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Et le président de la République est… Khalil CHÉHADÉ

…Personne. Telle est la réponse à laquelle doivent s’attendre les Libanais. Car il est clair dès aujourd’hui que l’élection présidentielle libanaise n’aura pas lieu cette année. Pourquoi ? Parce que le président de l’Assemblée nationale, celui qui, d’après la Constitution, a la lourde responsabilité de fixer la date de ce scrutin, conserve par-devers lui, et cela depuis plusieurs mois déjà, les clés de la Chambre. La solution ? Ramener le serrurier syrien, comme ces quinze dernières années ? Jamais ! Cette fois, nous voulons un président « made in Lebanon », élu dans des conditions normales. Est-ce trop demander ? Oui, car il faut que le futur président soit en même temps dans le camp des 8-marsistes et des 14-marsistes. Il devra être à la fois pour et contre le désarmement du Hezbollah. Il devra être pour et contre la formation d’un tribunal international. Il devra être proche des Américains et des Syriens. Il devra être pour et contre l’application complète de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU. Il devra appliquer la résolution 1701 de minuit à midi et ne pas l’appliquer pendant les douze heures de la journée qui restent. Si ce président consensuel devait parler, il se contredirait sans cesse. Il devra donc se taire pendant six ans et s’assurer tous les jours d’être à égale distance de tous les partis. On propose donc aux Libanais, à la place d’un président, un résident au palais de Baabda pour six ans. Nous refusons. Il est primordial que le président soit élu au suffrage universel direct à deux tours, comme en France. C’est ainsi que les Libanais décideront eux-mêmes qui les gouvernera pour six ans. Aujourd’hui, cela n’est pas possible à cause du fameux confessionnalisme libanais. Ainsi, me diriez-vous que les chiites et les sunnites pourraient élire un président. Je vous réponds que je préfère que mon président soit élu par deux tiers des Libanais que par six d’entre eux : MM. Hariri, Berry, Joumblatt, Aoun, Geagea et sayyed Nasrallah. J’ajoute que ça s’appelle la démocratie, la vraie, pas celle que nous vivons au Liban. Car la démocratie au Liban ressemble aujourd’hui beaucoup plus à une « zaïmocratie » traditionnelle qu’à une démocratie moderne. La preuve ? La conférence du dialogue national qui a réuni autour d’une table ronde les chevaliers représentant les diverses confessions du pays. Ces 14 personnalités concentrent entre leurs mains tout le pouvoir au Liban. Elles confisquent l’opinion des Libanais et peuvent élire le président même si celui-ci n’est pas populaire, voire carrément inconnu du peuple. Faire une vraie élection présidentielle ne peut en aucun cas avoir pour scène l’Assemblée mais bien la rue, c’est-à-dire être organisée au suffrage universel direct. Les élections législatives, elles, ne peuvent se faire suivant la formule d’un député par circonscription, même si tout le monde semble d’accord, et cela pour deux raisons. La première : l’accord de Taëf. Celui-ci stipule, de manière on ne peut plus clair, que la circonscription doit être le mohafazat, et il est grand temps que cet accord soit respecté. La deuxième raison est que si Taëf impose le mohafazat, ce n’est pas pour rien. C’est parce que seul ce mode de scrutin – avec l’application de la proportionnelle bien évidemment – garantit des circonscriptions électorales variées au niveau confessionnel. Ainsi, pour être élu, un candidat aux législatives devra convaincre tout l’électorat et pas seulement celui de sa confession. Un druze d’Aley aurait besoin des voix de Kesrouan et inversement. Une telle loi électorale permettrait aux Libanais d’oublier les blessures d’hier et d’abolir pour de bon les frontières qu’on a voulu leur imposer depuis la guerre civile. Ces frontières, plus anciennes que le Liban lui-même et que les Libanais ont déclaré vouloir détruire le 14 mars 2005, existeraient plus que jamais dans une loi électorale retenant la petite circonscription. Si deux ou trois villages libanais devaient élire un député, il suffirait à un candidat de proposer quelques prestations ridicules à ces quelque 30 000 habitants : comme réparer quelques routes, faire quelques meetings. Les familles traditionnelles libanaises qui gouvernent depuis plus de 100 ans seraient donc avantagées par rapport aux jeunes partis modernes et variés qui sont nés de l’intifada de l’indépendance d’il y a deux ans. Les partis confessionnels et régionaux, comme on en a tant au Liban depuis toujours, qui ont 70 % des voix dans une dizaine de villages, seraient beaucoup plus avantagés par rapport aux partis modernes et non confessionnels qui ont, par exemple, 5 % des voix dans chaque communauté. La formule « un député par circonscription » serait la mort des quelques partis modernes libanais, voire de toute tentative de création d’un tel parti. Plus grave encore, cette formule consacrerait le régime fédéral confessionnel au détriment d’un régime moderne, comme le veut la Constitution. Les partis politiques seraient ainsi de plus en plus confessionnels et extrémistes dans la défense de leurs confessions respectives. Dans un immédiat relatif, l’élection présidentielle se profile à l’horizon. Deux possibilités : d’un côté, un président élu de façon démocratique et normale et, de l’autre, le vide, le néant. Khalil CHÉHADÉ Étudiant Article paru le Vendredi 27 Avril 2007
…Personne. Telle est la réponse à laquelle doivent s’attendre les Libanais. Car il est clair dès aujourd’hui que l’élection présidentielle libanaise n’aura pas lieu cette année. Pourquoi ? Parce que le président de l’Assemblée nationale, celui qui, d’après la Constitution, a la lourde responsabilité de fixer la date de ce scrutin, conserve par-devers lui, et cela depuis...