Débat autour des vaccinations dans la « ceinture de la méningite »

La campagne de vaccinations contre la méningite menée dans l’urgence en Afrique réveille une vieille querelle de scientifiques, rapporte l’agence Destination santé. Peu convaincus par cette stratégie, des Français vantent les bénéfices de la prévention vaccinale par rapport à la vaccination ciblée en cours d’épidémie… C’est le cas de Jean-Philippe Chippaux, de l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Avec son équipe, il vient de démontrer qu’une « vaccination préventive permettrait d’éviter jusqu’à 72 % des cas lors de vagues d’infections ultérieures», a-t-il précisé. Le vaccin le plus utilisé présente deux inconvénients majeurs. L’immunité qu’il confère ne dépasse pas 3 à 5 ans et les campagnes doivent être régulièrement renouvelées, et son inefficacité chez les nourrissons. Son principal atout demeure son prix, les populations de la « ceinture de la méningite », du Sénégal à l’Éthiopie, comptant parmi les plus déshéritées. Pour Éric Bertherat, de l’Organisation mondiale de la santé, « cette immunité partielle et temporaire implique des efforts opérationnels incompatibles avec les moyens de ces pays. En revanche, en campagne de masse réactive et bien ciblée, ce vaccin est capable de stopper une épidémie ». Les parties se rejoignent sur un point : toutes attendent l’arrivée sur le marché d’un nouveau vaccin, prévue pour 2010. Comment faire d’ici là ? Il est en effet essentiel de pallier les délais à la mise en place des vaccinations ciblées, tout en assurant un fond de couverture vaccinale. Ancien directeur à l’OMS et président du Conseil scientifique de Destination Santé, le Dr André Prost souligne que « l’idéal pour le moment serait de combiner les deux stratégies, c’est-à-dire la vaccination préventive dans les pays où elle est possible et la constitution de stocks de vaccins en différents endroits, pour permettre la mise en place rapide de vaccinations d’urgence ».