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Actualités - CHRONOLOGIE

FINANCE La dépréciation du dollar face à l’euro laisse les Américains de marbre

La constante dépréciation du dollar face à l’euro et à la livre laisse de marbre les autorités américaines, qui voient surtout des avantages à cette situation et préfèrent concentrer leurs efforts sur les monnaies asiatiques. L’euro s’est rapproché mercredi dernier de son record historique de 1,3666 dollar. Quant à la livre, elle est au plus haut depuis 1981, à plus de 2 dollars. Pourtant le gouvernement américain n’a pas réagi à cette dépréciation. Lors du G7 Finances du week-end dernier, Washington aurait, selon les Européens, réaffirmé « qu’un dollar fort est dans l’intérêt des États-Unis ». Mais cela fait plusieurs mois maintenant que le secrétaire au Trésor Henry Paulson n’a pas réaffirmé cette politique en public. Non pas que ces déclarations soient déterminantes. « Ce n’est pas la rhétorique qui détermine la valeur des monnaies, mais les variables économiques », rappelle David Kotok de Cumberland Advisors. De plus la politique américaine est particulièrement ambiguë, l’affirmation d’une « politique du dollar fort » s’assortissant toujours de la nuance que « ce sont les marchés qui doivent fixer la valeur des monnaies ». Mais au moins, tant que les marchés entendaient ce refrain, ils savaient à quoi s’en tenir : c’était du langage codé pour dire que les Américains voulaient voir le dollar se déprécier en douceur. Pourquoi les USA se taisent aujourd’hui « Ils ne disent rien parce qu’ils ne sont pas extrêmement inquiets », affirme John Lonski de Moody’s Investors Service. « Le G7 a donné l’impression que les ministres des Finances approuvaient tacitement la poursuite de la baisse du dollar, et cette dépréciation va profiter à l’économie américaine », ajoute l’économiste. Cela se fait en partie aux dépens des autres monnaies. « Il fait peu de doute que l’euro est fortement surévalué, de 10 % au bas mot », estime Eric Chaney de Morgan Stanley. Un dollar faible a notamment pour effet de réduire le déficit commercial, en rendant plus attractifs les produits américains exportés et en incitant les Américains à acheter « made in USA ». Entre 1985 et 1995, lors de la précédente période de baisse du dollar, les États-Unis avaient divisé par deux leur déficit commercial, rappelle Patrick Artus de Natixis. Mais les effets risquent cette fois d’être plus limités. L’énorme déficit américain souffre des importations de pétrole (libellées en dollars) et de l’achat massif de produits importés de Chine (plus d’un tiers du déficit total en février). Or le taux de change du yuan est étroitement lié à celui du dollar. C’est ce qui explique que les Américains préfèrent concentrer leur énergie à obtenir des Chinois qu’ils lâchent du lest sur les taux de change, avec comme horizon lointain la libre fluctuation de leur monnaie. « Le déficit avec la Chine compte autant que le pétrole, ce qui fait que le taux de change yuan-dollar est aussi important que le prix du pétrole pour le déficit et les perspectives économiques », estime Peter Morici, professeur d’économie à l’université du Maryland. Le parcours du secrétaire au Trésor Henry Paulson infléchit aussi les priorités américaines : ce grand connaisseur de l’Asie et ami de la Chine a intensifié les consultations avec Pékin et il a fait des réformes du yuan une de ses priorités. Autre problème pour les Américains, « le yen est peut-être encore plus sous-évalué que le yuan face au dollar », note M. Morici. Mais laisser filer le taux de change du dollar comporte aussi des risques, avertissent les analystes, notamment celui d’importer de l’inflation du fait du renchérissement des produits achetés à l’étranger. « Cela aide les exportations, mais cela fait aussi augmenter l’inflation », souligne M. Kotok.
La constante dépréciation du dollar face à l’euro et à la livre laisse de marbre les autorités américaines, qui voient surtout des avantages à cette situation et préfèrent concentrer leurs efforts sur les monnaies asiatiques.
L’euro s’est rapproché mercredi dernier de son record historique de 1,3666 dollar. Quant à la livre, elle est au plus haut depuis 1981, à plus de 2...