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Actualités - ANALYSE

Éclairage - USA La démocratie, grande perdante du nouveau réalisme de l’Administration Bush

Les idéaux démocratiques que l’Administration Bush affirme défendre sont en réalité victimes du nouveau réalisme manifesté ces dernières semaines par Washington, que ce soit au Moyen-Orient, en Colombie ou dans le Caucase, selon de nombreux experts. Dans son discours sur l’état de l’Union fin janvier, le président George W. Bush a réaffirmé sa volonté de poursuivre sa stratégie controversée de promotion de la démocratie au Proche-Orient, qu’il considère comme un élément essentiel du « combat idéologique » contre les terroristes. La secrétaire d’État américaine, Condoleezza Rice, a encore exprimé ses « inquiétudes » cette semaine en Égypte, à la veille d’un référendum constitutionnel précipité qui a été largement boudé par la population et dénoncé par les juges chargés de le superviser comme entaché d’irrégularités. Mais au-delà de ces déclarations de principe, la démocratie est victime de la guerre en Irak, qui a conduit Washington à pratiquer une diplomatie que les experts qualifient de « réaliste », contrairement à celle du premier mandat de M. Bush, jugée « idéaliste ». « L’échec de la politique américaine en Irak fournit aux régimes autocratiques du Proche-Orient une accalmie sur le front de la démocratisation, tant qu’ils se positionnent clairement du côté de Washington dans sa confrontation latente avec l’Iran, la Syrie et les islamistes chiites », estime Marina Ottaway, du Carnegie Endowment for International Peace. « Les nobles idéaux de la promotion de la démocratie trouvent encore leur chemin dans les discours de l’Administration, mais quand il s’agit de politique, les ennemis des ennemis de l’Amérique sont ses amis », ajoute cette analyste dans la dernière livraison du magazine spécialisé Foreign Policy, publication du Council on Foreign Relations. Mme Ottaway cite l’Égypte et l’Arabie saoudite comme les principaux bénéficiaires de cette nouvelle tendance, notant que Mme Rice les qualifie fréquemment de pays « modérés ». Pour Thomas Carothers, un autre expert du Carnegie Endowment, les dictateurs du monde ont lancé une contre-attaque contre les principes démocratiques, en les présentant ostensiblement comme une nouvelle manifestation de l’impérialisme américain. « De plus, les dégâts causés par l’Administration Bush à l’image dans le monde des États-Unis comme symbole de la démocratie et des droits de l’homme, en violant la loi de façon répétée dans le pays et à l’étranger, ont encore affaibli la légitimité de la promotion de la démocratie », indique-t-il dans la dernière livraison de la revue Foreign Affairs, publication du Carnegie Endowment. L’Égypte et l’Arabie saoudite ne sont pas les seuls pays à continuer à bénéficier du soutien des États-Unis, malgré leur surdité aux appels aux réformes démocratiques. Le président pakistanais Pervez Musharraf, qui vient de limoger le président de la Cour suprême, trop critique à l’égard du pouvoir, a reçu récemment un soutien appuyé du vice-président Dick Cheney. L’Azerbaïdjan, dirigé d’une main de fer par le président Ilham Aliev, qui a succédé en 2003 à son père, a signé la semaine dernière avec les États-Unis un protocole d’accord de coopération énergétique. En Colombie, allié le plus solide des États-Unis en Amérique latine, l’Administration Bush est satisfaite des efforts du président Alvaro Uribe pour rétablir l’ordre sur tout le territoire et combattre le narco-terrorisme, en dépit du scandale des liens entre de hauts responsables gouvernementaux et des paramilitaires d’extrême droite. Sylvie LANTEAUME (AFP)

Les idéaux démocratiques que l’Administration Bush affirme défendre sont en réalité victimes du nouveau réalisme manifesté ces dernières semaines par Washington, que ce soit au Moyen-Orient, en Colombie ou dans le Caucase, selon de nombreux experts.
Dans son discours sur l’état de l’Union fin janvier, le président George W. Bush a réaffirmé sa volonté de...