Un exemple pour illustrer ce propos : la vente à crédit des voitures particulières, qui a vu une croissance phénoménale ces dernières années au Liban. Tout le monde y trouve son compte : les concessionnaires vendent plus, les banques et les compagnies d’assurance font plus d’argent, et le client n’a plus à débourser le tout d’un coup (d’ailleurs s’il le voulait, il ne le pourrait probablement pas). Et en dernière analyse, la consommation des ménages, composante essentielle...
Actualités - OPINION
TRIBUNE Intérêts (très) composés Par Nohad BAROUDI*
Par BAROUDI Nohad , le 06 avril 2007 à 00h00
On ne dira jamais assez les vertus du capitalisme, et le rôle joué par le système bancaire dans la quête de toute société capitaliste vers le bien-être économique et social. Encore faut-il qu’on ne tombe pas dans le capitalisme sauvage, et les banques se doivent de se conformer à une certaine déontologie pour en éviter les dérives.
Un exemple pour illustrer ce propos : la vente à crédit des voitures particulières, qui a vu une croissance phénoménale ces dernières années au Liban. Tout le monde y trouve son compte : les concessionnaires vendent plus, les banques et les compagnies d’assurance font plus d’argent, et le client n’a plus à débourser le tout d’un coup (d’ailleurs s’il le voulait, il ne le pourrait probablement pas). Et en dernière analyse, la consommation des ménages, composante essentielle du revenu national et donc facteur important de croissance économique, se porte mieux.
Une question se pose cependant, relevant autant de l’éthique que de la finance : le client connaît-il vraiment le coût financier de son achat ?
Démontons le processus.
Vous payez votre voiture sur 5 ans. Vos traites sont domiciliées dans une des plus grandes banques de la place. Vous bénéficiez en plus d’une police assurance contractée auprès d’une grande compagnie (filiale de la banque prêteuse, c’est normal, non ?). Le taux d’intérêt ? Très raisonnable : 4,9 % par an ! Les conditions vous paraissent avantageuses. Vous accrochez !!
Faisons le vrai calcul maintenant, et ceci sur la base d’un cas réel vécu (avec chiffres en dollars, mais arrondis pour simplifier) :
Prix de la voiture : 30 000
+ Frais d’enregistrement : 2 000
- Votre « down payment »: 10 000
= Vous empruntez : 22 000
+ Police d’assurance sur 5 ans : 4 500
= Total : 26 500
+ Intérêts (4,9 % x 5 = 24,5 %) : 6 500
= Total avec intérêts : 33 000
(Je ne compte pas les frais de dossier, qui sont minimes, mais ils existent bel et bien et sont à ajouter au total ci-dessus.)
Donc votre paiement à la fin de chaque mois pour les 60 prochains mois est de 33 000 $ divisés par 60, soit 550 $.
« On » oublie tout simplement que ce calcul serait vrai si vous remboursiez la totalité des 26 500 $ seulement à la fin des 5 années (puisque les intérêts sont calculés sur tout ce total pour 5 ans), alors qu’on vous demande de payer 550 $ tous les mois à partir du mois prochain. On oublie également qu’on vous impose une police d’assurance au prix fort et payable d’avance sur 5 ans qui grève votre prêt de plus de 20 %.
Votre coût financier dans l’achat de votre véhicule ? L’établissement financier qui vous prête la somme qui vous manque pour acquérir votre voiture, c’est-à-dire 22 000 $, et qui vous demande de payer 550 $ par mois sur 5 ans, vous charge en réalité un taux d’intérêt composé de... 18,6 % par an !!! Simple calcul arithmétique à la portée de n’importe quel élève de terminale. Nous sommes très très loin des 4,9 % annoncés.
Cette pratique sévit depuis plusieurs années déjà au Liban. J’en parle aujourd’hui car elle s’est étendue récemment à un autre secteur. En effet, certaines banques de la place proposent ces temps-ci des fonds d’investissement spécialement destinés aux petits épargnants qui rapportent en apparence un rendement assez coquet pour des dépôts bloqués sur une longue période (6 à 10 ans). Avec, bien sûr, la cerise sur le gâteau : une possible plus-value sur capital, qui dépend évidemment des aléas de la Bourse mondiale. En réalité, le taux d’intérêt annoncé, par exemple 6,25 % sur 8 ans, rapporte bien 50 % au bout de la période puisque 6,25 x 8 = 50. Ce qui n’est pas précisé par contre, c’est qu’il suffit de placer le même capital sur la même période dans n’importe quelle banque à... 5,2 % par an (et non 6,25 %) pour avoir 50 % au bout de 8 ans. Car l’intérêt non retiré par l’épargnant au bout de la première année rapporte lui-même de l’intérêt pour la deuxième année et ainsi de suite. Arithmétiquement cela donne (1,052)8 = 1,50 et cela s’appelle l’intérêt composé...
Vous avez dit « marketing » ?
* Ancien secrétaire général du CDR.
On ne dira jamais assez les vertus du capitalisme, et le rôle joué par le système bancaire dans la quête de toute société capitaliste vers le bien-être économique et social. Encore faut-il qu’on ne tombe pas dans le capitalisme sauvage, et les banques se doivent de se conformer à une certaine déontologie pour en éviter les dérives.
Un exemple pour illustrer ce propos : la vente à crédit des voitures particulières, qui a vu une croissance phénoménale ces dernières années au Liban. Tout le monde y trouve son compte : les concessionnaires vendent plus, les banques et les compagnies d’assurance font plus d’argent, et le client n’a plus à débourser le tout d’un coup (d’ailleurs s’il le voulait, il ne le pourrait probablement pas). Et en dernière analyse, la consommation des ménages, composante essentielle...
Un exemple pour illustrer ce propos : la vente à crédit des voitures particulières, qui a vu une croissance phénoménale ces dernières années au Liban. Tout le monde y trouve son compte : les concessionnaires vendent plus, les banques et les compagnies d’assurance font plus d’argent, et le client n’a plus à débourser le tout d’un coup (d’ailleurs s’il le voulait, il ne le pourrait probablement pas). Et en dernière analyse, la consommation des ménages, composante essentielle...
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