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Actualités - OPINION

Le traité Beyrouth-Paris de 1936 « Quand il s’agit de l’armée française, je signe sans regarder » André SIOUFI

M. Jean Issa, dans son étude sur le parti Kataëb du 16 avril, impute à Léon Blum, président du Conseil français, le rejet du traité franco-libanais de 1936. Je me permets d’apporter sur cette question les précisions suivantes : 1 - La ratification de ce traité signé à Beyrouth le 13 novembre 1936 par Émile Eddé, président de la République libanaise, et le comte Damien de Martel, haut-commissaire de France, en présence de cheikh Béchara el-Khoury, chef de l’opposition, qui avait présidé le comité de négociations avec la partie française, était liée à celle du traité franco-syrien. Le second traité avait été paraphé en septembre 1936 à Paris, au Quai d’Orsay, à la suite de négociations entre Pierre Viénot, sous-secrétaire d’État au ministère français des Affaires étrangères, et une délégation du Bloc national syrien conduite par Hachem el-Atassi, futur président de la République, puis signé à Damas par le comte de Martel et le président du Conseil syrien le 22 décembre 1936. 2 - Le traité libanais prévoyait le maintien de la présence militaire française dans son intégralité, et Émile Eddé, qui était profondément convaincu que le Liban, petit pays situé dans une région du monde hautement instable, irait au-devant de tous les périls s’il devait cesser de bénéficier de la protection de la France, s’était écrié au moment d’apposer sa signature sur la convention militaire : « Quand il s’agit de l’armée française, je signe sans regarder. » 3 - À la différence du traité libanais, l’accord avec la Syrie limitait la présence militaire française à la possession de deux aérodromes cinq ans après la conclusion du traité. Il allait se heurter à la forte opposition de l’état-major français, le général Gamelin et l’amiral Darlan, estimant indispensable, en prévision du conflit qui se profilait à l’horizon, le maintien de toutes les forces françaises au Levant. 4 - De plus, les minorités alaouites et druzes réclamaient dans leurs régions respectives un statut d’autonomie. 5 - Au demeurant, Léon Blum était renversé en juin 1937 par le Sénat, hostile à sa politique économique. Camille Chantemps, du Parti radical, lui succéda. Blum revint au pouvoir pour un court laps de temps en mars 1938, avant d’être mis à nouveau en minorité au Sénat. 6 - Gabriel Puaux, le nouveau haut-commissaire qui succéda à de Martel en janvier 1939, écrit dans ses mémoires : « Deux années au Levant, 1939-1940 : À Paris, le Parlement hésitait à donner son approbation au traité avec Damas. Héritier du traité de M. Blum, le cabinet que présidait M. Daladier et dans lequel M. Georges Bonnet détenait le portefeuille des Affaires étrangères, s’était convaincu, pointage fait, que cet accord n’obtiendrait la majorité ni au palais Bourbon ni au Sénat, et il n’inclinait nullement à poser la question de confiance. » Puaux fut chargé de faire une enquête en Syrie. Au bout de quelques mois, il proposa d’accorder un statut d’autonomie aux alaouites et au Djebel druze, et de maintenir une présence militaire substantielle en Syrie. Le gouvernement de Damas rejeta ces propositions et le président Hachem el-Atassi démissionna le 8 juillet, ainsi que le Premier ministre. Le 9 juillet, Puaux prit des arrêtés, suspendant la Constitution et dissolvant le Parlement. Ainsi furent enterrés les deux traités de 1936. André SIOUFI Article paru le Mardi 01 Mai 2007
M. Jean Issa, dans son étude sur le parti Kataëb du 16 avril, impute à Léon Blum, président du Conseil français, le rejet du traité franco-libanais de 1936. Je me permets d’apporter sur cette question les précisions suivantes :
1 - La ratification de ce traité signé à Beyrouth le 13 novembre 1936 par Émile Eddé, président de la République libanaise, et le comte Damien de...