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Actualités - REPORTAGE

Une enveloppe de 370 000 euros a été débloquée d’urgence pour les sinistrés de Nahr el-Bared L’Union européenne renforce son action dans les camps palestiniens

La Commission européenne déjà très engagée dans l’aide humanitaire a un atout de taille : « la capacité de mobiliser rapidement des ressources sans passer par les rouages administratifs qui retardent toute initiative en temps de crise », explique Alain Robyns, responsable du Bureau d’aide humanitaire de la Commission (ECHO) à Beyrouth. Aussi, dès le début des combats opposant l’armée libanaise à Fateh el-Islam, ECHO a débloqué une enveloppe de 370 000 euros pour la fourniture des premiers secours aux réfugiés palestiniens, donnant ainsi aux différentes ONG partenaires opérationnels dans les camps, les moyens de mettre en œuvre leurs actions d’urgence. La Commission est même prête « à octroyer un autre montant si les besoins s’avèrent plus importants », ajoute le responsable. Quelque 20 000 personnes ont fui le camp de Nahr el-Bared, pour se réfugier, dix kilomètres plus loin, dans le camp palestinien de Beddawi qui s’étend tout juste sur deux kilomètres carrés et qui comptait initialement 16 000 personnes éprouvées par des conditions de vie précaires, « exclus d’une liste de 70 métiers », vivant sous le seuil de la pauvreté, sans aucun statut, ni perspective de retour au pays dans un avenir proche. Leur survie repose sur l’aide fournie par l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), poids lourd dans le box-office des aides humanitaires, sur les versements irréguliers de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), des islamistes de Hamas et sur l’aide de l’Union européenne. Cette dernière, considérant la misère sociale comme le terreau de l’extrémisme, a décidé en 1996 d’ancrer son action dans les camps palestiniens du Proche-Orient en allouant un gros budget à l’Unrwa (67 millions d’euros en 2005) et de soutenir les Palestiniens du Liban en octroyant quatre millions d’euros par an pour la réhabilitation des logements insalubres, des infrastructures d’eau et d’assainissement, ainsi que pour des projets de formation et de soutien psychosocial. La Commission, qui couvre aussi « plus de 50 % des besoins du Croissant-Rouge palestinien, avait débloqué, au début du conflit, 50 000 euros pour soutenir l’organisation », signale encore Alain Robyns. Sur la base de « contrats-cadres » de partenariat, ECHO finance par ailleurs des opérations d’aides humanitaires qui sont exécutées par des ONG accréditées par Bruxelles et travaillant avec des partenaires locaux. Trois d’entre elles, l’espagnole MPDL, la française Première Urgence et la britannique Handicap international ont pris leur quartier à Beddawi. « Nous collaborons avec l’association locale, Nabeh, qui connaît très bien le terrain puisqu’elle travaillait à Nahr el-Bared. Elle est donc bien rodée et ses membres bossent comme des pros. Ils sont extraordinaires et je suis très fier d’eux », indique le président de MPDL, Jean-Christophe Saint Esteban, ajoutant qu’une aide de 160 000 euros allouée par ECHO a permis de fournir quelque 2 000 kits d’hygiène (couvrant les besoins pour 10 jours) et des bons d’achat de vêtements (50 dollars) à près de 3 000 familles qui ont fui le camp de Nahr el-Bared avec pour tout bagage un petit baluchon. Sur le même principe lancé l’été dernier à Nabatiyeh et Aïn el-Héloué - Saïda, Première Urgence a mis en place des cuisines collectives pour servir 3 000 repas, par jour. Quant à Handicap international qui travaille traditionnellement au déminage, elle s’est mobilisée pour le soutien psychosocial des déplacés palestiniens. Les enfants, les personnes âgées et les handicapés sont les plus touchés. Ils souffrent de troubles dus aux évènements traumatisants. Mais suite à une étude établie par l’Unrwa, « il faut encore 12, 7 millions de dollars pour répondre aux divers besoins des réfugiés », a déclaré Hoda Samra, attachée de presse auprès de l’Agence onusienne, ajoutant que cette somme permettra de couvrir les urgences jusqu’au 31 août prochain. D’autre part, compte tenu des services d’approvisionnement en eau et en électricité qui peinent à faire face à l’afflux massif des réfugiés et de la promiscuité insoutenable dans laquelle ils vivent, l’Agence onusienne envisage la possibilité de construire des logements temporaires (rub hall) à la lisière du camp de Beddawi, d’installer des groupes électrogènes, ainsi que des douches, des toilettes et des réservoirs d’eau potable, révèle encore Samra, soulignant que le projet n’est pas pour plaire à certains Palestiniens qui se déclarent contre cette proposition. Ils craignent qu’elle ne réduise leurs chances de retourner chez eux. Entre-temps, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) axe principalement son action sur le camp de Nahr el-Bared où se trouvent encore « entre 3 000 et 7 000 civils », mais « il est difficile de donner un chiffre correct », révèle la porte-parole du Comité, Virginia de la Guardia. Elle a indiqué que jeudi dernier, l’organisation internationale, qui travaille en étroite collaboration avec l’Unrwa, le Croissant-Rouge et la Croix-Rouge libanaise, a livré 37 tonnes de nourriture, 12 000 litres d’eau, 800 kits d’hygiène, cinq tonnes de pain et, l’électricité étant coupée depuis les premiers jours des combats, 44 000 bougies. Les secours ont été acheminés sur les lieux du conflit par le Croissant-Rouge palestinien qui est la seule organisation humanitaire à être admise à l’intérieur du camp. Depuis dimanche, celle-ci a pu évacuer et transporter jusqu’aux ambulances du CICR, stoppées aux abords du camps, 72 femmes, enfants et vieillards. D’un autre côté, et à quelque huit kilomètres de Nahr el-Bared, les ingénieurs du CICR ont installé le générateur qui doit permettre le pompage d’eau à partir du puits de Nabi Yousha. L’eau du puits sera acheminée par camion à Nahr el-Bared et remplacera les livraisons d’eau en bouteille dès que les conditions de sécurité le permettront. Des colis de vivres, des articles d’hygiène et des couvertures ont été également distribués aux personnes déplacées qui ont trouvé refuge dans les camps à Saïda, à Tyr, dans la Békaa ou dans des habitations privées au Akkar. May MAKAREM

La Commission européenne déjà très engagée dans l’aide humanitaire a un atout de taille : « la capacité de mobiliser rapidement des ressources sans passer par les rouages administratifs qui retardent toute initiative en temps de crise », explique Alain Robyns, responsable du Bureau d’aide humanitaire de la Commission (ECHO) à Beyrouth. Aussi, dès le début des combats opposant...