La Russie et Israël réaffirment la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter d’armes nucléaires Moscou s’élève contre des manœuvres de l’armée iranienne près de Bouchehr

La Russie a fait part de sa « perplexité » hier après les exercices de défense antiaérienne effectués par l’armée iranienne près de la centrale nucléaire de Bouchehr, qu’une société russe construit dans le sud de l’Iran. «Le 6 avril, les forces de défense antiaériennes iraniennes ont effectué des exercices d’artillerie à proximité immédiate de la centrale en construction sans en informer ni l’ambassade de Russie à Téhéran ni la direction du chantier », a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Mikhaïl Kamynine, cité par l’agence Interfax. « Dans ce contexte, l’ambassade russe a exprimé sa perplexité et demandé d’informer au préalable à l’avenir les spécialistes russes à Bouchehr de ce genre d’événements », a-t-il ajouté. L’armée iranienne a effectué ces exercices à cinq heures du matin près du chantier de Bouchehr et de la cité où vivent les ingénieurs russes et leurs familles, a affirmé le porte-parole de Rosatom, Sergueï Kirienko, dans le quotidien russe Kommersant. « Ce genre d’exercices militaires attisent la tension autour du chantier », a-t-il ajouté, cité par l’agence Ria Novosti. La société russe Atomstroïexport construit la centrale de Bouchehr pour environ un milliard de dollars. Ce projet inquiète les Américains, ces derniers soupçonnant l’Iran de poursuivre des buts militaires derrière leur programme nucléaire civil. L’achèvement de la centrale, prévu pour septembre 2007, a pris du retard, la Russie ayant invoqué des problèmes de paiement côté iranien, ce que Téhéran réfute. La Russie a livré récemment à l’Iran 29 systèmes de missiles sol-air TOR-M1, destinés à défendre des sites gouvernementaux et militaires ainsi que des installations nucléaires, telle la centrale de Bouchehr. Parallèlement, le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Igor Ivanov, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, ont réaffirmé hier leur convergence de vues sur la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter d’armes nucléaires, a indiqué une responsable israélienne. « MM. Olmert et Ivanov ont réaffirmé qu’Israël et la Russie sont opposés à ce que l’Iran se dote d’armes nucléaires », a déclaré à l’AFP Miri Eisin, porte-parole de M. Olmert. « La visite de M. Ivanov s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations entre les Conseils de sécurité russe et israélien », a-t-elle ajouté. La Russie entretient des relations diplomatiques et économiques étroites avec l’Iran, mais a soutenu les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre la République islamique d’Iran imposées en décembre dernier. De son côté, l’Iran a rejeté hier les doutes exprimés par certains pays et experts sur les avancées dans son programme d’enrichissement d’uranium. « Il y a un an, lorsque nous avions annoncé la mise en route d’une cascade de 164 centrifugeuses, pendant un mois ou deux, des doutes ont été exprimés jusqu’à ce que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) confirme nos progrès », a déclaré Mohammad Saïdi, vice-président de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique. Cité par la télévision d’État, il a ajouté que deux inspecteurs de l’AIEA, arrivés mardi à Téhéran, devaient se rendre « dans les prochains jours dans les installations de Natanz ». De son côté, l’ambassadeur américain aux Nations unies Alejandro Wolff a prévenu mardi que les dernières affirmations de l’Iran sur son programme nucléaire pourraient pousser le Conseil de sécurité à décider de nouvelles sanctions. Il a toutefois précisé qu’aucune action ne serait entreprise avant que les inspecteurs de l’AIEA n’eurent rendu leur rapport, prévu pour la fin du mois de mai. Lundi, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé que son pays était désormais capable d’enrichir de l’uranium au niveau industriel, donc exploitable pour alimenter des réacteurs nucléaires mais aussi pour fabriquer des armes atomiques.