Rechercher
Rechercher

Actualités

Brassaï et Rondeau réunis à Berlin : double hommage à la photo française

Les coulisses des musées, aussi mystérieuses et poétiques que des scènes de la nuit parisienne: le photographe contemporain français Gérard Rondeau côtoie depuis samedi et jusqu’à fin mai Brassaï au Martin-Gropius-Bau de Berlin, dans un double hommage à la photographie française. Quels sont les liens entre ces deux photographes que rien ne prédestinait à être l’un à côté de l’autre? Peut-être que leurs photos racontent des histoires, peut-être aussi l’attachement au mystère. Gérard Rondeau montre, d’une part, une partie de ses portraits publiés dans le quotidien Le Monde depuis 20 ans, de l’autre, Hors cadre, une collection déjà exposée au Grand Palais à Paris l’an dernier, qui laisse s’exprimer étrangement les tableaux au moment de leur accrochage. En face, une grande rétrospective de Brassaï, cet artiste d’origine hongroise ayant étudié à Berlin avant de s’établir à Paris et d’en devenir un des photographes les plus emblématiques. Sous l’œil de Brassaï, le moindre mur parisien, de nuit, luit de manière différente. La nuit change les relations. Des photos très ou peu connues voisinent. On est saisi par l’intensité sociale et la poésie poignante d’œuvres comme Dédé sous le Pont-Neuf, La bande du grand Albert, Le champ de courses de Longchamp ou La fête foraine place Saint-Jacques. Gérard Rondeau se sent modeste aux côtés de l’artiste mort en 1984: s’il y a des points communs, «c’est que c’est quelqu’un qui a toujours évité l’anecdote». Et il cite une phrase du sculpteur Rodin à propos d’une cathédrale, qui s’applique à eux deux: «J’attends la nuit pour rentrer à l’intérieur et comprendre.» Pour lui, un «exemple de perfection» de Brassaï est une photo, «La prison de la santé, au coin du boulevard Arago et de la rue de la Santé (1930): je peux l’avoir toute ma vie sous les yeux, elle ne livrera jamais totalement son mystère». Pour expliquer son approche dans sa collection Hors cadre, il cite aussi une phrase de Goethe, qui pourrait s’appliquer assez bien à Brassaï: «Il faut avoir une attitude humble devant le monde qui nous entoure et peu à peu les objets nous élèvent à leur hauteur.» Le photographe né en 1953 et originaire de Champagne, également grand reporter ayant travaillé avec Médecins du monde et qui a reçu le «Globe de cristal» décerné par 3000 journalistes en 2007, livre là une exposition méditative. Il explique ce qui l’a attiré en saisissant les œuvres à moitié emballées, de «guingois» sur le sol, derrière un échafaudage, avant qu’elles soient livrées au regard du public. «Vous êtes dans une grande salle vide d’un musée: qui est dans ce recoin? C’est le Cézanne qui vous appelle.» «J’ai saisi, dit-il, un peuple de sculptures et de peintures qui sont presque plus humaines que les personnes qui les manient, présentes de manière fugitive. Elles ont l’air d’être les spectatrices de notre monde qui ne va pas si bien que ça», dit Rondeau, qui a choisi de ne pas légender ses œuvres. Le photographe présente aussi ses portraits de personnalités des arts, de la pensée, de la littérature, de Pierre Soulages à Jim Jarmusch, de Roy Lichtenstein à Jacques Derrida, qui racontent des histoires de vie, des itinéraires de lutte avec la pensée. «Portraits, explique-t-il, jamais recadrés, toujours en lumière naturelle, avec aucun travail spécifique au tirage. J’aime saisir les gens chez eux, dans leur lumière, leur lumière leur correspond.» Rondeau travaille aujourd’hui à des projets d’expositions à New York, en Chine et au Japon. Jean-Louis DE LA VAISSIERE (AFP)
Les coulisses des musées, aussi mystérieuses et poétiques que des scènes de la nuit parisienne: le photographe contemporain français Gérard Rondeau côtoie depuis samedi et jusqu’à fin mai Brassaï au Martin-Gropius-Bau de Berlin, dans un double hommage à la photographie française.
Quels sont les liens entre ces deux photographes que rien ne prédestinait à être l’un à côté de...