Conseil de sécurité, aurait-elle voté la résolution 1757 dans sa forme actuelle ou aurait-elle formulé certaines réserves, et, en ce cas, lesquelles ? R : « Tout d’abord, j’aimerais souligner que nous condamnons fermement l’assassinat de Rafic Hariri et demandons que les coupables soient punis (…). La décision du Conseil de sécurité portant sur la création d’un tribunal spécial visant à rendre la justice atteste de l’intérêt manifesté par la communauté internationale pour les développements au Liban. Un concours de circonstances est certes toujours important pour la politique. Quoi qu’il en soit, l’objectif est de faire la lumière sur cette affaire sans que cela ne signifie bien sûr contester la souveraineté absolue du Liban. En outre, dans tout cet effort, la lutte pour la paix, la stabilité, la sécurité, la démocratie et le développement est commune aussi bien pour les forces intérieures du Liban que pour la communauté internationale. » Q : Quelle est la position de la Grèce à l’égard du problème de l’armement du Hezbollah et du dossier des armes palestiniennes ? R : « Le gouvernement grec condamne le recours aux armes en tant que moyen de résolution des différends, quelle que soit la partie qui opte pour cette solution. Pour ce qui est du Hezbollah, son avenir se trouve désormais dans son action politique au Liban. Dans le cadre des nouvelles conditions créées à l’issue de la guerre de l’été, l’armée libanaise en coopération avec la Finul est en position de garantir l’intégrité territoriale du pays. L’existence d’enclaves mais aussi de groupes et d’organisations armés dans la région ne contribue pas à la sauvegarde de l’ordre juridique et de la stabilité, ce qui est l’obligation du gouvernement libanais élu conformément à la Constitution. » Q : Quel bilan peut-on établir de la mise en place du partenariat euro-méditerranéen ? Quels sont, à votre avis, les obstacles qui entravent la concrétisation de ce partenariat ? R : « La coopération euro-méditerranéenne, à laquelle participent nos deux pays, fête son 12e anniversaire. C’est une coopération qui, à travers les valeurs du processus de Barcelone et dans le respect de l’égalité souveraine et de la diversité de tous les pays signataires, vise à contribuer à l’intégration progressive dans le domaine politique, économique, social et culturel. « Il s’agit donc d’un partenariat multilatéral dont l’objectif est de faire de la Méditerranée une mer qui unira les peuples, à travers l’établissement constant d’un environnement de prospérité et de sécurité. « Certes, de nombreuses actions doivent encore être entreprises dans ce sens. Nous nous trouvons probablement au début du chemin, vu les objectifs élevés que nous nous sommes fixés et les grands défis que nous avons à relever. « Toutefois, nous restons optimistes et pensons que ce n’est qu’à travers la coopération et le dialogue productif et en respectant les particularités des 37 États (membres de l’Euromed) que nous pourrons progresser. » Q : À votre avis, le projet de zone euro-méditerranéenne de libre-échange est-il envisageable à plus ou moins brève échéance ? R : « L’établissement d’une zone de libre-échange d’ici à 2010 constitue notre objectif bien clair. Certes, il s’agit d’un effort difficile, vu les particularités des États qui font partie de cette zone. Toutefois, il est évident que plus vite se réduiront les disparités entre le Nord et le Sud, plus vite seront mis en œuvre les objectifs de la coopération euro-méditerranéenne. C’est une entreprise particulièrement difficile que la Grèce soutient également dans le cadre de l’Union européenne et qui nécessite la participation de tous. « Dans ce contexte, la Commission européenne a accordé des fonds importants en vue d’améliorer les infrastructures, le développement régional et de soutenir les formes compétitives et innovatrices de l’action financière. Toutefois, il faut dans un même temps mettre en œuvre un plan d’action commun. « Par ailleurs, tel est l’objectif de la Politique européenne de voisinage (PAM) à travers le renforcement des réformes que tous les États désireux de participer doivent mettre en œuvre. » Propos recueillis par Élie FAYAD


À la veille d’une visite de travail de 24 heures à Beyrouth, qu’elle doit entamer ce mercredi, la ministre grecque des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, a accordé une interview à « L’Orient-Le Jour » dans laquelle elle se prononce pour un Liban « parangon de paix, de démocratie et de prospérité » dans la région. Mme Bakoyannis, qui avait déjà visité le Liban dans la...