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INSOLITE - Dans plusieurs pays d’Afrique, le décès est une « célébration », pas une fin Des morts qui ne meurent jamais

Dans le monde entier, la plupart des gens pleurent les défunts, mais dans plusieurs pays d’Afrique, les morts ne meurent pas, regardent les vivants et réclament leur attention. Du Kenya au Sénégal en passant par Madagascar, de nombreuses personnes continuent à nourrir les disparus, à les couvrir pour qu’ils n’attrapent pas froid, et engloutissent leurs économies pour donner à leurs morts la meilleure des vies possible... là où ils sont. « Les morts ne sont pas morts. On doit s’en occuper, et quand vous avez des problèmes, il faut aller sur leurs tombes en signe de respect », dit l’historien sénégalais Ibrahima Thiaw. « La mort est une célébration, pas une fin », ajoute-t-il avant de donner cette étrange explication du mot « weurseuk » qui signifie « chance » en langue wolof mais veut dire littéralement « faire le tour des cimetières ». Toutes les fantaisies sont permises Dans certaines contrées du continent noir, on continue au XXIe siècle d’enterrer les défunts avec tous les objets dont ils auront besoin. Mais le premier objet est le cercueil. Et là, toutes les fantaisies sont permises. Au Ghana, le peuple Ga conçoit des cercueils qui rappellent l’activité du défunt sur terre ou encore un aspect de sa personnalité, y compris un vice. Dans l’« atelier Kane Kwei » à Teshie, un village côtier à la sortie d’Accra, on peut en commander de toutes sortes. Pour son dernier vol, un pilote de ligne peut embarquer dans un 747 étincelant, roues comprises. Tel Jonas, un pêcheur pourra reposer dans le ventre d’un poisson aux nageoires plus vraies que nature. Le propriétaire d’une Mercedes pourra entreprendre le dernier voyage au volant de sa chère allemande. Quant à l’amateur de bière, sa montée au ciel se fera dans une bouteille de Guinness géante. « À un parent décédé qui prenait son temps en toute chose, la famille a commandé un cercueil en forme... de tortue », raconte amusé Eric Anang, le petit-fils de Kane Kwei qui a pris la succession de son grand-père décédé. « Notre dernière commande a été une voiture blindée pour un militaire », poursuit-il. Cette mode commence d’ailleurs à se répandre sur le continent, grâce notamment à l’Internet : Ebony, une compagnie sud-africaine, propose sur son site de livrer n’importe où en Afrique des cercueils fantaisie pour « partir avec classe ». À Madagascar, on danse et on chante avec les morts qu’on exhume parfois plusieurs années après le décès pour leur donner un nouveau linceul. Dans la région des Hautes Terres, les gens ne pleurent pas les morts, ils leur chantent des chansons et leur offrent des cadeaux – du tabac, de l’alcool – pour leur réenterrement. Certaines coutumes exaspèrent parfois les nouvelles générations, comme celle de la tribu Balunda, au nord du Kenya, d’enterrer les défunts assis dans un cercueil vitré qui laisse voir la tête et les épaules au moment de l’inhumation. Pour les anciens, ça sera plus facile de se lever à l’appel de Dieu, mais pour Jairus Khaemba, âgé de 45 ans, c’est « rétrograde et antireligieux ». « Je serai enterré allongé », décrète-t-il. Mais quelles que soient les croyances et les traditions, tout cela coûte cher et les défunts restent parfois des mois à la morgue, le temps pour la famille de décider du cercueil et de qui va le payer.
Dans le monde entier, la plupart des gens pleurent les défunts, mais dans plusieurs pays d’Afrique, les morts ne meurent pas, regardent les vivants et réclament leur attention.
Du Kenya au Sénégal en passant par Madagascar, de nombreuses personnes continuent à nourrir les disparus, à les couvrir pour qu’ils n’attrapent pas froid, et engloutissent leurs économies pour donner à leurs...