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Actualités - OPINION

ÉCLAIRAGE Tolérance zéro contre la corruption et l’immoralité en politique au Liberia

Le Liberia d’Ellen Johnson Sirleaf, seule femme chef d’État en Afrique, semble déterminé dans sa lutte intransigeante contre la corruption et les comportements jugés immoraux, qui ont valu une mise en examen à un ancien président et une démission à un ministre en vue. Depuis son élection en novembre 2005, la « Dame de fer » libérienne a fait de ce combat le leitmotiv de son mandat, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest ravagé par une guerre civile (1989-2003) qui a fait environ 270 000 morts. Les dernières décisions des autorités confirment la tendance. Le prédécesseur d’Ellen Johnson Sirleaf, Gyude Bryant, qui a dirigé le Liberia de 2003 à 2006 pendant la transition qui a débouché sur des élections, a été mis en examen mardi pour corruption. Accusé de détournement de fonds publics, dont 375 000 dollars destinés aux anciens combattants, l’ex-président est la dernière d’une série de personnalités visées par un audit réalisé par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) sur la gestion des institutions de transition. L’ancien ministre des Finances Lusinee Kamara et son adjoint Tugbeh Doe ont ainsi été arrêtés puis libérés sous caution en décembre, et sont formellement inculpés pour « sabotage économique » et « pillage de fonds publics ». Mais la tolérance zéro ne s’arrête pas aux affaires de corruption. Impliqué dans un scandale après la publication dans la presse de photos le montrant au cours de rapports sexuels avec deux femmes non identifiées, le ministre d’État aux Affaires présidentielles Willis Knuckles n’a pas été sauvé par l’amitié qui le lie à la « Dame de fer ». « J’ai accepté (...) à regret la démission de mon directeur de cabinet, le ministre Willis Knuckles », a fait savoir mardi la présidente dans un communiqué. Pour elle, « bien qu’il ne soit pas illégal », le comportement de son collaborateur « est indécent et inopportun pour un haut fonctionnaire ». « La présidente a fait ce que tout dirigeant devrait faire (...). Elle a prouvé que personne n’est au-dessus de la loi, et ça, c’est très important », explique Jackson Speare, de l’ONG Fondation pour la dignité internationale. « Il faut créer un précédent dans ce pays. La corruption s’est inscrite à l’ordre du jour parce que les précédents gouvernements n’ont pas voulu la combattre », fait écho Mathew Boley, étudiant à l’université, saluant la capacité de la présidente Sirleaf à « redorer le blason international du Liberia ». Car la politique des nouvelles autorités commence à porter ses fruits. Lors d’une conférence à la mi-février à Washington, les bailleurs de fonds internationaux ont ainsi encouragé Monrovia a poursuivre dans la voie des réformes. Les États-Unis et l’Allemagne se sont mobilisés pour apurer la dette qui étrangle le Liberia, en s’engageant à abandonner leurs créances bilatérales sur ce pays pour plus de 600 millions de dollars. Mais le chemin sur la voie de la bonne gouvernance est encore long, a admis Ellen Johnson Sirleaf. « Il ne fait aucun doute que malgré notre engagement (...) à lutter contre la corruption, ce cancer est toujours profondément ancré en nous », a-t-elle estimé dans un récent discours à la nation. Et à ceux qui préféreraient passer l’éponge sur les malversations passées au nom de la paix et de la réconciliation, elle a opposé une fin de non-recevoir : « Nous ne pouvons pas faire autrement que traduire en justice les responsables des régimes d’hier qui ont violé d’une manière ou d’une autre la confiance publique », a-t-elle insisté. Zoom DOSSO (AFP)
Le Liberia d’Ellen Johnson Sirleaf, seule femme chef d’État en Afrique, semble déterminé dans sa lutte intransigeante contre la corruption et les comportements jugés immoraux, qui ont valu une mise en examen à un ancien président et une démission à un ministre en vue. Depuis son élection en novembre 2005, la « Dame de fer » libérienne a fait de ce combat le leitmotiv de son...