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Actualités - REPORTAGE

REPORTAGE Les Marines fatigués de jouer les convoyeurs de fonds à Falloujah

« La dernière fois, ça devait être notre dernière fois et nous y revoilà .» À l’image de l’adjudant Steve Townsley, les Marines sont las de jouer les convoyeurs de fonds dans les rues de Falloujah et voudraient bien léguer totalement la tâche aux policiers irakiens. Sous le ciel étoilé de l’ancien bastion islamiste de la province d’al-Anbar (ouest de Bagdad), un poids lourd est stationné dans le désert, encerclé par six Humvees américains. À l’intérieur : 45 milliards de dinars irakiens (35 millions de dollars, 25 millions d’euros), représentant la paye pour six semaines de tous les fonctionnaires du district. Les Marines qui ont chargé, dans leur base, le camion de sacs de billets venus de Bagdad par hélicoptère, attendent les policiers irakiens avec qui ils partagent désormais la responsabilité du transfert. Mais ces derniers sont en retard. « Ailleurs, dans la province d’al-Anbar, nous livrons l’argent nous-mêmes, mais ici nous nous sommes dit : “Pourquoi ne pas utiliser les policiers irakiens ?” » explique le commandant Andrew Dietz, responsable adjoint en charge des affaires civiles pour le 6e régiment de Marines. Mais les Marines seraient plus qu’heureux d’en laisser la responsabilité totale aux Irakiens, afin de ne pas trop traîner la nuit dans les rues sombres et dangereuses de la ville. Les policiers de Falloujah, considérés comme proches de l’insurrection sunnite avant que l’armée américaine ne prenne la ville d’assaut en novembre 2004, ne sont toutefois pas encore considérés comme dignes de confiance. Soudain, au loin, les phares de six pick-up de police et d’une camionnette apparaissent. Les canons des fusils d’assaut sortent des fenêtres des véhicules, recouverts de tôles pour seul blindage. Affublés de casquettes de base-ball ou cachés sous des keffiehs ou des cagoules, par peur des représailles, les policiers mettent pied à terre. L’argent doit être acheminé à la banque publique Rafidain Bank, qui le redistribuera ensuite à tous les établissements du district. Les besoins de fonds des banques sont toujours connus à la dernière minute, rendant les convois d’argent indispensables pour que les fonctionnaires soient rétribués. Pour les Marines, les payer à temps permet de sauvegarder les minces services publics du district et d’éviter les désertions au profit de la rébellion. Une fois l’argent transféré dans leurs véhicules, les policiers démarrent en trombe, obligeant les Marines à pousser à fond leurs Humvees. « Notre boulot, c’est d’assurer la sécurité du transfert et d’être sûr que l’argent arrive bien là où il doit arriver », indique l’adjudant Steve Townsley alors que son véhicule entre dans le centre de Falloujah. « Ce n’est pas que nous ne faisons pas confiance aux policiers irakiens... » ajoute-t-il. La police irakienne prend un raccourci à travers le parking d’une mairie criblée de balles, dressée au cœur de la ville comme un Fort Alamo, et s’engage dans de sombres ruelles. Lorsque le convoi arrive à la banque, le déchargement peut commencer. Les policiers masqués à l’allure menaçante surveillent les carrefours environnants. Moins d’une demi-heure plus tard, le boulot est fini. Les coffres sont remplis pour un mois et demi, soulageant les Marines qui espèrent bien que c’était vraiment leur dernière fois. Mais c’est avant que Mohammad Fandy, le directeur de la banque Rafidain, ne leur annonce que les compensations pour les destructions commises lors de l’assaut trois ans plus tôt devraient bientôt arriver. « Ils vont bientôt envoyer 90 milliards de dinars (70 millions de dollars, 50 millions d’euros). Tenez-vous prêts », leur lance-t-il. Paul SCHEMM (AFP)
« La dernière fois, ça devait être notre dernière fois et nous y revoilà .» À l’image de l’adjudant Steve Townsley, les Marines sont las de jouer les convoyeurs de fonds dans les rues de Falloujah et voudraient bien léguer totalement la tâche aux policiers irakiens.
Sous le ciel étoilé de l’ancien bastion islamiste de la province d’al-Anbar (ouest de Bagdad), un...