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Éviter les traquenards de l’histoire Salim F. DAHDAH

Le sommet arabe de la « solidarité » qui s’est terminé il y a quelques semaines n’a accouché que d’une souris, malgré toute la diligence et la bonne foi du pays hôte, le royaume d’Arabie saoudite, principal promoteur de cet événement. Cette puissance sunnite importante a réussi en effet, à cette occasion, à récupérer son leadership, occulté depuis quelques années pour des raisons diverses et dont il serait trop long de parler, d’autant plus qu’il est hors du sujet de cet article. Malgré cela, l’histoire se devra de reconnaître le rôle phare qu’a joué le roi Abdallah ben Abdel Aziz pour ce grand retour. Le taire serait injuste et ingrat. Mais comment aujourd’hui le citoyen libanais évalue-t-il les résultats de cette réunion ? Est-ce que les débats et les résolutions prises ont eu l’impact attendu pour assurer un dénouement de la crise libanaise ? Sinon, quelle leçon doit-on en tirer ? La course folle entreprise par l’ambassadeur du pays hôte de cet événement, tout au long des semaines qui l’ont précédé, pour essayer d’aboutir à un plan de règlement de la crise libanaise en vue de le finaliser durant le sommet arabe de Ryad, le tapage médiatique qui avait fait suite à la réunion irano-saoudienne tenue quelque temps avant le sommet, ainsi que le sommet lui-même ont malheureusement déçu et inquiété les 60 % des citoyens libanais qui n’appartiennent plus actuellement à l’un ou à l’autre des deux camps antagonistes, mais qui sont malheureusement incapables de faire entendre leurs voix sur l’échiquier politique (cette proportion a été récemment rapportée par un sondage d’opinion apparemment digne de foi). Face donc à l’absence, après ces deux réunions, de solutions visibles à courte échéance et la relance de « tirs nourris » entre les principaux protagonistes, les citoyens et les observateurs politiques s’inquiètent, d’autant plus que des informations au sujet de l’arrivée d’armes destinées à la population sont rapportées par les médias de tous bords, comme si le sort s’acharnait et se préparait à frapper de nouveau ouvrant ainsi la voie à des paris les plus fous sur l’avenir de la République. Le discours de sayyed Hassan Nasrallah du dimanche 8 avril est peut-être venu confirmer ces appréhensions et étayer une argumentation longtemps perçue mais jamais confirmée durant les trente-trois années de guerre et de tutelle étrangère. Est-ce que ce pays continuera à exister conformément à sa structure constitutionnelle de 1943 et au document de Taëf, ou s’achemine-t-on dans un premier temps et grâce à la grave crise interne – habilement entretenue par des décideurs régionaux et internationaux –, vers une solution provisoire et séquentielle de ce déchirement, au travers d’une large décentralisation qui doit préparer ensuite, après la fin du conflit israélo-arabe et la consécration définitive de la récente structure fédérale irakienne, l’établissement d’une confédération régionale entre les pays qui forment aujourd’hui la « ceinture des minorités » parsemées dans une géographie qui s’étend tout au long de la partie septentrionale de la mer Méditerranée, entre la Turquie et Israël ? Tous les événements qui se succèdent au Moyen-Orient depuis 1967, pour ne pas dire 1949, et les différentes étapes de leur déroulement, ainsi que les faits qui les ont marqués permettent de croire à une telle éventualité, même si cette réflexion pourrait paraître aberrante pour un observateur politique cartésien et objectif. Mais la « real » politique a des raisons que la raison ne comprend pas. En conclusion et à la lumière de la prise de conscience par chaque citoyen libanais de son univers quotidien actuel au sein de la nation, et nonobstant ses choix politiques personnels et les raisons qui ont amené toute la gent politique locale ou régionale à évoluer vers une nouvelle géopolitique, la question essentielle qui vient à l’esprit porte sur le devenir de « l’identité nationale constitutionnelle » ? Serait-on au début d’un processus prémédité de désintégration et de démantèlement de son contenu actuel ? Si tel est le cas, en prendre conscience est un pas important pour préparer l’avenir. Au lieu de baisser les bras, il faudrait mettre en place des stratégies de substitution et se dire : si les Libanais n’ont pas pu lutter davantage contre la « fatalité », qui les a menés à cette nouvelle configuration, il faudrait peut-être réfléchir en imaginant, à travers le scénario sus-indiqué, les moyens d’adopter une nouvelle « identité » qui, tout en répondant aux objectifs que les circonstances régionales lui imposeront, intégrera ses constantes spécifiques et historiques qui font sa singularité dans un environnement régional en constante mutation. Prévoir sur un plan individuel, c’est guérir ; anticiper sur un plan national, c’est orienter le destin de la République en lui évitant les traquenards de l’histoire. Salim F. DAHDAH Conseiller en stratégie et en relations publiques Article paru le Vendredi 20 Avril 2007
Le sommet arabe de la « solidarité » qui s’est terminé il y a quelques semaines n’a accouché que d’une souris, malgré toute la diligence et la bonne foi du pays hôte, le royaume d’Arabie saoudite, principal promoteur de cet événement. Cette puissance sunnite importante a réussi en effet, à cette occasion, à récupérer son leadership, occulté depuis quelques années pour des...