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Actualités - OPINION

République fédérale – République communautaire

L’Orient-Le Jour du 25 mai a publié un mot de Toufic Klat intitulé « Fédération ». Pour des raisons fort mystérieuses mais invétérées, la culture politique de notre région voit dans tout système fédéral une recette pour l’éclatement du pays. M. Klat a eu le courage et l’intelligence de rappeler que « la fédération a été l’apanage de peuples démocratiquement très évolués ». Le système fédéral permet la réalisation de l’unité nationale dans le respect de la diversité régionale. Cela veut dire, comme c’est le cas en Suisse, qu’il y a deux sortes d’union, des unions locales (cantonales) et une union nationale (au niveau de la Suisse dans son ensemble). La gestion du pays se fait sur deux niveaux distincts mais complémentaires, le niveau cantonal et le niveau national. Cette formule permet au pluralisme religieux, culturel et linguistique de s’exprimer librement, tout en réalisant une union strictement politique sur le plan national. Le gouvernement de Berne exerce ses pouvoirs dans les limites que lui imposent les cantons. Cela se traduit, en ce qui concerne la politique étrangère, par une stricte neutralité. L’article de M. Klat suggère sans le dire expressément que nous ferions bien de suivre le modèle fédéral. Je souscris à cette idée, tout en rappelant que notre système communautaire, quand il n’est pas compris de travers, est analogue au système fédéral. Qui dit analogie, dit ressemblance et différence. Commençons par la ressemblance. Dans un système fédéral, la gestion du pays se fait sur deux niveaux distincts mais complémentaires, le niveau local et le niveau national. Sur le niveau local, il y a un gouvernement qui administre les affaires locales au sein d’une certaine autonomie qui est clairement définie dans la Constitution du pays. Sur le niveau national, c’est la gestion des choses communes qui est prise en charge. Chaque niveau a des compétences constitutionnelles qui lui sont propres. Sous ce rapport, il y a une séparation des compétences et des pouvoirs. Dans certains pays, il y a des questions qui sont communes entre les deux niveaux. Cela concerne le plus souvent les transports et les communications qui concernent à la fois le niveau local et le niveau national. Le système communautaire est, lui aussi, à deux niveaux, le niveau communautaire et le niveau national. Les compétences de l’État sont réparties entre ces deux niveaux. Deux choses relèvent de la compétence exclusive des communautés : ce qui concerne le droit dans le domaine du mariage et de la famille, et ce qui concerne la représentation politique au sein de l’Assemblée nationale. Le niveau national s’occupe du reste des affaires. Il y a chez nous des choses qui sont communes aux deux niveaux : tout ce qui concerne les services sociaux, de l’éducation aux services de santé et aux diverses formes que prend chez nous l’assistance sociale. Passons maintenant à ce qui est différent chez nous. Les communautés ne sont pas des territoires géographiques. Elles coexistent sur le même territoire. Leurs membres peuvent se déplacer n’importe où et s’établir où ils veulent sur le territoire libanais. Où qu’ils aillent, ces membres portent avec eux leur identité communautaire. À cause de cette différence, je qualifie notre système politique de « communautaire ». De cette manière, le rapprochement avec le système fédéral est reconnu, tout en maintenant ce qui est propre à notre système. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne s’est constituée en République fédérale. Elle a ainsi introduit une nouvelle forme de république qui se démarque du modèle français. Il y a lieu de repenser aujourd’hui le Liban pour en faire une « République communautaire ». Ce sera encore une autre forme que prendra la république. Je sais que ce que je propose ici ne manquera pas de paraître hérétique à bien des puristes. Mais à juger l’arbre à son fuit, il me semble que la République à l’état pur que nous avons importée en 1920 et qui ne sait que faire de notre système communautaire est en train de produire aujourd’hui des fruits bien amers. Méfions-nous de ce qui est intelligent en apparence, mais désastreux en pratique. Joseph CODSI

L’Orient-Le Jour du 25 mai a publié un mot de Toufic Klat intitulé « Fédération ». Pour des raisons fort mystérieuses mais invétérées, la culture politique de notre région voit dans tout système fédéral une recette pour l’éclatement du pays. M. Klat a eu le courage et l’intelligence de rappeler que « la fédération a été l’apanage de peuples démocratiquement très...