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Actualités - OPINION

Quatre ans après, Bagdad brûle toujours Rania MASSOUD

Quatre ans après le déclenchement de la guerre américaine contre l’Irak, l’on se demande toujours si la décision de George W. Bush était la bonne. Depuis la date fatidique du 20 mars 2003 jusqu’à ce jour, rares sont les « bonnes » nouvelles qui nous parviennent de Bagdad. Il y a certes eu la chute d’un régime dictatorial, la capture de Saddam Hussein, la tenue d’élections démocratiques et libres et surtout la mort du chef de la branche irakienne d’el-Qaëda, Abou Moussab al-Zarkawi. Mais la liste semble relativement courte face à l’ampleur de la catastrophe humanitaire et des carnages confessionnels qui font désormais le quotidien de ce pays. Entre 100 000 et 150 000 civils irakiens auraient trouvé la mort depuis le début de la guerre. Ces estimations effrayantes ont été dévoilées en novembre 2006 par le ministère irakien de la Santé. Pour la seule année 2006, plus de 34 000 personnes ont été tuées. Un rapport du Pentagone, récemment publié, indique que les attaques meurtrières en Irak ont atteint leur pic fin 2006. L’ONU estime qu’en moyenne près de 100 Irakiens sont tués chaque jour. En un mot comme en mille, l’Irak est plus que jamais livré à la violence et au chaos. Dans l’ouest et le nord du pays, el-Qaëda poursuit son insurrection brutale contre le gouvernement irakien et les forces américaines, tandis que dans le sud, les milices chiites rivalisent pour le contrôle des régions et des ressources pétrolières. La guerre a également poussé des millions d’Irakiens à quitter leurs foyers pour se réfugier dans des pays voisins comme la Syrie, la Jordanie et le Liban. En quatre ans, l’UNHCR a enregistré plus de 4 millions de déplacés. Ce chiffre représente le plus grand déplacement de personnes au Moyen-Orient depuis la crise palestinienne de 1948. La situation sécuritaire en Irak s’est tellement détériorée ces dernières années que les médias internationaux n’hésitent pas à utiliser le terme de « guerre civile ». Dans son dernier rapport, le Pentagone a cependant jugé que ce terme ne permet pas de saisir la complexité du conflit, qui inclut des violences confessionnelles mais aussi des attaques contre les forces de la coalition. Pour Washington, comme la majorité des attaques vise principalement les forces de la coalition, il n’est donc pas question de « guerre civile » en Irak. Mais comment alors expliquer les centaines d’attentats confessionnels contre des marchés populaires ou des mosquées dans des régions majoritairement chiites ? Comment expliquer les attaques contre les places publiques, les universités et les hôpitaux ? Désormais, plus aucune des nouvelles qui nous parviennent d’Irak – aussi scandaleuse qu’elle soit – ne nous surprendra. Même les ambulances ont été piégées. L’ONU parle de « torture généralisée » en Irak. Par ailleurs, aux États-Unis, un quart des soldats américains soignés à leur retour d’Irak souffrent de troubles mentaux. Une étude américaine récente établit que plus de 55 % des soldats diagnostiqués présentent plus d’une maladie mentale. Face à ces données alarmantes, le président américain ne recule pourtant pas et décide d’envoyer 25 000 soldats supplémentaires en Irak. Les forces américaines qui ont perdu plus de 3 000 de leurs membres depuis 2003 devraient compter 160 000 soldats d’ici à juin. Vendredi dernier, le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a déclaré que la guerre en Irak a « brisé l’image de l’Amérique » tout en soulignant « qu’aucun pays ne peut aujourd’hui imposer seul un nouvel ordre mondial ». Avec le déclenchement de la guerre contre le régime baassiste irakien, non seulement le « rêve américain » a été brisé, mais les États-Unis ont également perdu le respect de nombreux Arabes, Européens, Asiatiques et – même – Américains qui ont manifesté par centaines de milliers le week-end dernier à Washington, New York, Séoul, Tokyo, Ankara et Athènes pour réclamer la fin de la guerre.
Quatre ans après le déclenchement de la guerre américaine contre l’Irak, l’on se demande toujours si la décision de George W. Bush était la bonne. Depuis la date fatidique du 20 mars 2003 jusqu’à ce jour, rares sont les « bonnes » nouvelles qui nous parviennent de Bagdad. Il y a certes eu la chute d’un régime dictatorial, la capture de Saddam Hussein, la tenue d’élections...