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Éclairage - Continuité française au Liban avec le tandem Sarkozy-Kouchner L’initiative de Lahoud accueillie avec scepticisme dans les milieux diplomatiques Élie FAYAD

L’initiative lancée par le président de la République, Émile Lahoud, lors de sa récente visite à Bkerké, est accueillie avec beaucoup de scepticisme dans les milieux diplomatiques. M. Lahoud avait notamment évoqué la formation d’un gouvernement d’union nationale de six ministres, suivie de la levée du sit-in de l’opposition dans le centre-ville de Beyrouth. Une source diplomatique européenne souligne qu’il faut être très dubitatif face au plan du chef de l’État. Pour cette source, il s’agit, à n’en pas douter, d’un nouveau maillon de la stratégie tous azimuts destinée à mettre des embûches devant l’adoption du tribunal international. La résolution 1757, adoptée mercredi par le Conseil de sécurité et portant création du tribunal, prévoit une période de grâce d’une dizaine de jours avant l’entrée en vigueur du texte. La communauté internationale a voulu ainsi accorder une dernière chance à l’« option libanaise », c’est-à-dire à la création du tribunal conformément aux règles constitutionnelles libanaises. Or pour cela, il faut réunir le Parlement et, la session ordinaire étant à présent close, il faudrait recourir à l’ouverture d’une session extraordinaire de la Chambre, une procédure qui exige l’accord du président de la République et du Premier ministre. Le gouvernement actuel étant jugé « illégitime » par le chef de l’État, ce dernier ne signerait de décret d’ouverture de la session extraordinaire que si un nouveau cabinet était formé. D’où l’initiative de M. Lahoud. Une initiative dont le succès paraît invraisemblable, comme le souligne la source diplomatique. D’autre part, relève ce diplomate, il ne faut pas se méprendre sur l’attitude du patriarche maronite. Ce n’est pas parce que le chef de l’État s’est exprimé sur le perron de Bkerké ou parce que le cardinal Sfeir s’est dit favorable au principe d’un cabinet d’union nationale qu’il faut en conclure que l’initiative était conjointe. La première qualité du patriarche Sfeir est la courtoisie, note cette même source. Il reçoit tout le monde, et si un visiteur veut s’exprimer sur le perron, il ne peut pas l’en empêcher. En fait, explique-t-elle, le chef de l’Église maronite a simplement décidé d’apaiser la relation avec Baabda pour la durée restante du mandat prorogé. Quoi qu’il en soit, un consensus préalable est nécessaire à la formation d’un nouveau gouvernement. Cela est-il possible dans l’étape actuelle ? S’agissant de l’élection présidentielle, aucune certitude ne paraît s’imposer pour le moment. Elle pourrait avoir lieu dans les délais, estime simplement la source. Celle-ci souligne toutefois qu’en cas de non-tenue du scrutin, l’option des deux gouvernements concomitants ne paraît pas sérieuse. Personne ne souhaite en arriver là, d’autant qu’un second gouvernement ne serait reconnu à l’extérieur que par la Syrie et l’Iran, souligne le diplomate, qui pense que le général Michel Aoun ne se prêtera pas à ce jeu-là. Quant aux chances d’élection du chef du CPL à la présidence, elles suscitent également son scepticisme. Même le Hezbollah ne paraît pas en faire son candidat. La source ne manque d’ailleurs pas d’ironiser quelque peu sur les différences entre les composantes de l’opposition. « Il n’y a rien de commun » entre elles. On peut imaginer que leurs réunions ne sont pas faciles. Pour ce qui est du tribunal international, le diplomate européen souligne que le vote du Conseil de sécurité est de nature à soulager certaines parties, même si elles ne veulent pas l’admettre. Mais la volonté de retarder les choses à l’ONU était claire. Au sujet des événements du Nord, la source réitère la position unie de la communauté internationale derrière le gouvernement libanais dans ce qu’il décidera. Fateh el-Islam est un groupe extrêmement dangereux, note-t-elle, en relevant que ses éléments étaient entrés par voie de terre au Liban. « Donc nous savons par où. » Le diplomate se montre très compréhensif à l’égard de l’action de l’armée libanaise. Certes, elle a une responsabilité et c’est à elle de voir ce qu’elle a à faire. Mais il faut attendre un peu. On ne peut pas tout lui demander, et trop vite. Les propositions de Larijani À propos des récentes propositions avancées par Ali Larijani, le principal négociateur iranien dans le dossier du nucléaire portant sur un règlement en quatre points de la crise libanaise sur la base d’un accord entre Paris et Téhéran, le diplomate européen en minimise quelque peu l’importance. Il s’agit d’idées intéressantes, certes, mais on ne peut pas dire qu’il existe un plan franco-iranien à cet égard. Cependant, il y a un dialogue régional avec Téhéran et ce dialogue se poursuit actuellement. Quant à la politique française au Liban, le diplomate en a souligné la continuité dans la force. L’accusation de personnalisation de la relation entre Paris et Beyrouth à l’époque de Jacques Chirac n’est plus de mise. Et pourtant, rien n’a changé. Bien au contraire, les constantes de la politique française sont respectées et poursuivies, comme en témoignent à la fois le message récemment adressé par le président Nicolas Sarkozy à Fouad Siniora et la visite marathon de son ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à Beyrouth. M. Sarkozy s’engage auprès de M. Siniora à être un « ardent défenseur de ces constantes ». Quant à M. Kouchner, il a pratiquement vu tout le monde au Liban (et ultérieurement le général Aoun à Paris), ce qui témoigne d’une volonté de dialoguer avec toutes les parties, y compris le Hezbollah, qui n’est pas considéré comme un « ennemi ». Sans oublier que Bernard Kouchner est un homme familier du Liban depuis des décennies et qui connaît bien les « dessous des cartes » dans ce pays. Pour le diplomate européen, il ne faut pas envisager l’avenir du Liban sous l’angle de l’optimisme ou du pessimisme. C’est dans la durée que les choses s’inscrivent. Il faut donc continuer à réussir la restauration de l’autorité de l’État libanais. Mais certes, on peut s’attendre à la poursuite des méthodes d’intimidation, des menaces et de la pression psychologique. « Redevenez esclaves et vous aurez la paix. C’est le message depuis 2005. Il n’y a rien de changé. »
L’initiative lancée par le président de la République, Émile Lahoud, lors de sa récente visite à Bkerké, est accueillie avec beaucoup de scepticisme dans les milieux diplomatiques.
M. Lahoud avait notamment évoqué la formation d’un gouvernement d’union nationale de six ministres, suivie de la levée du sit-in de l’opposition dans le centre-ville de Beyrouth.
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