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Actualités - OPINION

HUMEUR N’importe quoi !

Je voudrais me confier à vous, chers lecteurs de L’Orient-Le Jour (mon quotidien préféré). Voilà, avant j’étais angoissé, c’est-à-dire que j’étais dans un état de désarroi psychique, d’inquiétude profonde, d’attitude psychomotrice et végétative, j’étais en proie à des tachycardies, des dyspnées, d’agitations spasmodiques. Puis, mon état s’est amélioré. Je suis devenu... stressé, ça veut dire que je suis devenu victime de perturbations biologico-psychologiques. Aujourd’hui, grâce à Dieu (oh non, grâce à nos politicaillons), je vais nettement mieux, je suis bel et bien dépressif. Je souffre d’une inappétence face à la vie. Pourquoi ? me diriez-vous. Eh bien parce que, euh, parce que c’est comme ça ! Non, je rigole. J’ai été angoissé, puis stressé et enfin dépressif parce que j’ai trouvé que tout ce monde qui caquette dans la basse-cour politique était détendu, relax, zen. Cela m’a un peu bisqué, je vous l’avoue. Pourquoi tout ce beau monde avait-il le droit d’être détendu, relax et zen, et moi pas ? Eh bien j’ai trouvé la réponse : parce que moi, je suis un imbécile. Voilà, c’est si simple. Et je vais vous dire pourquoi je suis un imbécile. Je suis un imbécile parce que j’ai cru un jour qu’un homme avait été élu à la tête de je ne sais trop quoi, pour réaliser des choses plutôt pas mal, et que quelqu’un d’autre avait été nommé à sa suite, pour réaliser juste le contraire (croyant bien faire), alors qu’un troisième, juché sur la chose publique, avait décidé de ne rien faire en attendant que les deux autres fassent quelque chose. Je ne sais pas si vous me suivez ? En tout cas, si ce n’est pas le cas, tant pis pour vous. Alors que les trois premiers lascars continuaient à faire ce qu’ils avaient à ne pas faire, un quatrième survint, qui avait décidé de faire bouger les choses. Il entreprit de lancer des diatribes contre les trois précédents, qu’il accusait de faire beaucoup de trucs pour rien, en précisant qu’ils n’en faisaient pas assez et en soulignant que lui à leur place, il ferait bien plus de choses avec la collaboration d’autres, si toutefois on le laissait faire. Et que feriez-vous de plus à leur place ? lui demanda un anonyme. Moi ? Eh bien, c’est très simple, je ne me laisserais pas faire, je ferais tout ce qu’il faut pour aller au fond des choses. Alors arriva un cinquième, un illustre rastaquouère qui surenchérit que pour lui, faire quelque chose, c’est faire tout ou rien. Qu’il lui fallait des pneus, des bâtons, des barres de fer pour parfaire les choses. Et qu’en somme, il ferait tout et rien ! La chose se corsait, car entre faire ou ne pas faire des choses, c’était déjà assez compliqué, mais faire ou tout ou rien, cela devenait gravissime, et surtout rarissime. Puis surgit un énergumène qui, d’un air présomptueux, nous déclara que toutes ces choses, c’était son truc. Qu’il ne fallait pas s’alarmer outre mesure, qu’il allait prendre des mesures (au fur et à mesure), pour mesurer exactement la gravité de la bagatelle à laquelle nous nous étions tous mesurés. Il en conclut que ce n’était pas la mer à boire, que nous nous noyions dans un verre d’eau et que lui savait nager entre deux O (Occident et Orient). Pour lui, tout n’était que pacotilles, qu’il avait l’habitude des... choses ! Un sit-in par-ci, un meurtre par-là et les choses s’arrangeraient. Hélas, il n’eut pas le temps de concrétiser son projet, qu’un énième quidam se présenta pour nous annoncer qu’il était le sauveur. Qu’il était venu rien que pour nos beaux yeux (mon œil), que toutes ces broutilles, c’était sa spécialité. Que le tiers de blocage, que le 19-11 et que les 14-8 n’étaient qu’un détail. Nous nous prosternâmes devant lui, comme le font les Hindous devant Vichnou, et l’implorâmes de faire quelque chose. Après avoir examiné nos absurdes doléances, il constata qu’il fallait faire autre chose, que nous faisions trop de choses à la fois. Chaque chose en son temps, nous conseilla-t-il. D’ailleurs vous en faites toute une histoire pour rien. Excédés, nous décidâmes de le mettre à la porte en lui lançant au visage : « Vichnou... la paix ! » Le plus sincère fut ce paltoquet surgissant de son bistroquet pour nous avouer qu’il ne fallait pas compter sur lui pour faire ce que les autres n’avaient pas fait, c’est-à-dire s’amuser à découper le Liban en petits cantonneaux. Nous le congédiâmes à coups de bilboquet. Puis ce fut le tour d’un paria de venir nous prêcher la bonne parole en nous indiquant que nous avions le droit de vivre à condition de faire le mort et que nous pouvions parler, mais en fermant la bouche. Finalement, un jeune freluquet se posta et riposta que tout ce qui se faisait actuellement était sans fondement et qu’à ce rythme, toute cette théorie délimitant tant de choses allait carrément nous abîmer le fondement : « On est bien peu de choses et mon amie la rose, me l’a dit ce matin » (Françoise Hardy). Je suis sûr que vous n’avez pas compris grand-chose à mes élucubrations, à mes divagations extravagantes. Moi non plus... car je suis ce que je suis, en tout cas je me demande qu’est-ce qu’on pourrait être à part soi. N’est-ce pas ainsi que nous raisonnons depuis plus de trente ans, que nous nous querellons pour des babioles, que nous nous chamaillons pour des futilités ? C’est le néant, non c’est le néanmoins. C’est n’importe quoi, c’est n’importe quand et c’est n’importe qui, qui va continuer à nous pourrir l’existence, dans ce machin-chose (qu’on appelle État) et dans lequel nous nous débattons comme des aliénés mentaux depuis des décennies. Ah ! Être toute chose, c’est bien, mais devenir parano, c’est mieux ! Nahi LAHOUD Producteur de thêàtre



Je voudrais me confier à vous, chers lecteurs de L’Orient-Le Jour (mon quotidien préféré). Voilà, avant j’étais angoissé, c’est-à-dire que j’étais dans un état de désarroi psychique, d’inquiétude profonde, d’attitude psychomotrice et végétative, j’étais en proie à des tachycardies, des dyspnées, d’agitations spasmodiques. Puis, mon état s’est amélioré....