Rechercher
Rechercher

Actualités

PHOTOS - À la galerie de l’ABC (Achrafieh), les stars s’affichent jusqu’au 10 mai Avec Emanuele Scorcelletti, les étoiles ne sont plus filantes

À l’occasion du soixantième anniversaire du Festival de Cannes, une vingtaine de photos grand format, en noir et blanc, sont exposées à la galerie des grands magasins ABC, Achrafieh. Signées Emanuele Scorcelletti, elles plongent le regard dans l’intimité des stars. Une manière à lui de voir de l’autre côté du miroir. Il n’est pas seulement le photographe des stars, mais leur reflet. Attention ! Ne pas confondre avec le métier de paparazzi, véritable violeur d’intimité, à l’affût de scandales et de clichés irrespectueux. La passion de Scorcelletti pour le cinéma et la photographie fait de lui un œil clair et juste, prêt à offrir une image tout en émotions. Des instants magiques, pris au vif, où la star, trop longtemps habituée à être quelqu’un d’autre, redevient elle-même et se dévoile avec pudeur sous l’objectif de l’artiste. Semi-déesse, inclinant son corps en arrière et levant son bras vers le ciel ou encore scrutant son miroir, Sharon Stone, diva parmi les divas, ouvre le bal. Cette photo a été primée en 2003 par le World Press Photo. Dix-huit clichés plus loin, c’est toujours la même Stone qui referme le bal en tournant le dos à la fête. Chiara Mastroianni, elle, devient son père l’espace d’un instant. Nicole Kidman, la fragile foulant le sol de Cannes, Diane Kruger, véritable Hélène de Troie, ou Emmanuelle Béart, la mystérieuse. Autant de photos qui reflètent des expressions inédites. Il y a également ces portraits rapprochés de Jean Reno ou de Jack Nicholson qui font ressortir le côté fauve de ces acteurs, et Woody Allen, l’angoisse à l’état pur. Mais il y a aussi l’humour, comme ce Banderas adulé des femmes ou une Hilton (Paris) photographiée devant l’hôtel Miramar. Grâce à la grande connaissance de Scorcelletti en matière de cinéma, ses images parlent et racontent des histoires. C’est son « pocket kodak », offert par sa mère à l’âge de six ans, qui va déterminer la carrière du jeune Scorcelletti. Fasciné par le cinéma et le monde des stars, l’Italien du Nord, devenu étudiant à l’Institut national de cinématographie de Bruxelles, va vite rejoindre l’agence Gamma et se consacrer aux artistes. Il s’appliquera à mettre son art au service de l’émotion et du moment fugace qui passe, « comme une étincelle », dit-il. Il s’agit donc pour lui de savoir et de pouvoir captiver ces instants et les immortaliser. Illusion et réalité Depuis six ans qu’il est accrédité au festival le plus mythique d’Europe, à savoir celui de Cannes, l’auteur de l’ouvrage Quelques jours dans la vie de Sharon Stone, dont les droits d’auteur ont été entièrement versés à l’association Amfar, se rapproche des étoiles. Il les regarde de près, apprend à les connaître, respecte leur intimité, s’en éloigne quand il le faut, mais attend incessamment le moment propice. Lequel ? Quel est à son avis cet instant idéal pour prendre un cliché ? À l’instar du film Blow-up d’Antonioni, les images de Scorcelletti questionnent les rapports entre illusion et réel. Ce rapport est d’autant plus exacerbé qu’il s’agit de stars et de leur effet médiatique. Quand l’illusion disparaît pour laisser la place à la réalité et quand le « personnage » s’efface-t-il devant la personne humaine ? C’est dans cet instant infime et éphémère, dans cette duplicité de caractères que le photographe parvient à s’infiltrer. « J’interviens au moment convenu que je considère moi-même comme magique », avoue-t-il. Et de poursuivre : « Parfois il ne se passe rien. Je me résous donc à attendre tout en ne restant pas trop aux côtés du modèle choisi, à me tenir à distance car l’image serait alors trop factice et préparée. » La beauté d’une photo réside ainsi dans la surprise qu’elle offre en premier à son auteur. Et comme a dit un jour l’actrice Monica Bellucci : « En regardant les photos d’Emanuele Scorcelletti, on a l’impression d’y voir son âme. » Avis donc aux amateurs de photos et de cinéma : il faut s’attarder en regardant chaque image car elle révèle plus d’un secret. Il est cependant regrettable que l’affichage ne soit pas bien mis en évidence, noyé qu’il est dans le tumulte d’un centre commercial. L’exposition sera itinérante à partir du 10 mai. De Jounieh à Tripoli, en passant par Zahlé, Saïda, Baalbeck et Deir el-Qamar. Autant d’occasions pour aller voir le travail d’Emanuele Scorcelletti. Colette KHALAF
À l’occasion du soixantième anniversaire du Festival de Cannes, une vingtaine de photos grand format, en noir et blanc, sont exposées à la galerie des grands magasins ABC, Achrafieh. Signées Emanuele Scorcelletti, elles plongent le regard dans l’intimité des stars. Une manière à lui de voir de l’autre côté du miroir.
Il n’est pas seulement le photographe des stars, mais leur...