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Actualités

Le Liban, premier pays de la région à « implémenter » des recommandations professionnelles

Être un bon physiothérapeute ne suffit plus. Il s’agit à l’heure actuelle d’améliorer la qualité des soins. C’est le credo de Mlle Claude Maroun, physiothérapeute libanaise et directrice du département de physiothérapie à l’Hôpital américain de Beyrouth (AUBMC), qui met l’accent sur la nécessité « de changer nos conceptions et notre approche ancienne de la rééducation, en fonction des nouveaux résultats basés sur l’évidence scientifique dans le monde de la recherche ». Il est en fait important de distinguer entre trois volets essentiels dans l’évaluation de la qualité des soins dans un département de physiothérapie : les soins cliniques, la formation continue des physiothérapeutes et l’équipement du centre. Et c’est sur ce premier volet que Mlle Maroun a axé son intervention dans le cadre des travaux du congrès de l’OPTL, puisqu’il est le fruit d’un long travail assidu sur trois années consécutives. « Améliorer la qualité des soins offerts à l’AUBMC et inspirer confiance en notre pratique sont devenus nos objectifs majeurs, souligne Mlle Maroun. C’est dans cette optique que nous avons “implémenté” dans notre service des recommandations professionnelles internationales de haute qualité qui peuvent être facilement assimilées par notre équipe soignante. » Le Liban étant le seul pays au Moyen-Orient à avoir mis en place ce système, il fut invité en novembre 2006 à présenter son travail au congrès de la Confédération mondiale de physiothérapie, à Amsterdam. « Ces recommandations sont d’autant plus importantes qu’elles se basent toutes sur les résultats scientifiques des études récentes, explique Mlle Maroun. Privilégier une méthode au détriment d’une autre devient ainsi la résultante logique de notre démarche. » C’est ainsi que les fiches d’évaluation et les protocoles de rééducation, dits « Clinical Guidelines », ont été remis à jour au département de physiothérapie de l’AUBMC, la tendance actuelle, notamment à l’école américaine, étant le recours à des pratiques professionnelles basées sur des preuves d’efficacité. Ne pas craindre d’admettre ses points faibles Mais où se situe, à l’heure actuelle, le niveau des soins au Liban en comparaison avec ces recommandations professionnelles ? « Pour y répondre, une étude rétrospective a été réalisée par notre département à partir des dossiers des patients, explique Mlle Maroun. Comparant notre pratique aux recommandations professionnelles, nous avons alors constaté que nous utilisons les mêmes modalités de traitement recommandées, auxquelles nous ajoutons d’autres qui sont moins efficaces. Donc nous n’étions pas efficaces sur le plan de la gestion de la durée de la séance, ni de son coût. » Le but de cette comparaison étant de faire évoluer le standard de la qualité des soins prodigués en physiothérapie, « il ne faut pas avoir peur d’avouer ses erreurs, ni de voir en face ses points faibles », insiste-t-elle. Et Mlle Maroun d’expliquer que « c’est comme ça que nous avions appris à faire les choses, croyant offrir le meilleur à nos patients ». « Pour atteindre notre objectif, il est impératif de partager l’information en créant un espace d’échange entre les physiothérapeutes et les médecins », constate-t-elle. Un grand obstacle reste toutefois à franchir, celui de l’adaptation culturelle. « Quand une personne souffrant d’un mal de dos chronique, à titre d’exemple, est admise au centre, nous trouvons des difficultés à lui faire accepter notre plan de traitement, note Mlle Maroun. S’attendant à être soignée par des modalités analgésiques, telles que la chaleur, elle est confrontée à une nouvelle approche thérapeutique nécessitant sa participation au traitement. Les tendances actuelles en fait prônent, dans le cas de lombalgie chronique, des exercices de renforcement musculaire pour remédier au problème, les techniques passives, comme le massage ou autre, s’étant avérées inefficaces. » « Grâce aux explications fournies par les physiothérapeutes basées sur les recommandations professionnelles, le patient finissait par en être convaincu et respectait davantage notre démarche scientifique, poursuit Mlle Maroun. Il s’agit alors non seulement de lui assurer une haute qualité de soins, mais toute une éducation en regard de sa condition. » Assurer une formation continue aux physiothérapeutes Mlle Maroun insiste, par ailleurs, sur l’importance de la formation continue des physiothérapeutes travaillant au centre de l’AUBMC. Quelles sont les caractéristiques de ce programme d’éducation unique en son genre au Liban ? « Le physiothérapeute doit commencer par collecter à son actif des “unités” d’éducation, explique-t-elle. Pour ce faire, il doit présenter régulièrement des travaux de recherche devant un jury spécialisé. Les crédits lui sont accordés en fonction des notes obtenues. » Le travail qu’il expose doit toutefois être en relation avec sa spécialisation. « De plus, chaque physiothérapeute du centre doit être détendeur d’un mastère professionnel », insiste Mlle Maroun. Au programme d’éducation, s’ajoutent des réunions fréquentes dans le cadre du « Journal Club ». Le physiothérapeute est ainsi invité à partager une information nouvelle apprise grâce à l’analyse d’un article scientifique. Et Mlle Maroun de conclure : « Nous organisons des conférences portant sur la prévention et l’ergonomie visant à éduquer le personnel soignant ou administratif de l’AUBMC et de l’AUB. »
Être un bon physiothérapeute ne suffit plus. Il s’agit à l’heure actuelle d’améliorer la qualité des soins. C’est le credo de Mlle Claude Maroun, physiothérapeute libanaise et directrice du département de physiothérapie à l’Hôpital américain de Beyrouth (AUBMC), qui met l’accent sur la nécessité « de changer nos conceptions et notre approche ancienne de la...