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PÉTROLE Les « majors » contraintes de composer avec le nationalisme

Les « majors » pétrolières ont une longue expérience des vagues de nationalisme énergétique comme celles observées au Venezuela ou en Russie, qui apparaissent cycliquement quand les prix de l’or noir flambent, et face auxquelles elles n’ont d’autre choix que de se montrer conciliantes. « Depuis trois ou quatre ans, on voit réapparaître un certain nationalisme énergétique. Le mouvement n’est pas généralisé, on le voit en Russie et en Amérique latine », commente Philippe Chalmin, professeur d’économie et spécialiste des matières premières. Le président vénézuélien Hugo Chavez a pris cette semaine le contrôle des gisements pétroliers de la région de l’Orénoque, jusqu’alors exploités par sept multinationales, dont Total, Statoil, et ConocoPhillips. Son allié bolivien Evo Morales a entrepris de suivre une voie similaire. En Russie, le gouvernement veut aussi reprendre en main ses sous-sols. En décembre, le géant Gazprom a pris le contrôle du projet gazier Sakhaline 2, jusqu’alors mené par la major anglo-néerlandaise Shell et les japonais Mitsui et Mitsubishi. « La tendance au nationalisme se renforce avec les hausses de prix pétroliers car les producteurs veulent augmenter leurs revenus », souligne Jean-Marie Chevalier, directeur du centre de géopolitique de l’énergie à l’université Paris Dauphine. « Il est difficile de traîner un pays en justice, sous peine de mettre en danger de futures opportunités » pour les compagnies, « les entreprises sont obligées de trouver des arrangements », ajoute-t-il. Les « majors » se contentent donc en général de courber l’échine. « Les compagnies pétrolières sont toujours les invitées d’un pays », déclare ainsi sobrement Rainer Winzenried, porte-parole de Shell. « Un certain nombre de pays sont devenus plus agressifs », reconnaissait en mars Jean-Louis Schilansky, délégué général de l’Union française des industries pétrolières, s’empressant cependant d’ajouter qu’on « ne peut nier à ces pays le droit d’utiliser leurs ressources naturelles comme leur propriété ». À titre d’exemple, la Russie n’avait pas négocié à son avantage les contrats de concession dans les années 1990 et essaie depuis de se rattraper. En passant en force s’il le faut. « Il faut qu’il y ait un partage juste de la rente », reconnaît une porte-parole de Total, qui fait partie des sociétés qui exploitent le pétrole de l’Orénoque. Elle se refuse à évaluer l’impact financier de la nationalisation, affirmant qu’elle était « en négociations » avec le gouvernement vénézuélien. Mais Total n’a nulle intention de se retirer du pays. Les vagues de nationalisme ne sont pas nouvelles. « Les premières remontent aux années 30, en Bolivie et au Mexique, avec la création de la Pemex. Puis il y a eu toute une phase dans les années 60 et 70 » avec la création de la Sonatrach en Algérie, de la NIOC en Iran ou de la Saudi Aramco, rappelle M. Chalmin. Dans les années 90, quand les prix pétroliers sont tombés sous 10 dollars le baril, certains pays producteurs ont de nouveau fait appel aux opérateurs étrangers, avant de durcir leur politique avec la remontée des cours. « C’est un secteur risqué. Il faut faire avec si on veut en tirer les bénéfices », remarque un cadre d’un grand groupe international. « La meilleure stratégie est d’avoir un portefeuille suffisamment large pour ne pas dépendre d’un seul projet », juge M. Chalmin. Les compagnies tablent aussi sur le fait que, selon elles, les producteurs ne peuvent se passer de leur expertise technique en exploration offshore, raffinage, liquéfaction de gaz, ou commercialisation, car « les consommateurs ne se trouvent pas en majorité dans les pays producteurs », souligne Leo Drollas, du Centre pour Global Energy Studies.

Les « majors » pétrolières ont une longue expérience des vagues de nationalisme énergétique comme celles observées au Venezuela ou en Russie, qui apparaissent cycliquement quand les prix de l’or noir flambent, et face auxquelles elles n’ont d’autre choix que de se montrer conciliantes.
« Depuis trois ou quatre ans, on voit réapparaître un certain nationalisme énergétique. Le...